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Presquevoix...
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6 septembre 2008

Ça pense un lecteur ?

Hay muchos, muchissimos lecctores que no gustan de quien se les obligue a pensar y que solo buscan el que les diga lo que ya saben, lo que ya han pensado.

Unamuno ( Soliloquios y conversaciones) (1864 1936 )

Et, traduit  par mes bons soins :

Il y a beaucoup, même énormément de lecteurs  qui n’aiment pas qu’on les oblige à penser et qui ne cherchent que celui qui leur dira ce qu’ils savent déjà, ce qu’ils ont déjà pensé.

PS : « Penser ne suffit pas, il faut penser à quelque chose. » Jules Renard.

3 septembre 2008

De l'Art de représenter

Somerset Maugham, dans l’Art de la Nouvelle nous dit : « Un jour Matisse montra à une dame une de ses toiles, qui était un nu et la dame s’écria : « Mais les femmes ne sont pas comme ça ! » ; sur quoi il répliqua : « Ce n’est pas une femme, madame, c’est un tableau ». Je pense que, de la même manière, si quelqu’un s’était aventuré à suggérer qu’une nouvelle d’Henri James était différente de l’existence, celui-ci aurait répondu : « Ce n’est pas l’existence, c’est une nouvelle. » »

Toutes ces précautions pour dire que si demain, dans une nouvelle, par le plus pur des hasards, je parle de ma belle-mère, il ne s’agira pas de ma belle-mère - qu’elle le sache bien ! -  il s’agira tout au plus d’une simple représentation -  infidèle bien évidemment - de l’image que je peux avoir d’elle, mise en texte par de multiples artifices littéraires et linguistiques qui feront d’elle un Personnage. Représentation qui d’ailleurs, elle-même, sera interprétée par le lecteur – ma belle-mère, peut-être ? – avide de projections !
« Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l'auteur » !!!

2 septembre 2008

Il reviendra

Je m’étais trompée, ce n’était pas lui. En fait je le savais et pourtant, comme chaque fois, j’espérais…

Dans ce jardin de Vérone, couchée dans l’herbe et endormie, sa présence à mes côtés avait été le début d’une aventure folle et irréelle. J’avais toujours espéré vivre une histoire intense et passionnée mais jamais je n’aurais espéré la vivre avec Roméo. Il avait surgi de nulle part après ma visite à son tombeau, avait murmuré qu’il m’attendait depuis des siècles et que mon amour l’avait ressuscité après tant d’années vides et mortes. Il m’avait suivie à mon retour, s’installant chez moi et dans ma vie en transformant mon univers. Personne ne savait ce que nous vivions et cela m’était égal du moment qu’il venait à moi, régulièrement, tous les soirs, afin que je puisse dormir dans ses bras. Au réveil, la bouche encore pleine de ses baisers et le corps marqué par nos étreintes, j’avais de la peine à reprendre pied et à retourner dans une vie qui ne collait plus avec ma réalité. Je ne voyais plus mes amis, je ne téléphonais plus à mes parents, mes collègues disaient de moi que je devenais asociale, que je ne tournais pas rond mais je m’en fichais. Que pouvaient m’apporter leurs sorties en boites alors que mon amour n’attendait que mon retour pour reprendre possession de mon corps et de mon âme ? Comment leur expliquer que leurs bavardages et leurs petites histoires ne m’intéressaient pas parce que ce que je vivais, personne d’autre ne pouvait le vivre ? Ma vie était devenue si exceptionnelle que je ne mangeais plus, je ne faisais plus mes courses ni mon ménage, choses bassement primaires dont je n’avais plus envie. Le seul but qui régissait mon existence consistait à trouver le sommeil pour qu’il vienne enfin à moi, me permettant ainsi de me fondre en lui.

Notre aventure a pris fin par mon internement. Pour mon bien ont dit mes parents avertis par des collègues compatissants. Les pilules et les calmants m’ont enlevée à lui, il n’est plus revenu et j’ai pleuré toutes les larmes possibles. Mon corps a perdu ses marques, ma peau a progressivement oublié la chaleur de ses mains et ma bouche a perdu le goût de ses baisers. Au bout de plusieurs semaines, j’étais redevenue comme avant, c'est-à-dire, froide, sèche, rugueuse, sans goût et sans émotions ni sensations. Le soleil qui inondait ma vie s’était éteint !

