Encore une dent !
Ce n’est pas possible, je dois avoir une dent contre moi ! Qu’est-ce que j’ai bien pu me faire ? Je ne m’aime pas assez ? Mon taux d’estime est insuffisant ? Je ne crois pas en moi ? En tous cas, les faits son là, mes dents se ramassent à la pelle et elles ne repousseront pas ! J’ai le moral à zéro, je pense même au suicide, mais se suicide t-on pour ça ? Comment supporter l’idée que mordre la vie à pleines dents fera crouler le château de mes plombages ? Je me passerais bien d’être la souveraine d’une ruine pareille !
Je dois me résigner… avec le temps, avec le temps, va tout s’en va ! Et comme Boris Vian le disait si bien :
La vie c’est comme une dent
d’abord on y a pas pensé
on s’est contenté de mâcher
et puis ça se gâte soudain…
Inutile de montrer les dents, trop tard, j’en suis là, au moment où tout se gâte, au moment où, après avoir gravi la montagne avec la lenteur comme compagne, je la dévale à toute vitesse, parce que le terrain menace de s’effondrer, tout comme les plombages mercurés de ma bouche couronnée !
Et que personne ne me dise que ce n’est pas grave, que ça va passer ! Parce que je sais bien que la vie va passer, mais c’est en payant ma vie de ma mort que je n’aurai plus besoin de dents pour l’éternité…
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