Avatar
La vie de Rémi ne tenait qu’à un squelette, son confident, sa tête de proue, son phare. Personne ne voyait ce squelette, à part ceux qui avaient eux-mêmes pour ami un squelette et qui, parfois, s’adressaient à Rémi avec des questions simples, toujours les mêmes : Vous vous êtes connus il y a longtemps ? Vous parlez de tout ? Et de quoi, surtout ? Et la nuit, plus de cauchemars ? Votre squelette est-il jaloux ? etc.
Depuis que ce squelette – il l’appelait Avatar – était entré dans sa vie, rien n’avait changé de l’extérieur - toujours aussi bedonnant, triste et vouté - mais de l’intérieur, quelles transformations ! Certes il aurait souhaité que l’intérieur résonne à l’extérieur avec quelques touches impressionnistes de gaieté et d’esprit. Hélas, non, l’extérieur l’entourait toujours de grisaille.
- Change de couleurs de vêtements, lui avait suggéré Avatar. Un peu de bleu ciel, peut-être, ou de vert.
Impossible, ce chemin ne lui seyait pas.
- Essaie de sourire, avait-il ajouté un jour.
Impossible aussi, ses lèvres suivaient toujours ce chemin d’affaissement de gauche et de droite. Avatar ne suggéra donc plus rien, et leur couple suivit une vie douce et apaisante jusqu’au jour où Rémi rencontra Frida. Mais moi, narratrice, je ne vous dirai rien d’elle, Avatar me l’a formellement interdit et toute confidence pourrait me mener sur le chemin de l’extinction de l’imagination…
PS : photo prise par CV. Prochain texte, mercredi.