Après tant de semaines, on m’a dit « guérie », mais peut-on guérir de l’amour de Roméo ? Depuis ma sortie, sans rien dire à personne, je le cherche et crois parfois l’apercevoir. Déçue jusqu’à maintenant, je ne baisse pourtant pas les bras et persiste car je sais tout au fond de moi qu’un jour, il reviendra…

30 août 2008

Pourquoi écrire ?

clarice_lispector"Enquanto tiver perguntas e não houver respostas, continuarei a escrever. "

ou, traduit par mes bons soins :

"Tant que j’aurai des questions et qu'il n'y aura pas de réponses, je continuerai à écrire. "

Clarisse Lispector, écrivain brésilien, (1920 – 1977), tiré du livre «  Felicidade Clandestina », écrit en 1971

* photo vue ici

28 août 2008

Travailler ! Hein ? Quoi ?

Rentrer, c’est mourir un peu, en toute heure et en tout lieu… et c’est souvent – sauf pour les chômeurs, les rentiers ou ceux qui ont fait un autre choix – travailler ! En d’autres temps, certains égrenaient : travailler, c’est trop dur et voler c’est pas beau, d’mander la charité…. 
Dans la chanson Kouté moué moué, le groupe Vin’s and the Zoufris maracas, à  complet contre-courant des dogmes économiques en vigueur, nous susurre  sa subversive sagesse, loin de la croissance, du pouvoir d’achat et des retraites :

Je suis content d’avoir compris
qu’avec tout le pognon du monde
On ne rachète pas les années
que le travail nous a volées
On ne rachète pas les années
qui nous sont passées sous le nez.

Ecoutez leur disque, il y a chez eux de la subversion, de l’humour, un zeste de Salvador… et des mélodies qu’on continue de fredonner pour le plaisir…

PS : Comme le disait Alphone Allais « Quand on ne travaillera plus les lendemains des jours de repos, la fatigue sera vaincue. » CQFD !

27 août 2008

Besoin d'un mec qui assure

divers_printemps__t__08_015
- Tu vois, moi j’ai besoin d’un mec qui assure, c’est devenu vital, tu peux comprendre ça ?
Il ne répond rien. Ils continuent à avancer le long de la berge. La rivière est si tranquille, si belle, les oiseaux chantent à tue-tête, le soleil voit ses rayons filtrés à travers les feuilles des arbres, cela ne peut être qu’un jour béni, faste et pourtant.
- Je suis arrivée à un âge où j’ai besoin de pouvoir compter sur mon compagnon, pouvoir partager mes joies, mes peines, mes envies, mes soucis. Tu n’es jamais là, tu as ton travail, là tu assures, c’est correct mais avec moi tu fuis, tu te dérobes, tu te soustrais. J’ai envie de partager tes nuits, te soigner quand tu es malade, te concocter de bons petits plats sachant que tu vas rentrer. Je n’ai pas besoin d’un courant d’air, d’un homme qui esquive les conversations dès qu’elles dérivent vers nos sentiments.
- Nous avons toujours été clairs sur notre façon de vivre, chacun chez soi et les rencontres pour les bons moments, pourquoi cela doit-il changer ?
- Parce que ce genre de vie est correct au début d’une relation mais j’ai 35 ans, je veux un enfant, je veux fonder une famille, mon horloge biologique tourne et bientôt devenir mère ne me sera plus possible. Vous les mecs vous pouvez procréer alors que vous êtes des vieillards, pour nous les femmes, le couperet est sans appel.
- Tu veux des enfants, la famille, le mariage, la maison, la routine ? Mais c’est tout ce qu’il faut faire pour tuer l’amour ce genre de trucs.
Elle s’arrête et l’oblige à le regarder dans les yeux.
- L’amour ce n’est pas que les sorties, la fête, les vacances c’est aussi le partage de tout ce qui fait que la vie est géniale ou vache. La routine, on peut la tuer avant de la laisser éclore, l’amour évolue mais s’il est bien accompagné, il peut apporter au fil des ans d’autres sensations, plein d’émotions diverses.
- Ton discours est très beau, mais comment expliques-tu qu’un mariage sur deux finit en divorce ? Et j’ai une question : si je ne vais pas dans ton sens, tu me quittes ?
Elle ne répond pas tout de suite.
- Te sens-tu acculé ?
Il explose.
- Oui, je me sens acculé et je déteste ça. On avait une vie bien réglée, tout baignait et je pensais que cela nous convenait à tous les deux mais vous les femmes, il faut toujours que vous compliquiez les choses. Pourquoi vouloir changer ?
- Je pensais que mon argumentation était claire, ce n’est pas le cas, dommage. Si tu n’a rien compris à ma demande, restons-en là.
- Tu me quittes ?
- Non, c’est toi qui te défile.
Il lui prend le bras et la secoue.
- C’est du chantage que tu me fais !
Elle se dégage d’un mouvement brusque.
- Ne fiche pas tout en l’air, laisse-moi des souvenirs positifs de notre relation, on pourra rester amis ?
Il ricane.
- Et tu me présenteras ton mari et tes enfants, tu m’inviteras à partager le BBQ le dimanche soir, non merci !
Elle hausse les épaules et s’éloigne. Il la regarde partir, ses pensées vont dans tous les sens. « Ah ! les femmes, pourquoi sont-elles si belles, si désirables et si compliquées… »

