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Presquevoix...
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24 mars 2009

La visite (gballand)

« Non, désolé, il ne veut pas venir », c’est ce qu’on lui avait dit quand elle s’était présentée ce matin-là à 9 heures. Elle en avait été étonnée… Cela ne s’était-il pas bien passé la fois précédente ? Elle avait dit ou fait quelque chose de déplacé ? Elle avait eu un regard malveillant ? Elle l’avait gêné ?
Non il ne voulait pas venir, il fallait tout simplement l’accepter. Il avait certainement de bonnes raisons de ne pas vouloir venir. Après tout, était-ce si important  ? N’était-elle pas, une fois de plus, en train de se rendre responsable de choses qui ne lui appartenaient pas ?
Elle reviendrait et peut-être que la fois prochaine…

22 mars 2009

Le malheur des uns… (gballand)

« Faites vous-même votre malheur, téléphonez au 02 75 25 88 34  »
Il avait lu cette annonce dans Libération, et il avait téléphoné immédiatement. Sans doute fallait-il être un peu fou pour téléphoner, ça tombait bien, il l’était. La première fois qu’il avait appelé, personne n’avait répondu, la deuxième non plus. Ce n’est que la dixième fois qu’une voix de femme lui avait confirmé qu’il était bien chez la personne qui avait passé l’annonce.
- Vous voulez donc faire votre malheur ? S’enquit la voix.
- Oui.
- Pourquoi ?
Sa question l’avait un peu déstabilisé. Il pensait qu’il aurait tout de suite pu faire son malheur, sans avoir d’explication à fournir.
- Je n’ai pas envie de vous répondre.
- Alors je ne peux pas accéder à votre requête.
- Mais pourquoi toutes ses questions ? Insista-t-il énervé.
- Pour savoir si vous êtes apte à faire le saut. D’ailleurs il vaudrait mieux qu’on se voit. Je procède toujours ainsi avant de signer le contrat.
La voix était agréable, ferme, grave quoiqu’un peu voilée. Il se laissa convaincre et  rendez-vous fut fixé le lendemain, à la coupole. Elle avait dit qu’elle aurait un chapeau noir à voilette et qu’il ne pourrait la manquer.
Elle était installée près d’une large baie vitrée, habillée de noir. Ses mains arboraient d’étranges mitaines à dentelle et il se dit qu’elle en faisait peut-être un peu trop.
- Bonjour, dit-il en se plaçant devant elle, c’est moi qui vous ai téléphoné hier pour l’annonce.
Elle le regarda derrière sa voilette, puis elle souleva le tulle. Quand il découvrit son visage, il en eut le souffle coupé. Elle remit immédiatement sa voilette en place, comme si trop de choses avaient déjà été découvertes. Il finit par dire, la voix tremblante.
- Alors c’est toi !
- Alors c’est moi. Je me disais que cette annonce te ferait peut-être sortir de ta tanière.
- C’est réussi.
- Tu m’en veux ?
- A ton avis ?
Elle était devant lui et il aurait préféré l’oublier. Comment avait-elle su qu’il répondrait à cette annonce ? En deux ans, elle n’avait pas changé.
- Eh bien assieds-toi. Ne reste pas là, planté !
Il regarda la chaise qu’elle lui désignait, puis finit par s’asseoir sur le bord, prêt à s’enfuir au premier danger.
- Tu chasses les déprimés ? Lui dit-il enfin.
- Appelle ça comme tu veux.
- Beaucoup d’appels ?
- Toi et quatre autres. Je t’ai donné la préférence. Je verrai les autres après.
- Et que comptes-tu faire ?
- J’écris un livre, et plus si affinités.
Il la regarda sans comprendre, comme un enfant perdu.
-  Un livre sur quoi ?
- Je te laisse deviner.
Il préféra éluder la question.
- Tu n’as pas perdu ton talent de mise en scène.
Elle sourit et remonta sa voilette qui fit sortir de l’ombre son nez droit et ses yeux clairs.
- J’ai fait des études pour ça.
Il se souvint qu’elle avait suivi un cours de théâtre et qu’un temps, elle s’était dédié à la mise en scène dans un théâtre parisien.
- Tu as l’air contente de toi, semble-t-il ?
- Peut-être. Et toi ?
Ce « Et toi ? », prononcé sur un ton léger fut de trop, elle l’avait mal joué. Elle s’en rendit compte, mais une fraction de seconde trop tard. Il se pencha vers elle, la gifla, et se leva. Juste avant de partir, il lui asséna d’une voix tranchante.
- Ça ne te pas suffit de m’avoir conduit au suicide, il t’en faut d’autres ?
Cette fois-ci il marquait un point. A toute chose, malheur est bon, pensa-t-elle. Elle se souvint qu’elle avait rendez-vous avec son deuxième client à 11 h 00, il était temps de partir. Avec lui, elle avait déjà trop joué.

