Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
8 avril 2007

Se mettre à la place de…

Il paraît que dans le tourisme, on fait parfois tester des prestations touristiques par le personnel. Il s’agit de faire découvrir aux employés ce que c’est que d’être client pour que disparaisse le réflexe «  adressez-vous au concierge »  que s’entendent souvent répondre les clients. (courrier international du 22 au 28 mars)
Il serait intéressant de faire la même chose dans l’Education Nationale. Les professeurs volontaires assisteraient donc aux cours de leurs collègues – volontaires aussi -  en tant qu’élèves au milieu d’élèves, afin que disparaisse le réflexe « c’est évident ! » - terriblement handicapant lorsqu’on ne comprend rien à un cours – ou, plus simplement, afin que disparaisse l’impression profondément ancrée chez les professeurs que leurs cours sont dispensés on ne peut plus clairement à des élèves qui – ne le font-ils pas exprès d’ailleurs ? – consacrent toute leur énergie à ne pas s’élever !
Il serait souhaitable, pour la bonne marche de cette expérience, que les professeurs aient le moins de notions possibles dans la discipline choisie, sinon ils risqueraient se transformer en « inspecteurs », ce qui ne serait pas du tout  le but recherché…

7 avril 2007

Est-ce bien toi ?

est_ce_bien_toi

6 avril 2007

Les dessous de la politique

– Voilà ce que je leur ai dit dans mon discours politique Élisabeth : « la société a changé, il faut savoir que dorénavant, seul le marché nous guide. », c’était même l’axe principal, dit-il à sa femme, installée confortablement dans un fauteuil Louis XV près de la cheminée.

– Et ça a marché ?

– Bien sûr Élisabeth que ça a marché. Ils croient tout. Il suffit de leur parler des contraintes du marché. Le mot marché allié au mot contraintes provoque des miracles, mieux que Lourdes, ces deux mots expliquent tout.

– Sans rien expliquer... ajoute-t-elle.

– Bien sûr sans rien expliquer. D’ailleurs il n’y a rien à expliquer. Nous vivons dans une société de marché où règne la loi du marché et nous devons tout faire pour favoriser le marché. C’est simple. Pas d’espoir sans le marché, on me l’a assez répété à Sciences Po.

– C’est simple le marché, lui répond-elle, souriant vaguement. Tiens, approche-toi chéri, parle-moi du marché et des pauvres qui n’ont pas accès au marché en me déshabillant devant la cheminée, lui dit-elle d’une traite.

– Tu veux que je te parle d’économie de marché en te déshabillant ? Hésite-t-il dans son costume trois pièces qu’aucun transport en commun n’a fripé.

– Oui chéri, s’il te plaît, fais-moi plaisir, le marché ça m’excite, c’est tellement dynamique, mouvant, hystérique ; la Bourse, les actions, les OPA, les profits, les mouvements de capitaux, et puis les pauvres, ça excite ma compassion, les pauvres, lui dit-elle en se levant et en s’approchant de lui.

Il remarque, en propriétaire satisfait, que le tailleur ajusté qu’elle porte lui moule parfaitement le corps. Maintenant il est debout devant la cheminée, dubitatif, ne sachant que faire de l’invitation de son épouse. Il a énormément de travail, le dossier des retraites, l’impôt sur la fortune, le statut des heures supplémentaires dans les conventions collectives. Il n’a certainement pas le temps de la prendre – pourquoi est-il si vulgaire ? - avec tout ce que cela suppose de préliminaires et de post-liminaires. Il se dit qu’il pourrait peut-être joindre l’utile à l’agréable, rentabilité oblige. Elle commence à lui caresser les cheveux.

– Allez Flavien, s’il te plaît. Je sais qu’il n’y a pas de temps à perdre. Le temps c’est de l’argent et la politique c’est gérer l’argent de l’économie. Je sais tout ça mon Flavien, tu me l’as assez répété. Mais le nerf de la guerre c’est l’homme et si l’homme ne satisfait pas ses besoins primaires, le système économique s’enraye, tu le sais ça !

– Élisabeth, ma chérie, je te propose un marché : on s’occupe du nerf de la guerre et en même temps, je te parle de mon dossier retraites que je dois présenter dès demain en conseil des ministres.

            Elle fait une mine boudeuse mais comme il lui a déjà dégrafé son soutien-gorge, ce n’est que pure forme, elle peut difficilement espérer jouer d’égal à égal, et surtout … il y a tellement longtemps que ça n’est pas arrivé !

– D’accord Flavien, tes désirs sont les miens, mais surtout Flavien, prends ton temps. Ce dossier des retraites doit être bien préparé sinon c’est ta retraite à toi, qu’on va t’annoncer au plus vite. Et puis c’est important les retraites, il faut y mettre du savoir-faire, de la passion même.