25 août 2008

monologue malsain

« Il m’aime, un peu, beaucoup, pas du tout…le salaud ! Je le savais, je le savais, j’en avais l’intuition, déjà que hier, il est rentré plus tard, et la semaine passée, il était dans les nuages, j’ai dû lui répéter ma question, il n’avait pas écouté, il pensait à l’autre… »

Elisa se ronge les ongles, terrassée par le jeu de hasard qui lui donne une réponse à ses questions chaque jour. Elle commence toujours par vérifier l’amour de son homme avant de poser d’autres questions. Son humeur varie en fonction des réponses, c’est comme ça, elle n’y peut rien, c’est une routine, un besoin vital qui dicte sa vie.

« Il m’a dit qu’il avait une réunion qui pouvait se terminer plus tard que d’habitude mais les cartes ne mentent pas, il a rendez-vous avec une autre. L’excuse du travail c’est du bidon, pour m’endormir, mais je veille, je ne suis pas si bête, il aurait pu trouver mieux, plus innovateur…Et la salope qui drague mon homme, je vais la tuer, elle n’a pas le droit, il est à moi, rien qu’à moi et je ne partage pas, non, ça, jamais ».

Elle se lève et va se poster près de la fenêtre pour le guetter. Dehors, la nuit s’installe, l’éclairage public jette une lumière diffuse dans la rue que les trottoirs mouillés par une pluie battante renvoient comme des miroirs qui aimeraient à leur tour éclairer le ciel noir. Elle regarde sa montre, il est déjà 21h, il n’est jamais rentré si tard.

« Le salaud, le salaud, il est dans ses bras, ils s’embrassent, il parcourt son corps avec ses mains si douces, si chaudes…. » A cette évocation, elle ne peut s’empêcher de gémir en pensant à son corps à elle qui vibre dès qu’elle sent le désir percer à travers son regard, quand ses yeux la déshabillent, puis qu’il s’approche et pose une main sur sa poitrine, l’autre enlaçant sa taille. Elle défaille à chaque fois, ne pouvant résister à cet homme qui pourtant la trompe.

A cet instant le téléphone sonne. Toujours dans le noir, elle saisit le combiné et écoute. Au fur et à mesure que les secondes passent, ses épaules s’affaissent, son corps fléchit et telle une feuille d’automne qui se détache de l’arbre, elle tombe tout doucement sans un cri, sans une parole, lâchant le téléphone qui atterrit avec un bruit mat sur le tapis. La voix continue de parler doucement, lentement mais les mots qu’elle prononce sont terribles, si terribles qu’ils ont terrassé Elisa.

25 août 2008

Un texte a-t-il plusieurs lectures ?

« Un suffisant lecteur découvre souvent ès écrits d’autruy des perfections autres que celles que l’auteur y a mises et aperçues, et y preste des sens et des visages plus riches »

(Montaigne – Essais) (1533 1592 )

Le lecteur fait souvent l’école buissonnière, sans que personne, pas même l’auteur, ne puisse le priver de cette liberté...

