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Presquevoix...
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2 avril 2007

Le voleur de rêve (2)

La première fois que je l’ai vu, c’était au pied de mon lit, il était là, agenouillé, les mains jointes, comme s’il attendait quelque chose que moi seule pouvait lui donner…  Quand je l’ai aperçu, le visage recouvert d’un tulle noir, transparent,  je suis restée sans voix. Il m’a juste dit « je suis le voleur de rêve » puis il a ajouté d’un ton ferme.
- Que voulez-vous exactement de moi ?
La façon dont il s’exprimait laissait à penser que je le connaissais ou que nous avions passé un accord, mais j’ai eu beau chercher dans mes souvenirs, je ne me rappelais nullement avoir fait appel à lui. Il a poursuivi, comme s’il lisait dans mes pensées.
- Bien sûr que si vous m’avez demandé de venir ! Vous voudriez que je vous débarrasse d’un rêve qui vous encombre depuis longtemps, mais vous ne voulez pas l’admettre !
- Vous faites erreur, d’ailleurs je ne rêve pas !
- Cherchez bien !
- C’est tout vu !
- Le déni n’a jamais guéri personne de ses tourments… a-t-il conclu.
A ce moment précis, mon mari s’est à moitié réveillé en me demandant avec qui je parlais, et le voleur s’est éclipsé immédiatement.
C’est une semaine plus tard, en épluchant des carottes dans la cuisine,  que je me suis souvenue du rêve dont l’homme voulait certainement parler. Il avait raison, c’était un rêve gênant - odieux même - qui m’avait bouleversée et qui parfois me faisait craindre de m’endormir. Ce rêve avait ses périodes, mais depuis 2 ans, ses apparitions nocturnes me terrifiaient. J’aurais bien sûr préféré l’oublier mais ce jour là, alors que j’étais penchée au-dessus de l’évier, l’épluche légumes à la main, il s’est imposé dans toute sa brutalité... il y avait moi, mon père et surtout… ce que nous faisions. La nuit suivante, je me suis réveillée en sueur, et le voleur de rêve m’est à nouveau apparu, pour la dernière fois. Cette nuit-là, il avait relevé son voile de tulle, mais je n’arrivais toujours pas à distinguer les traits de son visage dans la pénombre.
Aujourd’hui – me dit-il doucement - je suis venu pour emporter définitivement votre rêve, je vais le mettre dans ce livre – il ouvrit un énorme ouvrage qu’il avait posé par terre – et vous n’entendrez plus jamais parler de votre rêve, je vous le promets !
J’ai certainement dû le remercier, mais je ne me souviens plus des détails ; c’était il y a exactement deux ans, juste avant le décès de mon père. Je ne pensais plus au "voleur de rêve", jusqu'à ce que je vois ce collage sur un blog...

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