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Presquevoix...
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21 février 2008

Faire n’importe quoi pour devenir n’importe qui…

C'est le rêve de Rémi Gaillard, le sale gamin, le trublion de service  qui se moque de l'autorité, brave les interdits, cultive le décalage, détourne des situations banales... Toutes les vidéos ne sont pas  drôles sur le site de Rémi Gaillard, mais on passe un bon moment.  J’avoue qu’après les avoir vues, j’ai été atteinte de l’envie de  me « foutre » de la tête de l'autorité pour ensuite décamper à toutes jambes ! (voir notamment les vidéos «  Rémi piège M. Univers », « Decathlon Pékin 2008 », « Mets le ballon où tu veux », « Stationnement interdit » ou « Abemous papam » etc. ) Rémi Gaillard réveille en nous l’enfant qui n'avait fait que s'assoupir ...
Allez, demain, moi aussi je vais faire un pied de nez aux convenances... un bon moyen d’éviter de se prendre au sérieux …et de se croire infaillible… 
Dès aujourd’hui, pourquoi ne pas penser à côté*  et devenir un OEO ( Objecteur Eclairé d'Obéissance ) !
Désobéir, n’est-ce pas le premier pas pour se « déconditionner » des carcans de toutes sortes ?


* citation extraite du site du joyeux « sale gosse » Rémi Gaillard :
www.nimportequi.com
* inventer, c’est penser à côté, disait Einstein

20 février 2008

Faut-il imaginer le pire ?

J'aurais la faiblesse de penser que oui ; le pire comme une hypothèse afin d'éviter les plaines de l'amertume, le pire comme la glace qui libérera la nature séquestrée au printemps, le pire comme avant-garde du meilleur…

18 février 2008

Peut-on mourir en rêve ?

Hier, dans mon rêve, j'aurais pu y passer ! Trois hommes me poursuivaient, décidés à me tuer ; pourquoi ? Je n'en sais rien ! J'ai crié à l'aide, plusieurs fois. Mon mari me soutient que c'est lui qui m'a sauvé la vie parce qu'il m'a parlé. Moi je lui ai répondu que je ne me devais la vie qu'à moi-même parce que si je n'avais pas crié, je ne me serais pas réveillée et j'aurais continué à courir encore et encore dans mon rêve. Mon mari veut avoir raison, moi aussi. A vrai dire, peu importe, l'essentiel c'est que je sois vivante.
En y réfléchissant, je me demande si c'est possible de mourir en rêve et dans la vraie vie en même temps. Est-ce que j'aurais pu ne pas me réveiller ? Je préfère ne plus y penser sinon je ne voudrai plus m'endormir…