23 août 2008

Trop différentes ?

- Un verre d’eau au réveil, 15 minutes de gymnastique, puis une tasse de thé. Le soir, méditation et yoga pendant 30 minutes avec tisane juste avant le coucher, je t’assure, c’est l’élixir jeunesse qui me permettra de tenir le coup avec tout ce stress qui me tombe sans cesse dessus !
- Ouais, et puis l’alcool et la baise, tu mets ça où ?
- euh !
- Je vois, t’as une vie réglo comme une horloge, tu te la joues zen le matin et le soir, par contre, t’es complètement barjo le reste de la journée et tu aimerais que je devienne comme toi mais ça me fait pas envie, ben ça non !
Brigitte regarde ses ongles bien peints, bien carrés et parfaits, elle ne sait quoi répondre. Elle soupire et dans un geste théâtral et bien étudié devant son miroir jusqu’à la perfection, passe la main dans sa chevelure brune et soyeuse. Elle ne comprend pas son amie, mais si elle creuse un peu, elle se demande pourquoi elle continue à la voir ? Bon, elles sont amies d’enfance mais est-ce que le fait de se connaitre depuis la maternelle implique qu’il faut qu’elles continuent à s’aimer et s’apprécier ? Apprécier n’est pas le bon mot car enfin, il faut bien le reconnaître, elles sont devenues trop différentes. Elle lisse sa jupe, enlève une miette de pain qui n’avait rien à y faire, boit une gorgée d’eau et se demande si c’est le bon moment pour rompre une relation de 20 ans…Lisbeth la regarde par en dessous. Elle ne peut s’empêcher d’être vulgaire et provocante avec Brigitte, pourquoi ? Jalousie ? Envie ? Incompatibilité ? Ses ongles rongés, ses cheveux très courts lui donnent un air éternel de garçon manqué et son habillement en jeans et t-shirt sans aucune recherche abonde dans ce sens. Pourquoi sont-elles restées amies alors que tout les sépare ? Pourquoi continuer cette stupide coutume qu’elles avaient mis en place alors qu’elles étaient à la fac et qui les oblige à se voir tous les premiers lundis du mois à midi.
- Et ton boulot, ça va ? questionne Brigitte pour rompre le silence.
- Bof, si les clients étaient plus agréables, je pense que mon travail le serait aussi.
- Je ne comprends pas pourquoi tu persistes dans ce job, avec ton talent, tu pourrais viser plus haut, non ?
- Si viser plus haut c’est me retrouver dans les emmerdes et à lécher les bottes de connards en cravates sans compter que certaines fois, ils n’hésitent pas à te mettre la main aux fesses, je préfère pas !
- Tu le fais exprès d’être de plus en plus vulgaire ?
- Pourquoi ça te plait pas ?
- Non !
Elle l’a crié ce « non », presque hurlé. Les clients aux autres tables se sont retournés. Brigitte rougit.
Lisbeth ricane puis se calme. En fait, elle sait pourquoi elle continue à la voir ; faire sortir sa copine de sa réserve est le principal attrait de ces rencontres, une sorte de jeu malsain quoi. Et Brigitte, pourquoi continue-t-elle à venir ? Parce qu’elle est maso, qu’elle se plait à ce jeu ou simplement trop lâche pour interrompre une amitié qui n’en est plus une ? "Hm ! faudra que je creuse, pense Lisbeth…Bon c’est pas tout mais faut que j’me sauve"
Elle se lève d’un bond, jette son argent sur la table, fait une rapide bise à Brigitte qui n’a pas le temps de réagir et disparait juste avant de lancer "rendez-vous comme d’hab le mois prochain, salut ! "

 

23 août 2008

Miroir Humain

Ce collectif New-yorkais, " Improv everywhere ", met en place des scènes de « chaos » et de « joie »… Regardez sur leur site leur dernière mise en scène « human mirror ». Etonnant regard sur l’Autre, cet « inconnu », et de quoi délier les langues dans le métro…
De l’art  ? En tout cas une  belle façon de faire émerger l’inattendu au quotidien.

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