– Ne t’inquiète pas Élisabeth, dit-il en enlevant sa veste, son gilet et son pantalon et en les repliant sur le fauteuil Louis XV. Alors tu veux le dossier des retraites sur le tapis devant la cheminée ?

– Oui, devant la cheminée. Ça ne nous est jamais arrivé n’est-ce pas ? Tu ne trouves pas ça excitant de parler des quarante annuités et de l’indexation des retraites, nus devant la cheminée ?

– Merveilleusement excitant, dit-il en l’allongeant maladroitement sur le tapis persan ramené d’une mission en Irak destinée à encourager Saddam Hussein à plus de transparence dans ses relations avec l’Occident. S’il n’avait pas vu Saddam Hussein, il avait au moins rapporté ce tapis !

            Tout en caressant machinalement le corps de sa femme, il lui parle de la faillite du système de retraite par répartitions et de la nécessité d’une mixité des cotisations. Plus ses arguments se précisent et structurent son discours, plus ses doigts se font adroits et précis, comme si le corps de sa femme était devenu l’enjeu du chantier politico-économique français.

– Les retraites sont terriblement excitantes Flavien, dit-elle haletante, et les annuités, parle-moi des annuités. Il faut les faire durer non, je suis sûre qu’il faut les faire durer le plus longtemps possible...

– Oui, il faut que ça dure, il faut que ça dure longtemps, lui dit-il d’une voix rauque en réfrénant son élan afin d’éviter justement que tout ne s’achève et ne fasse capoter un système précaire.

  Et pour les faire durer, reprend-elle le corps arque bouté, qu’est-ce qu’il faut Flavien ?

– Il faut du courage, Nom de Dieu ! S’exclame-t-il, galvanisé par son marathon politique et son repas pantagruélique du midi  - terrine de saumon, coquelet au vin, pommes sur lit d’airelles, fromages, gratin de fruit à la fine champagne, le tout arrosé d’un Cahors millésimé - mais épuisé par son léger basculement sur le côté droit.

            Il essaie de reprendre une posture plus confortable qui lui évite les courbatures et continue son va et vient économico-sensuel

– Il faut exploiter toutes les possibilités du système. Ne rien laisser au hasard. Notre tissu économique et social nécessite savoir-faire et doigté.

– AH !

Légèrement perturbé par le cri de sa femme, il se remet néanmoins à l’ouvrage en bon énarque formaté par de longues années de synthèses et de rapports.

– Et ces quarante annuités du privé, nous les transformerons même en 45 annuités et pourquoi pas en quarante sept et calculées sur les trente meilleures années, et nous alignerons le public sur le privé, et nous cesserons d’accorder aux femmes un an de cotisation par enfant, et nous exigerons une cotisation pour une retraite complémentaire de la part de tous les salariés du privé et du public, s’exalte-t-il dans une pose conquérante.

– Flavien, Flavien, Flavien ! Continue s’il te plaît, continue.

– Et nous améliorerons les avantages fiscaux pour les retraites complémentaires. et nous diviserons le public et le privé pour assurer notre marge de manœuvre dans l’optique d’un épanouissent des marchés financiers et…

– Oh Flavien, Flavien c’est merveilleux, attend encore un moment, je t’en supplie !

– Élisabeth, j’arrive à la fin de mon exposé, je ne peux pas m’arrêter comme ça ou tu vas me retirer tous mes effets. Sache que ma position n’est pas des plus aisées et avec la journée que j’ai eue… réussit-il à grimacer.

– J’ai une idée Flavien, et si tu suggérais le suicide obligatoire à partir de 70 ans pour une certaine catégorie de salariés, les pauvres par exemple, et les classes très moyennes, articule-t-elle d’une moue sensuelle. Oh Flavien, Flavien, dis-moi oui, je t’en prie, dis moi oui !

            A ces mots, Flavien décolle son corps moite de celui d’Élisabeth et pousse un rugissement.

– Oui Élisabeth, mais bien sûr, c’est ce qu’il manquait à l’équilibre du système, la loi de l’euthanasie préventive, c’est plus consensuel que le suicide obligatoire. C’est oui Élisabeth, oui, oui, OUI, OUI …

            Son éructation guerrière s’accompagne de la jouissance valeureuse d’Élisabeth et leurs corps épuisés par les contraintes du marché roulent sur le côté. 

                                                

5 avril 2007

Travailler plus pour gagner plus a-t-il dit…

Voici un entretien où M. Strauss Kahn prouve magistralement que les discours économiques de M. Sarkozy sont creux et dépourvus de la réflexion économique la plus élémentaire !!!


Débat entre DSK et Sarkozy? envoyé par PeAcY

Il y aurait fort à dire sur notre récent ancien ministre de l’intérieur, et le seul journal qui montre la "face sombre" de M. Sarkozy est le Canard enchaîné, journal satirique INDEPENDANT. On y apprend que M. Sarkozy n’hésite pas à se comporter en « Roitelet avant l’intronisation » – lire ce que le Canard dit de son passage à France 3 Nord-Pas-de-calais le 28 mars et à France 3 le 29 mars !