17 février 2008

Je me souviens de vous…

Elle est là, assise sur son canapé sous la glace aux contours dorés. L’heure passe, deux réveils disposés non loin d’elle lui rappellent le temps qui la guette. Elle dit « Je suis contente de vous voir, je vous attendais », comme si elle avait passé sa journée à attendre le bruit de mes pas. Je la crois. Le chat s’éloigne, l’air malveillant. Je le gêne. Il quitte la chaise recouverte d’un drap couleur poils. Je m’y assieds, c’est comme un rituel. Elle me parle d’elle et son oreille siffle – « encore cet appareil » - me dit-elle et elle soupire en opérant une pression vigoureuse de sa main gauche sur le bord inférieur de l’oreille. « Il  me laissera donc jamais en paix, c’est quelque chose ! » L’oreille siffleuse se calme. Jamais de silences entre nous. Elle bavarde - de tout - pour oublier le temps qui lui n’oublie rien. Parfois elle reprend sa respiration, oppressée. Je lui pose une nouvelle question et elle se repeuple de mots. Ce qu’elle ne peut plus faire, elle en parle.  Pas d’apitoiement. Elle se sent diminuer, elle le dit. Marcher jusqu’à la grille la fatigue – « Vous ne voudriez pas aller voir si j’ai du courrier ? » Aller chercher le plat pour les chats dans le réduit infesté de mouches l’épuise, j’y vais, il s’en dégage  une odeur d’urine et de pâté qui avant m’obligeait à retenir ma respiration. Je me suis habituée aux odeurs, celles du réduit et celles de la maison. Au début, elles me prenaient à la gorge. Une gamelle de nouilles devant la cuisinière, une de pâté pour chats devant l’évier, le chat est roi. Parfois elle a un geste d’énervement envers ses compagnons – « Allez, va t’en vilain matou ». Elle en chasse un, un autre arrive. A qui sont-ils ?
Elle est menue sur le canapé passé, une souris. Des gestes lents. Un vieux tricot rose, une jupe vert émeraude à rayures noires et ses chaussons avachis, éternels. Relents de souvenirs dans le salon désuet. « Je vous ai déjà dit que j’ai été élevée par un évêque ? » Elle a eu une belle vie, même si ses parents sont morts quand elle avait 7 ans. Des jeudi et des week-ends passés à l’Évêché – « Il était pas commode, mais c’était une bonne personne " – une vie de fête pour une petite fille – « J’en ai connu du beau monde, des comtes, un ministre, des princes... » – des images la font sourire ; îlots d’enfance exilée.
Elle veut écrire ses mémoires. Le cahier repose sur la table de nuit dans sa chambre. La semaine dernière je l’ai ouvert pour y écrire une phrase. Juste lui donner envie… Ses mains veinées, ses doigts noueux d’arthrose refusent le stylo. Elle veut bien essayer mais pas de courage. « Demain, je le ferai, demain. »  Aujourd’hui elle est contente, quelques lignes ont été écorchées sur le grand cahier des mémoires. Fatiguée, elle s’est arrêtée. Et puis maintenant elle n’a plus la force avec ses malaises qui la prennent n’importe quand - « Ah j’en gagne pas ! » La dernière fois elle n’a pas pu se relever de la marche où elle s’était assise. « Parfois, je me demande pourquoi je vis ! ». On se sourit, je lui dis qu’il y a les gens qui l’aiment et puis les chats, tous ces chats qui seraient malheureux si elle partait. « Je me demande comment c’est après ? » Moi aussi, mais dois-je le dire ? En riant je lui rappelle qu’elle me verra d’en haut et qu’on se fera coucou une fois par jour, tout ça en économisant le téléphone.
Un autre jour elle prépare son horrible pâté pour chat debout dans la cuisine. Son dos est voûtée et  fait une bosse  où sa tête se loge bien sagement. Elle aplatit sa pâté du dos de la fourchette. Aujourd’hui elle est triste, sa fille lui a fait des reproches, elle lui a même répondu « Je ne vais quand même pas me tuer pour te faire plaisir ! »
Quand on est vieux on vaporise la mort autour de soi, pour l’apprivoiser. On imagine qu’on mourra comme ci ou comme ça, dans son fauteuil ou dans son lit, le matin ou le soir, sans souffrance ou... Et les autres vous écoutent raconter la mort. Ça ne peut faire de mal à personnes les mots de la mort. Que des mots qui voyagent entre nous.
Elle se sent seule et elle a peur des longs blancs de l’après-midi. Pas de visite toute une après-midi, c’est long. La mort est son amant redouté, celui qu’elle a longtemps ignoré, orgueilleuse, mais qui la caresse dans le silence des longues après-midi où elle somnole. « J’y vois plus, si c’est pas malheureux ! Et ma fille qui veut pas que je me fasse opérer ! » Pas de consolation à apporter. Les enfants sont le prix à payer de notre vie sur terre. Reproches et ressentiments. La paix qu’on ne trouve pas dans notre famille, la trouve-t-on ailleurs ? Je lui assure que je lui écrirai pendant les vacances. Bien sûr qu’elle peut compter sur moi.
Aujourd’hui elle m’appelle au téléphone, elle a eu un malaise. Je la trouve sur son canapé, blanche, la poitrine oppressée. Quand elle me voit, elle sourit « Vous êtes gentille d’être venue, eux ils croient que je fais semblant pour qu’on s’occupe de moi. » Elle se tait, incapable d’en dire plus. Je m’assieds à côté d’elle et lui prend la main. Elle est chaude. Je lui souris. Surtout qu’elle ne parle pas, d’abord que la respiration se calme. Elle doit aimer ma main qui touche la sienne. De la tendresse à fleur de peau. Plus que des  mots. Peu à peu sa respiration reprend le fil de la vie « Vous savez je me demande ce qui me retient de ne pas ouvrir le gaz »,  je ne sais pas quoi répondre, j’écoute et  lui caresse la main. J’attends. « Je crois que ce qui m’a fait du mal c’est de penser qu’ils allaient me laisser seule ce week-end ». Elle se sent abandonnée, comme un chien laissé sur le bord de la route avant les vacances ; elle dérange. Pas de place pour elle. Comment arriver à oublier ce miroir de mort qui  est tendu ? L’abandon et la solitude, il faut apprendre à vivre avec eux, mais comment le dire ? On meurt seul. Elle le sait.
Le vendredi, c’est le jour du tiercé, notre secret – « Je ne le dis pas à ma fille, elle me gronderait ! » Je dépose le journal des courses sur la table et elle le saisit déjà. « On joue combien ? » Son enthousiasme est contagieux. Elle voit déjà le butin sur la table. Un trésor que sa fille ne pourra pas toucher, toujours ça de pris. Si je l’écoutais ce serait un quinté + en six chevaux. Raisonner le rêve est-ce possible ? J’avance l’argument de l’argent qu’elle n’a pas encore. Elle se résout, déçue, à ne faire qu'un tiercé « C’est quand même malheureux de demander l’aumône. Ah si on gagnait ! » Ses yeux verts-gris lissés d’un voile opaque s’animent. Je préfère ne pas lui rappeler que jusqu’à présent on a plus perdu que gagné ! Je rêve avec elle, si on gagne on partira dans une belle maison en bordure de mer, avec une terrasse abritée du vent où l’on installera nos deux chaises longues pour voir les couleurs de la mer. On y prendra notre thé, avec des gâteaux au chocolat à cinq heures. Elle sourit gentiment. Je vois à son regard que mon idée lui plaît. « Si ça pouvait arriver ! Et je le dirai pas à ma fille ! Je garderai tout pour moi ! »
Aujourd’hui, je lui  parle de mes petits malheurs quotidiens. Je lui raconte des scènes légères, il faut savoir parler de soi sans attrister. Elle sourit, hoche la tête compréhensive. J’ai entendu la grille du jardin s’ouvrir, c’est son petit-fils. Je m’éclipse. Surtout ne pas prendre trop de place. Il me salue et je referme la porte derrière moi. De la fenêtre de ma cuisine, je vois son crâne chauve qui fixe l’écran de télévision…

