Renaissance (MBBS)
Cachée par l’herbe haute, la tête entre les mains, je sens sous mes
doigts naître mon visage* lavé par les larmes qui ont jaillies me purifiant
ainsi de toute cette tristesse. Je me sens devenir légère, vidée mais enfin
libre. Ma poitrine se soulève, mes poumons aspirent goulûment cette nouvelle
force qui les pénètre, je lève et ouvre mes bras pour recevoir cette chaleur et
ce bienfait qui me fait devenir autre. Pourquoi maintenant, pourquoi
aujourd’hui et pas un autre jour ? Je revis en flash back ma journée,
cherchant l’évènement, l’inducteur de cet état et je ne vois rien si ce n’est
cette petite phrase assassine, jetée par inadvertance par une bouche que je
croyais posséder pour l’avoir tant embrassée...en pensées. Je réalise que c’est
la fin d’une utopie, d’une espérance qui m’a fait mal, qui m’a rongée jour
après jour, nuit après nuit me laissant sans répit et sans espoir… Je sens
monter en moi le début d’une sagesse que je croyais avoir oubliée, prise par l’étau
de cet amour qui n’en était pas un, je le reconnais maintenant. Je me redresse
et regarde autour de moi. Le champ est infini, je suis surprise par sa beauté
et sa quiétude, je réalise que je peux être heureuse sans lui, enfin !
* Anne Bregani, le livre des séparations, Ed. Empreintes 2003