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Presquevoix...
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21 décembre 2006

Fêtes et jeûne

Et si on jeûnait pour les fêtes ? C’est la question que je me pose à chaque repas de fête, lorsque je sors de table ballonnée, le rot au bord des lèvres, la bouche prête à vomir la bûche, le foie gras et la dinde. Il m’arrive même parfois de manger plus que je ne peux, juste par solidarité avec la maîtresse de maison désemparée, qui se lamente de tous les restes qu’elle devra jeter si on ne l'aide pas un peu ! Quand la solidarité en est là, on a du souci à se faire, je vous le dis… Et si je créais le MJFFA (mouvement pour le jeûne pendant les fêtes de fin d’année) ? Je crois que je me ferais assassiner par les commerçants et le gouvernement parce qu’il faut consommer ! Sans consommation, pas de croissance, sans croissance, pas d’emploi, et sans emploi, on marche droit vers le suicide… enfin, c’est ce que je comprends quand j’écoute les médias !

20 décembre 2006

On m’a retourné la lettre que j’avais envoyée à Jim

On m’a retourné la lettre que j’avais envoyée à Jim ! Je regarde cette enveloppe où la mention « personne inconnue à cette adresse » est inscrite en lettres manuscrites. Je pense aux mots que j’avais patiemment cherchés dans le dictionnaire, aux phrases difficilement élaborées et à mes hésitations quant aux tournures de style. J’avais laissé le texte reposer quelques jours, l’idée étant de le relire et d’y trouver toutes les imperfections que mes yeux auraient laissés échapper. J’y avais mis des mots d’amour et j’avais l’illusion d’y avoir laissé percer mes angoisses, nos regrets et notre espoir de le revoir. J’avais ensuite choisi un papier de qualité, couleur « coquille d’œuf » et pris ma plus belle plume pour déposer sur la page l’appel qui, j’espérais, allait toucher son cœur. J’avais ensuite été apporter ce courrier porteur d’espérance directement à la poste et je sens encore en moi le picotement d’excitation qui m’avait envahi en glissant l’enveloppe dans la fente.

Je tourne et retourne la lettre, je la porte à mon nez, je la renifle pour y détecter les odeurs de son voyage, imaginer la main qui a tracé le verdict sans retour des mots ravageurs.

- Léonie, tu as pris le courrier ?

Brusquement ramenée à la réalité, je cache d’un réflexe absurde la lettre derrière mon dos avant de réaliser la stupidité d’un tel comportement.

- Rien d’intéressant Mamie, juste des publicités. Je t’apporte ta tisane, j’arrive !

Je me dirige vers la cuisine et je pose l’enveloppe sur le plan de travail en marbre noir. Je prépare le plateau, dispose la tasse, le sucre et les médicaments dans le petit godet rouge prévu à cet effet. Alors que je pénètre dans la chambre, Mamie tourne sa tête vers moi.

- Toujours rien, hein ? Il ne viendra plus.

Deux larmes coulent sur ses joues ridées comme la peau d’une vieille pomme oubliée dans la cave. Mon cœur se serre mais je ne dis rien. Je lui sers sa tisane, lui donne un à un ses médicaments et repars ensuite avec mon plateau la laissant seule avec sa tristesse. La lettre brille de tout son éclat morbide et j’ai une envie soudaine de la déchirer pour en faire des confettis. Je pose mon plateau, m’assieds sur un tabouret et je me prends la tête entre les mains. A mon tour d’avoir les yeux humides !

20 décembre 2006

Sans Papiers, Expulsions et RESF

Pour lutter contre les expulsions, vous pouvez adhérer à la liste de diffusion du RESF  ( http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/resf.info). Vous manifesterez ainsi votre soutien aux personnes en danger d’expulsion en envoyant fax et mail aux ministres, secrétaires, préfets… enfin à tout ce que la France compte d’Entités Administratives Responsables !

Si on y pense bien, d’ailleurs, c’est préoccupant cette manie qu’on a, en France,  d’expulser. On expulse tellement, qu’on a même  expulsé des touristes qui ne demandaient qu’à revenir dans leur pays… Heureusement que notre compagnie nationale AIR FRANCE se montre à la hauteur de tous ces départs sur le pouce !

19 décembre 2006

SDF volontaires

Oui, belle initiative que d’inviter les « bien logés parisiens » à dormir sous une tente pour faire comme si... En ce qui me concerne, je me porterais  volontaire, mais pas plus de deux heures ; seulement, je n’habite pas Paris… Je verrais bien, sur les quais de la Seine, sous ces petites tentes alignées, juste pour deux petites heures hivernales, quelques « bien logés » comme M. Chirac, M. Sarkozy, Mme Alliot-Marie, M. Douste-Blazy, M. de Villepin, M. Lang, Mme Royal, M. Hollande, M. Strauss Kahn et bien d’autres encore… Et, après cette petite expérience rafraîchissante, ils pourraient se retrouver devant un bon feu de camp où ils discuteraient - le bol de soupe réchauffant leurs mains rougies par le froid - de la place des plus démunis dans notre société. Je pense que cela ferait sérieusement avancer ce dossier encore inexistant…

18 décembre 2006

Toilettes publiques et politiques publiques

La quasi-absence de Toilettes publiques gratuites – et de douches publiques - dans les villes me choque. Comment fait-on quand on est SDF, touriste, visiteur occasionnel, ou quand on arpente les rues de sa propre ville et qu’on est pris d’une envie pressante ? Ben c’est simple, on  fait pas !

Pourtant, les Toilettes publiques obéiraient à deux « grandes orientations » revendiquées par ceux qui nous gouvernent ou souhaitent nous gouverner  : la création d’emplois et la solidarité… Parce que « chier » dans la rue – comme j’ai vu certains le faire parce qu’ils sont Sans Domicile Fixe -  c’est humiliant, dégradant et ça relègue l’homme au niveau de la bête !

Allez, c’est dit, dès demain, je crée le MCTP (Mouvement pour la Création de Toilettes Publiques), peut-être le début d’un vaste programme présidentiel qui ne serait pas en dessous de ce que j’entends parfois de la part de certains présidentiables…

17 décembre 2006

Adam et Eve

Adam avait attendu son plat pendant 15 longues minutes, mais il ne le regrettait pas car il n’avait jamais ressenti une telle jouissance en mangeant des tripes. La jouissance devait certainement être proportionnelle à la longueur de l’attente…
Lorsque son plat arriva, il fut presque sur le point de faire une réflexion au serveur – un « con » qui ne savait même pas servir le vin - mais la vue des tripes lui fit oublier son agacement : coupées en fines lanières, elles étaient disposées, dans le fond d’une assiette en terre cuite brune, en un petit mont de Vénus adroitement érigé ; elles étaient presque belles, entourées de carottes et d’oignons en rondelles, nappées d’une sauce que le bouquet garni, l'ail écrasé, les clous de girofle et une pincée de poivre devaient merveilleusement relever. Pour qu’un pareil fumet se dégage, elles avaient certainement du être mouillées à l’Armagnac.
Il avait hâte de goûter le premier morceau, mais sa compagne lui intima, l’air froissé, un « Pas trop vite s’il te plaît ! », qui l’obligea à tempérer le désir qui brûlait son palais. Le regard câlin, elle sourit en découvrant de jolies perles nacrées, « Il suffit de penser au plaisir de l’autre et à ce moment là… », mais Eve ne termina pas sa phrase car  le serveur déposait déjà devant elle les rognons sauce madère qu’elle avait commandés. Ils étaient recouverts d’un délicat coulis de poivrons rouges qui donnait au plat un parfum troublant, sans parler de l’odeur prononcée de moutarde qui excitait déjà ses papilles.  « Des couilles au poivron rouge ! », pensa-t-elle, amusée de sa vulgarité, tout en se réjouissant que ce repas eût  la couleur des vergers interdits.
Adam dégusta la première bouchée avant elle, mais Eve ne lui en voulut pas. Ils savouraient maintenant ensemble chacune de leurs bouchées, attentifs au plaisir de l’autre. Les chairs étaient mâchées délicatement mais, en quelques minutes, il ne resta rien du petit mont de Vénus que la jeune bouche d’Adam, légèrement brillante de salive, avait fini par engloutir. Eve, surprise par la fermeté des rognons, devait les garder longuement en bouche, avant de pouvoir les avaler, mais la sauce exquise, lui faisait oublier cet inconvénient majeur.
Adam, abîmée dans l’admiration de sa compagne – ses connaissances en littérature comparée étaient extraordinaires - attendit patiemment qu’elle eût terminé son plat avant de lui faire une proposition qu’Eve interpréta comme une invitation déguisée au sexe, mais elle se tut ; sa culture n’avait d’égale que sa discrétion.

17 décembre 2006

Sexe et Statistiques

En  observant les statistiques de notre blog ainsi que les mots-clefs utilisés  pour arriver jusqu’à nous, nous avons constaté que les mots  « culotte », « pénis », « gros seins »… -  utilisés dans trois de nos textes - avaient fait atterrir  par erreur sur  « Presquevoix » des visiteurs aiguillés par le moteur de recherche  Google.  En guise de clin d’œil  pour tous les visiteurs déçus, nous avons décidé d’écrire chacune un texte où  nous utiliserons 12 expressions à forte connotation sexuelle, mais que parfois  nous pourrons détourner, histoire d’en sourire...

17 décembre 2006

Parler ou écrire ?

« Écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu. » disait Jules Renard. Belle formule où je me reconnais. Dans le tourbillon de l’instant, rien ne me vient à l’esprit, je suis fade, terne, désespérément ennuyeuse, ma conversation est d’une morosité à faire peur et les réfutations ou arguments de mes vis à vis me laissent sans voix ou me rendent agressive. Face à l’espoir de la page blanche, j’ai l’impression extraordinaire d’être deux fois moins con…

16 décembre 2006

ET si je tombais sur moi?

-          Je m’embête.

-          On joue ?

-          Oui mais à quoi ?

-          Aux gendarmes et aux voleurs ?

-          Non, c’est toujours moi le voleur.

-          Alors…à cache-cache ?

-          Non.

-          Pourquoi ?

-          J’ai peur.

-          Peur de quoi ?

-          Peur des fantômes…

-          Des fantômes ? Mais ça n’existe pas les fantômes.

-          Si ça existe, ils sont cachés dans les armoires, sous les lits, derrières les rideaux, dans les greniers, même dans les placards.

Les deux enfants sont assis, le dos contre le mur, les jambes repliées, les coudes sur les genoux. La fille a un air interrogateur, le garçon un air buté. Elle demande.

-          Tu en as déjà vu pour de vrai ?

-          Non mais je sais qu’ils existent, je les sens, parfois même je les entends.

-          Comment tu fais pour les sentir et les entendre ? demande en riant la fille.

-          Facile. Les fantômes sentent la poussière, le vieux meuble et l’odeur d’une cave humide pleine de moisissures.

-          C’est normal quand tu es dans la cave.

Le garçon se tourne vers elle et rétorque.

-          Dans une cave, oui mais pas dans ma chambre, ni dans celle de mes parents, ni dans celle de ma sœur.

La fille reste silencieuse un moment et ajoute.

-          Et tu les entends comment ?

-          Des raclements sur le plancher ! Mais j’ai tellement peur que j’ose pas aller regarder.

-          Pourquoi, tu saurais, plus de doutes !

-          Non je veux pas !

-          De quoi t’as peur ?

Le garçon se tourne vers sa compagne et murmure.

-          Et si je tombais sur moi ?

16 décembre 2006

Ma seule réponse...

Ma seule réponse fut le claquement de la porte dont j'accompagnai mon départ. J'hésitais sur la marche à suivre mais je savais que si j'entrais à nouveau dans sa chambre, nous allions en venir aux mains. Je décidai donc de partir pour me calmer.

Une fois changée,  mes baskets aux pieds,  je pris mon baladeur et je m'élançai sur les chemins alentours. Pendant presque une heure, le rythme de mes pas sur le macadam accompagnait mes pensées au son de la musique. Je ne voulais penser à rien mais des flashs de mots, des phrases échangées perturbaient ma vue. Progressivement, j'arrivais à faire le vide, à libérer ma hargne, mais mon trop plein de paroles assassines  n'auraient pas manqué de toucher là où ça faisait mal.

Les joues rouges, le souffle bruyant, le cheveu défait et le t-shirt mouillé, je revins chez moi apaisée et libérée. L'effort soutenu avait fait son effet, le temps et le dépaysement également. Trois grands verres d'eau et une douche plus tard, j'hésitais sur la suite à donner à cette dispute. En parler ou au contraire ignorer ? Deux choix qui me faisaient peur, moi qui n'aime pas choisir.

Alors que je me posais ces questions, la porte s'ouvrit et Stéphanie sortit de sa chambre. Ses yeux encore humides et rouges étaient les témoins de l'émotion que notre conversation avait soulevée. Nous nous regardions  les sourcils froncés et le regard dur. Après ma course, j'apparaissais calme et sereine. Ce n'était pas le cas de mon adolescente de fille et je me sentais fautive. Pourquoi ?

J'avais la position forte, celle du parent et de l'adulte, j'étais celle qui savait, qui détenait la vérité. Et pourtant. Savait-elle les doutes, les hésitations, les controverses, les incertitudes que ce métier de parent suscitait tous les jours en moi ? Savait-elle mes émois quand je disais « non » et que ses yeux m'assassinaient ? Imaginait-elle mes peurs quand je la voyais s'éloigner pour se construire, seule, et sans moi ? Etait-elle à même de réaliser que malgré ma fierté de la voir devenir belle, femme et épanouie, je tremblais à l'idée qu'elle puisse endurer des peines et des malheurs ?

Et elle, que pensait-elle de moi à cette minute, à cet instant précis ?

Toujours face à face, nous nous regardions. J'ébauchai un sourire, ses yeux se mirent à briller et je lui ouvris mes bras. Enlacées, nous ne parlions plus, j'étais soulagée, elle aussi je crois

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