NB : texte que j'avais écrit à la mort de ma voisine

16 février 2008

Comment préserver ses souvenirs ?

Ne lavez jamais vos souvenirs ou si vous les lavez, préférez un savon doux, à la lavande ou à la cannelle. N’oubliez jamais que les lavages répétés, même à la main, risquent de donner aux couleurs originales des teintes que la mémoire ne  reconnaîtrait plus… et quand une mémoire se sent trahie, elle peut y perdre son âme !

PS : Ce billet a été inspiré par la lecture d' un texte de Coumarine sur sa poupée.

15 février 2008

Le MED

Elle faisait partie d’un mouvement dissident, le MED - Mouvement des Evadés du Désir – mais elle ne le disait à personne, de peur de choquer ceux chez qui le désir était au cœur de la vie. Elle avait décidé de rester vierge, non qu’elle eut souhaité se consacrer à Dieu – elle n’avait pas même été élevée dans la religion -  mais elle voulait avant tout se préserver du désir de l’autre, la peur d’être aspirée, sans doute.
Rien, ni dans son attitude, ni dans sa tenue, ni dans ses propos n’aurait pu éveiller les soupçons.
Quand on lui parlait de sexe et d’aventures - comme si vivre se résumait à « baiser » - elle se contentait de hocher la tête ; jusqu’au jour où elle la rencontra…

14 février 2008

Dis, quand reviendras-tu* ?

chien

Aujourd’hui, c’est dimanche, un dimanche gris et terne. D’habitude, avec lui, chaque dimanche est une fête : le matin, il se fait son café, il s’installe à l’ordinateur,  puis il lit Le Monde ou il corrige ses copies, et moi je reste couchée à ses côtés, heureuse. Mais ce matin, j’ai bien senti que quelque chose avait changé : il est longtemps resté assis sur son lit à se ronger consciencieusement les ongles… comme s’il était inquiet, mais de quoi ? Il ne m’a pas adressé la parole une seule fois et ses yeux étaient perdus dans le vague… Pourquoi ? Pas un seul regard pour moi, j’avais l’impression d’être un meuble.  Et tout ce temps qu’il a passé dans la salle de bain ! Quand j’ai voulu me glisser dans la pièce avec lui, comme d’habitude, il m’a  rabrouée d’une voix excédée « Va-t-en, tu vois pas que tu me gênes ! »
Depuis ce matin je me pose des questions... Quand il est sorti de la salle de bain, c’est à peine si je l’ai reconnu, sa coiffure avait changé, il sentait l’eau de toilette à plein nez et son regard était perdu, loin, loin, rien ne pouvait plus l’atteindre. Mais le pire, c’est quand il m’a fermé la porte de la maison au nez. « Toi, tu restes ici et tu gardes la maison ! » m’a-t-il intimé, et dans sa voix, il n’y avait plus d’amour.
Maintenant que la nuit tombe, je commence à m’inquiéter et je ne peux m’empêcher de regarder par la fenêtre qui donne sur la rue…Quand va-t-il revenir ? … Mais qu’est-ce que je vois là bas ? Est-ce que ce n’est pas lui qui s’avance…mais… mais il y a quelqu’un à ses côtés,  ils se donnent la main…  ils s’arrêtent, ils se regardent dans les yeux, ils s’embrassent… je le savais ; c’est une femme !

