L’utopie
Le père s’est arrêté devant la peinture murale avant de commencer la longue phrase qu’il voulait adresser à son fils.
- C’est simple, tu vois, l’utopie. Tu as une direction et un kilométrage ; le seul problème c’est que le kilométrage change en permanence et que jusqu’à présent, personne n’a pu atteindre ce lieu-dit.
- Et lui, c’est qui ? a ajouté l’enfant.
Le père a regardé son fils avec tristesse, a respiré longuement et s’est résigné à préciser.
- Lui, c’est Peter Pan. Tu le connais non ? C’est l’enfant qui restera enfant à tout jamais. Celui qui sait que rêver est un art, comme l’utopie, et que rêver est la seule façon de ne pas être adulte à jamais.
- Forcément je connais Peter Pan, mais je comprends pas ce que tu dis.
Le père a soupiré, a caressé les cheveux de l’enfant et a fini par dire d’une voix qu’il pensait intelligible.
- L’utopie est le pays où l’on n’arrive jamais, voilà, c’est tout.
L’enfant a levé les yeux au ciel, puis a fini par dire.
- On va être en retard au cinéma. Tu viens ?
PS : photo prêtée par Mado. Prochain texte, mardi.