21 mars 2009

Le robot est-il l’avenir de l’homme ? (gballand)

Hier, je disais à mon mari que les Japonais venaient de tester leur première enseignante robot capable d’utiliser 700 mots. J’ai d’ailleurs ajouté : « 700 mots ça suffit amplement pour certains élèves… » . Contre toute attente, mon mari m’a demandé si elle faisait aussi à manger.
Il me surprendra toujours…

20 mars 2009

Une personne unique (MBBS)

Aujourd’hui c’est mon anniversaire mais ce n’est pas ça le plus important. En fait, la date compte peu, ce qui me plait ce sont les jours avant et les sentiments, les rêves qui les accompagnent.

Déjà en ce début du mois de mars, j’y pensais, un peu, juste comme ça, me disant que quelque chose d’important allait m’arriver. Puis la date approchant, mes pensées vagabondaient sans but précis, juste le plaisir d’imaginer que j’allais avoir mon anniversaire et que peut-être.... Georges Clooney allait-il m’inviter à partager un café équitable ? Trois douzaines de roses allaient-elles être déposées devant ma porte ? La fanfare allait-elle jouer devant ma fenêtre ? Mon téléphone allait-il sonner m’annonçant que j’avais gagné un concours et qu’un superbe voyage en était le prix ?

Ce matin, réveil ordinaire, journée ordinaire si ce n’est, en dehors de ma famille,  les petits témoignages amicaux par téléphones, courriels, sms ou jolies cartes. Petites pensées douces et affectueuses qui caressent et font du bien, petits signes d’amour et d’amitié qui font chaud au cœur. Ce soir, resto et nous serons déjà le 21 mars !

En fait, cette journée tant attendue n’a rien de spécial en soi mais moi, tous les 20 mars, je me sens différente car c’est mon anniversaire…au moins une fois dans l’année, ai-je cette illusion, d’être une personne unique en un jour exceptionnel.

20 mars 2009

La blague à tabac (gballand)

blaguetabacIl m’écrasait sous sa générosité comme sous un couvercle sépulcral*. Son extrême prévenance provoquait chez moi des allergies inexpliquées. Je ne supportais plus ses cadeaux, ni même ses mots. Son dernier cadeau en date : une blague à tabac. Je dois dire que je m'étais étonné de ce cadeau qui venait comme un cheveu sur la soupe, d’autant plus que je ne fume pas et n'ai jamais fumé.
Par la suite, en observant cette blague, je me suis  rendu compte de la ressemblance entre elle… et moi. Vous penserez sans doute que je suis atteint de paranoïa galopante, mais non, je ne crois pas, simple affaire de lucidité.
La semaine suivante, cet ami et moi nous sommes rencontrés par hasard chez une connaissance. Je lui ai fait part de ma réflexion. Il a ri, et tellement fort que je m'en suis senti mortifié. Je me suis contenté de lui dire.
- Ton rire est une réponse.
Il m'a regardé avec étonnement.
Lorsque j'en ai parlé à ma femme, le lendemain, elle a changé de conversation. Pourquoi ? J'ai insisté et elle m'a simplement répondu.
- Tu t'es toujours trouvé trop gros, c’est normal...
Est-ce là une réponse qu'une femme fait à son mari pour le rassurer ? Et pourquoi ce « c’est normal », laissé en suspens ? Depuis ce jour là, je me demande si lui et ma femme n’auraient pas une liaison. Comment expliquer, sinon, son attention répétée à mon égard ? 

* phrase extraite du journal d’un homme de trop de Tourgueniev

PS : Photo vue sur ce site

19 mars 2009

Je te veux (gballand)

Quand il l’avait retrouvée, ce matin-là, elle lui avait dit « Je te quitte ! ». Lui dire ça, à lui,  lui qui  pensait à elle dès que le réveil sonnait à 6 h 35 ! Et sa détresse ? Elle y pensait, elle, à sa détresse  ?

Désespéré, il avait sangloté un « Je te veux* » à son adresse, mais elle était restée inflexible, le regard presque dur. Il ne l’avait pas reconnue.

La pendule sonnait ses onze coups, et il était déjà au lit, en avance sur l'horaire habituel. Il ressassait ce " Je te quitte ! " qui lui restait en travers de la gorge, comme une longue arête qu’aucune mie de femme ne ferait plus jamais passer

Maintenant, à qui allait-il penser quand le réveil sonnerait à 6 h 35 ?

* "Je te veux " Erik Satie

18 mars 2009

A L’attention des « petits » qui se croient grands… (gballand)

Quand je serai grand, je penserai toujours à être petit*, disait-il quand il était petit… et puis il a grandi, sans nostalgie. Il est devenu grand, très grand, on disait même parfois de lui que c’était un grand homme et il a eu la vanité d’y croire… Il s’est tellement piqué au jeu qu'il n'a plus jamais pensé à être petit. Puis un jour il est mort, comme tout le monde, et il n’en est pas revenu !

* « Sur le plus haut trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul » disait Montaigne

17 mars 2009

Le gâteau (gballand)

A midi, quand j’ai sorti le gâteau du réfrigérateur, mon mari m’a dit : “ Tu vas en manger ? ”. Je lui ai répondu “ Ben oui, pourquoi ? ”
- Tu as vu comment Michel l’a démoulé, hier soir ?
Je n’ai rien répliqué, mais il a enchaîné.
- Et il s’est léché les doigts à plusieurs reprises, tu ne l’as pas vu ?
- Comment j’aurais pu, je n’étais pas dans la cuisine.
J’ai voulu lui dire de se taire, mais il a continué, comme s’il y prenait plaisir.
- Tu as remarqué comment il s’est mouché pendant tout le repas ? Et il ne s’est même pas lavé les mains pour démouler le gâteau.
Je l’ai supplié de se taire, j’en avais presque la nausée. Je pensais au gâteau de marrons, nappé de chocolat chaud, que la veille, Michel avait  déposé sur la table avec un sourire satisfait. Je m’étais  tellement régalée que j’en avais même repris ; c’est pour ça qu’il me l’avait laissé.
Et maintenant, à cause de ses remarques, la consternation, l’écœurement, l’envie de vomir, là, tout de suite. 
J’ai ouvert la poubelle d’un geste brusque et j’y ai jeté le gâteau.

16 mars 2009

Testament (gballand)

Dans son testament, elle avait demandé à être incinérée, exprès ; il détestait les crémations. Elle avait aussi exigé qu’il immerge lui-même ses cendres en pleine mer ; il avait l’eau en horreur.
S’il avait su, il ne l’aurait pas tuée.

15 mars 2009

T’as vu ta chambre ? (gballand)

- Non, mais t’as vu ta chambre ?

Elle commençait toujours ses phrases comme ça quand elle entrait dans ma chambre, c’était plus fort qu’elle. Moi, je répondais invariablement.

- Ben quoi, qu’est-ce qu’elle a ma chambre ?

Je jetais un coup d’œil rapide aux vêtements qui jonchaient le sol, aux livres éparpillés, au lit défait, et je souriais intérieurement. Après, elle démarrait  au quart de tour. Sa collection de reproches était monstrueusement longue. Ma mère a toujours élevé le conflit en art, un art qu’elle pratiquait aussi avec mon père, jusqu’au jour où il a failli la tuer. Je me souviens qu’il lui serrait le cou avec son foulard en soie vert et qu’il gueulait.


- Tu me cherches depuis 15 ans avec tes conneries de merde, ben maintenant tu vas me trouver !

J’ai eu du mal à les séparer ; mon père montrait une énergie que je ne lui avais jamais vue, lui d’habitude si mou. Finalement, il a desserré l’étreinte et il est monté dans leur chambre. Je l’ai vu retourner le contenu de tous les tiroirs avec des gestes d’une violence inouïe. Ma mère assistait à la scène, hébétée. Puis mon père a mis quelques vêtements dans un sac et il est parti en hurlant : « Tu m’as toujours fait chier avec ton ordre à la con, vive le bordel ! »  Il n’est jamais revenu, ça fait trois ans maintenant. Je me demande où il est.

Aujourd’hui, quand ma mère est entrée dans ma chambre en lançant son classique « Non, mais t’as vu ta chambre ? », j’ai repensé à tout ça, et j’ai presque eu envie de lui serrer le cou, une bonne fois pour toutes.

* texte ecrit sur une consigne des "impromptus littéraires"

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