Photo gentiment prêtée par : http://objectif9.canalblog.com/

* titre d’une chanson de Barbara…
Cliquez sur ce lien pour écouter Barbara qui la chante :
http://www.dailymotion.com/video/x3ii9d_barbara-dis-quand-reviendras-tu_music

13 février 2008

Le Fado* du désespoir

Je le croise tous les jours - ou presque - et il  suffit que je lui serre la main pour qu’il s’épanche et me fasse part de l’état catastrophique du monde ! A croire qu’une simple pression des doigts met sa machine à plaintes en route : la droite – arrogante ; la gauche – incapable ;  les chômeurs - feignants  ; le jemenfoutisme – généralisé ; le respect – inexistant ; les transports – désastreux  ; ses voisins - épouvantables  ; sa famille – des ingrats ; son médecin - un incompétent  ; sa femme – un laxatif ; ses collègues de travail – des emmerdeurs ; son chef de bureau – un  médiocre !
Je me demande si, tout au fond de lui, il n’éprouverait pas une secrète jubilation à constater que tout va mal. Oui, tout va très mal, et tout ira de plus en plus mal, voilà d’où il tire sa force !

* Fado : musique portugaise, chantée par un(e) soliste accompagné (e) d’une guitare traditionnelle et d’une guitare portugaise ( guitare à douze cordes), souvent empreinte de nostalgie et de tristesse, bien qu’il existe des fados enlevés. Ecoutez ce fado chanté par Mariza, l’une des voix portugaises les plus belles du moment. D’autres préfèreront Ana Moura ou Cristina Branco ou Katia Guerreiro ou… mais Mariza a une telle présence, une telle force, que l’émotion est tout de suite là.

13 février 2008

Fabuloso e Arrepiante !!! Gente da minha terra - Mariza

12 février 2008

L’une et l'autre

bresson1Elle est assise à cette terrasse, mais elle aurait aussi bien pu s’asseoir ailleurs. Elle apprécie le soleil de ce début mai sur son visage. Ses yeux fixent un journal qu’elle ne lit même pas, c’est sa robe qui  l’inquiète : beaucoup trop courte. Une fois assise, elle se rend compte qu’elle remonte trop haut sur ses jambes minces. Elle n’ose plus bouger. Son pied gauche, nerveux,  se bloque sous le siège  et ses yeux balaient, indifférents, le journal qu’elle a placé devant elle pour oublier le glissement imperceptible de la robe le long de ses cuisses. Elle n’aurait jamais dû la mettre, mais à quoi bon acheter une robe-mode si c’est pour la reléguer aussitôt au fond d’une armoire ? Elle s’est pourtant regardée dix, quinze, vingt fois dans la glace avant de se décider à l’étrenner. Elle a juste oublié un détail : l’épreuve de la chaise. Comment s’asseoir avec une mini-jupe  sans que la position ne devienne obscène ? Un détail oublié, un seul, et sa journée devient un enfer. Le plaisir de la terrasse ouverte au soleil se transforme en cauchemar vestimentaire. Et puis il y a cette vieille, à  droite, toute auréolée des vertus de son âge, qui l’observe de l’intérieur de son ridicule petit tailleur à fleurs fanées...

Elle s’est assise à cette terrasse pour que le premier soleil de mai réchauffe sa frileuse pâleur que l’hiver interminable a condamné à son trois pièces surchauffé place des Ternes. Elle a installé devant elle son journal-alibi et  jette de rapides coups d’œil de droite et de gauche pour vérifier que la vie est là, tout près, et que si elle voulait, elle pourrait la saisir dans sa main veinée de bleu, mais elle est trop vieille. Elle se contente de  guetter les gens derrière son journal. Maintenant elle ne parle presque plus, juste ce qu’il faut pour ne pas perdre l’habitude des mots, c’est malgré tout utile les mots. Elle sent son caniche Félix sous la table, son poil doux  caresse ses jambes fatiguées et elle se sent rassurée. C’est Félix qui lui donne du courage, il attend patiemment les ordres de sa maîtresse, confiant. A lui, elle parle encore. Elle lui tient même de longs monologues sur la vie. Félix répond, parfois. Soudain son regard s’arrête sur la jeune fille de gauche, un peu empruntée dans sa minijupe trop courte. Elle l’observe à petites gorgées avides. Elle est adorable, et tellement fragile ! Assurément elle n’a  froid ni aux yeux, ni aux cuisses. Elle regrette un instant sa  jeunesse envolée, ses rêves oubliés ; ses yeux s’embuent mais sa dignité l’oblige à retenir des larmes qui ne servent plus à rien. Elle se sent presque prête à parler à la jeune fille pour lui dire qu’elle la trouve belle, qu’elle l’envie, qu’elle aussi a été jeune, un jour, mais elle se ravise. A quoi bon... ? Est-ce que les jeunes aiment parler aux vieux ?

* cette photo est de Henri Cartier Bresson

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