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Presquevoix...

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14 janvier 2010

L’apéritif du matin (gballand)

Elle s’était échouée dans ce café  parce que le ciel déversait ses trombes d’eau et qu’il n’avait pas l’intention de s’arrêter. Il était 9 heures, elle n’avait rien à faire de particulier, sinon attendre que l’averse se passe. Quand elle était entrée, les hommes au comptoir s’étaient retournés d’un seul mouvement. Ils devaient déjà écluser leur deuxième verre de vin. Elle s’était assise non loin du comptoir pour mieux écouter le ronron de la vie ; le café n’était-il pas l’un des rares endroits où l’on pouvait être seule et avec les autres ? Soudain un type à la voix sonore déclara :
- Hier à trois heures de l’après midi, y faisait tellement nuit, qu’on aurait dit qu’cétait l’heure de l’apéritif !
Elle sourit et se dit que finalement la vie ne devait pas être si compliquée que ça. Elle héla le garçon :
- Un porto s’il vous plait !
Elle crut lire de la surprise dans ses yeux, mais sans doute se trompait-elle.  Son congé maladie se terminait le lendemain, elle allait devoir à nouveau affronter la vie…

13 janvier 2010

Le cimetière des bébés perdus (gballand)

Sur le blog je-double,  un photomontage de Patrick Cassagnes, illustré par un texte de gballand.

«A l’office du tourisme, on lui avait dit que c’était une légende, qu’il n’avait jamais existé, mais elle n’en croyait rien... » Pour lire la suite, c’est ici.

12 janvier 2010

Le sucrier (gballand)

PC250611Il avait la manie de se photographier et de photographier son reflet, pour le meilleur et pour le pire, souvent pour le pire. Elle lui demandait parfois :
- Mais pour quoi tu te prends toujours en photo ?
Il lui faisait toujours la même réponse :
- Pour m’habituer.
La photographie qu’il préférait, c’était son reflet dans le sucrier. Il s’était presque trouvé beau. Il faut dire que la distance, la déformation et l’objectif de l’appareil y étaient pour beaucoup. En regardant la photo, elle lui avait dit, charitable :
- Ah oui, tu as raison, celle-ci est réussie !
C’est d’ailleurs cette photo-là qu’elle avait choisie de mettre sur sa table de nuit, en souvenir de lui. Et tous les soirs, une fois que le chien s’était installé sur son lit, à 22 heures tapantes, elle ne manquait pas de lui dire :
- Il était beau, hein, ton maître ?
Le chien semblait opiner de la tête et s’allongeait à ses côtés en poussant de petits grognements de plaisir.

PS : Texte écrit à partir de cette photo de C. V.

11 janvier 2010

Création (gballand)

Elle avait la fibre créative, c’était incontestable. Combien de symptômes ne s’était-elle pas créés depuis 20 ans ? Et elle n’était pas disposée à s’arrêter en si bon chemin…

10 janvier 2010

Les boudoirs de la voisine (gballand)

Son mari lui dit que la voisine avait laissé des gâteaux pour eux. Ils étaient sur la table de la cuisine, une boîte de gâteaux assortis et une boîte de boudoirs. C’était gentil de sa part, elle avait certainement voulu la remercier de la boîte de chocolats achetée pour elle, à Noël, chez l’un des meilleurs chocolatiers de Rouen. Les gâteaux assortis ne firent pas long feu, son fils les engloutit rapidement, quant aux boudoirs, son mari en mangea quelques-uns au thé puis il déclara soudain, après avoir extirpé le dernier boudoir de l’emballage plastique :
- Dégueulasse, il est noir ce boudoir !
- Si ça se trouve, ils sont périmés, répondit-elle, fais voir la boîte !
Elle eut du mal à découvrir la date de péremption, forcément elle avait été rayée d’un coup de feutre noir.
- Novembre 2008, s’étouffa-t-elle de rire, novembre 2008, tu te rends compte, on est en janvier 2010 ! Et en plus c’est aux œufs frais !
Son mari la regarda l’air défait. Il en avait déjà mangé 8 !

9 janvier 2010

Le cirque invisible (gballand)

Oui, ce cirque invisible nous change du cirque visible et pathétique que les médias et leurs animaux - les hommes politiques – nous infligent.
Quand l’invisible souffle la lumière, nos yeux enfin se dessillent.

8 janvier 2010

Ça pue ! (gballand)

Quand, dans la cuisine, elle retira le film plastique qui recouvrait le plat de poisson, elle s’exclama, assez fort pour être entendue de tous :  « Qu’est-ce que ça pue ! »
Ils étaient prévenus, le repas se ferait sur le même ton, celui du contre cœur et du haut le cœur.

7 janvier 2010

Persécution (gballand)

Sur le blog je-double,  un photomontage de Patrick Cassagnes, illustré par un texte de gballand.

« On la regardait. Elle le savait. Au début, une intuition. Maintenant une certitude… » Pour lire la suite, c’est ici

6 janvier 2010

Le vieil homme et la statue (gballand)

statueElle lui avait souri. C’était bien la première fois depuis longtemps qu’une femme lui souriait ; certes elle était de pierre, mais il s’en contentait. Que de légèreté et de grâce … et cette inclinaison de la tête gentiment tournée vers lui !
L’endroit était désert et l’automne prenait les couleurs de son âme.  Il décida de s’asseoir non loin d’elle et de jouir encore du spectacle de la nature. Il s’endormit rapidement ; ces deux derniers mois passés à l’hôpital l’avaient épuisé. Il sentit alors sur sa joue ensoleillée le frais baiser de la statue de pierre, elle était si belle...
Jamais plus il ne se réveilla.

PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Pierrick

5 janvier 2010

Carte de vœux, II (gballand)

Il  se trouvait sans doute drôle. Il lui avait envoyé la carte de vœux la plus ringarde possible et avait écrit de sa plus belle calligraphie le message suivant :
« Que 2009 vous apporte tout ce que vous n'avez pas eu l'année prochaine ! »*
Un an de vie commune, une rupture quelques mois plus tôt et il la vouvoyait en se moquant ouvertement d’elle. Elle avait eu raison de le quitter, sauf qu’elle n’aurait jamais dû le quitter pour un autre qui lui ressemblait en tout point ou presque.
Elle décida de lui écrire en retour. Elle choisit une carte de vœux sur fond noir
, en espérant qu’il comprendrait l’allusion. Quant au message, elle réfléchit longuement et rédigea quelque chose qui lui donna entière satisfaction : « L’imbécile heureux ne mesure pas son bonheur, et c’est pourquoi son bonheur restera mesuré. ** »

* phrase de « pagenas » reproduite avec son aimable autorisation

** Citation de Charles Pépin « une semaine de philosophie ».

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