Julos Beaucarne, chanteur belge, disait de façon très « imagée », dans l’une de ses chansons :
« A force de péter trop haut, le cul prend la place du cerveau. »
Certains pourraient se reconnaître sans peine dans cette savoureuse image…

4 avril 2007

Parole de médecin

« A cinquante ans, on est plus proche du cercueil que du berceau ! »

Grâce à l’utilisation du comparatif cette phrase, d’un réalisme cru, rapproche deux « lits » - le cercueil et le berceau - afin de mieux signifier la rapidité et l’inexorabilité du passage du temps. Le médecin, par souci d’efficacité, invite donc le patient à agir vite pour éviter toute rupture définitive avec la vie !
La méthode a porté ses fruits, car le patient à qui ces mots étaient destinés, a immédiatement pris rendez-vous au laboratoire d’analyses…

3 avril 2007

Dévoration

goya

Le devoir de toute une vie est de ne pas être dévoré

Clarice Lispector ( romancière brésilienne)

Dévorer ou être dévoré, telle est la question ! Le problème commence au berceau et dure jusqu’à…

On peut être dévoré par sa mère, son père, sa famille, ses amis, son patron, son amant, sa maîtresse, son mari, sa femme, sa belle mère, son beau père… bien sûr tout est affaire de distance, mais la distance ne s’improvise pas, elle se travaille ou (non exclusif) elle nous travaille, si nous nous autorisons à la travailler !

Et, au bout d’années d’ajustements, peut-être pourra-t-on enfin trouver la  « bonne » distance, celle qui  permet d’être congruent avec soi-même et avec les autres, sans peurs.

Nous sommes tous les enfants de Cronos* ; certains réussiront  à  se délivrer, d’autres non ! Pour finir, cette citation de Christian Bobin, qui pourrait parfaitement désigner ceux qui se sont laissé dévorer et risquent d'être perdus à jamais :

« Un fou c’est quelqu’un qui a laissé la folie prendre sa place. » 

* http://fr.wikipedia.org/wiki/Cronos 

2 avril 2007

Le voleur de rêve (2)

La première fois que je l’ai vu, c’était au pied de mon lit, il était là, agenouillé, les mains jointes, comme s’il attendait quelque chose que moi seule pouvait lui donner…  Quand je l’ai aperçu, le visage recouvert d’un tulle noir, transparent,  je suis restée sans voix. Il m’a juste dit « je suis le voleur de rêve » puis il a ajouté d’un ton ferme.
- Que voulez-vous exactement de moi ?
La façon dont il s’exprimait laissait à penser que je le connaissais ou que nous avions passé un accord, mais j’ai eu beau chercher dans mes souvenirs, je ne me rappelais nullement avoir fait appel à lui. Il a poursuivi, comme s’il lisait dans mes pensées.
- Bien sûr que si vous m’avez demandé de venir ! Vous voudriez que je vous débarrasse d’un rêve qui vous encombre depuis longtemps, mais vous ne voulez pas l’admettre !
- Vous faites erreur, d’ailleurs je ne rêve pas !
- Cherchez bien !
- C’est tout vu !
- Le déni n’a jamais guéri personne de ses tourments… a-t-il conclu.
A ce moment précis, mon mari s’est à moitié réveillé en me demandant avec qui je parlais, et le voleur s’est éclipsé immédiatement.
C’est une semaine plus tard, en épluchant des carottes dans la cuisine,  que je me suis souvenue du rêve dont l’homme voulait certainement parler. Il avait raison, c’était un rêve gênant - odieux même - qui m’avait bouleversée et qui parfois me faisait craindre de m’endormir. Ce rêve avait ses périodes, mais depuis 2 ans, ses apparitions nocturnes me terrifiaient. J’aurais bien sûr préféré l’oublier mais ce jour là, alors que j’étais penchée au-dessus de l’évier, l’épluche légumes à la main, il s’est imposé dans toute sa brutalité... il y avait moi, mon père et surtout… ce que nous faisions. La nuit suivante, je me suis réveillée en sueur, et le voleur de rêve m’est à nouveau apparu, pour la dernière fois. Cette nuit-là, il avait relevé son voile de tulle, mais je n’arrivais toujours pas à distinguer les traits de son visage dans la pénombre.
Aujourd’hui – me dit-il doucement - je suis venu pour emporter définitivement votre rêve, je vais le mettre dans ce livre – il ouvrit un énorme ouvrage qu’il avait posé par terre – et vous n’entendrez plus jamais parler de votre rêve, je vous le promets !
J’ai certainement dû le remercier, mais je ne me souviens plus des détails ; c’était il y a exactement deux ans, juste avant le décès de mon père. Je ne pensais plus au "voleur de rêve", jusqu'à ce que je vois ce collage sur un blog...

<< < 1 2 3
Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés