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Presquevoix...

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16 mars 2012

Le pari

P7260055Tous deux contemplaient la ville de l’autre côté du fleuve ; tout est toujours plus beau de l’autre côté se disait Pedro. Oui, tout renaissait parce que la lumière retirait à la ville la crasse qui d’habitude l’assombrissait. Soudain,  son ami lui annonça d’une voix froide.


- Tu sautes du haut du pont, ce soir !
- C’est tout ce que tu as trouvé ? Répondit Pedro.


L’autre lui lança un regard courroucé.


- De toute façon, on a parié et tu as perdu


Pedro embrassa tendrement la ville du regard. Après tout, pourquoi pas ! Qui le regretterait ? Elle ? Certainement pas, elle ne voulait pas choisir. Et c’est bien parce qu’elle ne voulait pas choisir qu’ils avaient fait ce pari stupide : l’un d’entre eux devait disparaître.


PS : texte écrit à partir de cette photo prise à Porto par C.V. en 2008

15 mars 2012

Facebook

Il avait fait un accident cardiaque et avait été transporté d’urgence à l’hôpital. Trois jours plus tard, il  parlait en long et en large de son aventure cardiaque sur Facebook…

14 mars 2012

Les moutons

Aujourd'hui, j'ai ramassé un mouton de poussière juste à côté de la table de chevet. Bien mal m’en a pris, en me baissant j’en ai trouvé un autre, puis un autre et encore un autre et j’ai passé ma matinée à plat ventre, en train de ramasser des moutons. Du coup, je me suis couchée tôt, épuisée. Pourtant, à minuit, je ne dormais toujours pas. En désespoir de cause, j’ai commencé à compter les moutons…

13 mars 2012

Lettre anonyme

Mon amour,

Oui, c’est à toi que cette lettre est destinée.
 
Personne ne te connait mieux que moi. Je suis le vent qui agite les voiles de lin aux fenêtres de ta chambre. Combien de fois mes yeux ont parcouru ton corps. Tu ne me crois pas ? Pourtant je n’ai pas inventé ce grain de beauté blotti  au creux  de ton nombril, ni cette cicatrice scintillante que ma bouche parfois dessine dans la douceur de la nuit.

Je sens que tu as peur. Peut-être même as-tu déjà fermé ta porte à double tour et tiré les rideaux. Mais rassure-toi, jamais je ne te ferai de mal. Je me contenterai de te regarder en silence, comme je le fais depuis si longtemps.

Maintenant, chaque nuit, dans la transparence de tes draps bleus, tu penseras à moi, à ces mots qui ont souvent caressé ton corps avant que je ne les couche sur ce papier glissé sous ta porte. Sans doute suis-je un fantôme qui glisse sur les êtres et les choses sans que ma trace ne s’inscrive nulle part. On dit souvent que les fantômes savent de l’amour des choses que les hommes ignorent. Il paraît même que sous le souffle de leur désir les forêts virginales ruissellent de jouissance. Je crois que je suis de ceux-là...

Surtout, ne cherche pas à savoir qui je suis ou le charme se romprait. J'attendrai dans le silence de l’ombre...

Le fantôme anonyme

PS : texte écrit dans le cadre des impromptus littéraires

12 mars 2012

Le bouton

Elle ne voulait plus sortir. Tout ça, à  cause de  ce bouton énorme qu’elle voyait sur le bout de son nez, sans même se regarder dans la glace. Cela faisait une semaine qu’elle restait cloîtrée et  hors de question de mettre le pied au lycée ! Elle ne voulait pas être la risée de tous…

11 mars 2012

Le rêve

Aujourd’hui, au petit déjeuner, j’ai dit à mon mari qu’il avait fait une apparition dans mon dernier rêve. Il m’a tout de suite demandé.
-    Et j’ai servi à quoi ?
-    Oh, tu étais figurant, lui ai-je répondu évasive.
Il n'a rien rétorqué, mais en voyant sa mine déconfite, j’ai eu un énorme sentiment de culpabilité. Il faudra que je surveille mieux mes rêves…

10 mars 2012

Les bornes

Son voisin avait fait installer deux bornes blanches – phosphorescentes – en plus du marquage au sol. Le panneau interdiction de stationner et le mot apposé sur la porte – " vous êtes priés de respecter le marquage au sol " -  n’avaient pas dissuadé certains automobilistes de déborder.
A chaque fois qu’elle observait sa porte de garage -  le matin, en se brossant les dents derrière les rideaux de sa salle de bain - elle se demandait quelle serait la prochaine étape. Elle en ressentait d’ailleurs une certaine anxiété car son mari avait émis l’idée – insensée, il est vrai -  de défoncer l’une de ses bornes avec le pare choc avant de sa voiture… Ne dépassait-il pas les bornes ?

PS : petit hommage à mon voisin, borné ou pas…

9 mars 2012

Le vide

Elle lisait et relisait pour combler un vide qui ne se comblait jamais. A cinquante ans, elle décida de ne plus lire, mais elle s’approcha si près du gouffre qu’elle fut aspirée par le vide…

8 mars 2012

Le rêve

Portugal avril 2011 137Il apparaissait dans l’ombre de ses rêves et soit il voulait la dévorer, soit la violer. A chaque fois, elle réussissait à  lui échapper en se réveillant, sauf cette nuit-là. Ses bras l’enserrèrent, ses pieds d’écailles s’arrimèrent à ses jambes et ils roulèrent dans les flots d’une mer transparente.  Quand le coquillage se referma sur elle, elle ne savait plus ni qui elle était, ni où elle était. Le jour où elle donna naissance à son premier enfant, elle se souvint, mais il était trop tard...

PS : texte écrit à partir de cette photo prise par R. B. au Palacio da Pena, à Sintra.

 

7 mars 2012

Le dérouleur de papier toilette

Dans ses toilettes, elle avait  installé un dérouleur de papier toilette sonore et à chaque fois que des invités venaient, elle prenait un malin plaisir à enregistrer un message personnalisé.

La dernière fois que son mari avait invité  les Duplantier – un couple pour lequel sa cote d’amitié avait chuté depuis qu’elle savait qu’ils se préparaient à voter Sarkozy aux prochaines présidentielles  -  elle avait enregistré le message suivant de sa plus belle voix d’hôtesse de l’air :

« En raison des mesures de restrictions budgétaires, nous demandons à chaque citoyen Sarkoziste qui passera par cette cuvette de bien vouloir utiliser le moins de papier possible et le moins d’eau possible. »

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