Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
26 mars 2023

L’incroyable boutique

Comme je disais à mon amie que j’avais souvent peur, elle m’avait répondu.

-          Pourquoi ne t’achètes-tu pas un tords-peurs ?

-          C’est quoi ce truc ?

-          Eh bien c’est une ceinture que tu peux serrer à ta taille, et tu essaies de la serrer le plus possible afin que les peurs disparaissent.

-          Et t’achètes ça où ? Je suis prête à tout.

Je n’aurais pas dû lui dire que j’étais prête à tout. Erreur, grave erreur. Quand je suis entrée dans la boutique, un endroit sombre qui avait pour seul éclairage trois petites lanternes, j’ai ressenti des frissons dans le dos. Il n’y avait personne. J’ai donc crié.

-          Il y a quelqu’un ?

Un homme est arrivé, grand, maigre, brun, le visage long et pâle, si pâle que j’ai eu l’impression qu’il revenait d’un long séjour dans les territoires sombres de la terre. Sa voix était excessivement grave.

-          Madame ? Que puis-je pour vous ?

-          Je voudrais un tords-peur s’il vous plaît. Une amie m’a dit que vous en vendiez et que c’était très efficace.

-          Puis-je vous demander de quelles peurs il s’agit ?

-          De peurs nocturnes.

A ce moment-là, il a poussé un tel cri qu’elle a sursauté.

-          Désolé, je vous ai fait peur. Mais je me disais que pour les peurs nocturnes, le tords-peur n’était pas suffisant. Il faut aussi une urne nocturne, c’est plus sûr.

-          Pourriez-vous me montrer le tords-peur et l’urne en me donnant leur prix, bien sûr.

-          Parfait. Attendez un instant. Je descends à la cave car je n’en ai pas en magasin.

Elle s’est demandé s’il allait revenir. Cette cave, était-ça la raison de son extrême pâleur ? Dix minutes plus tard, il a surgi haletant, ses trophées à la main. Cette fois-ci ses joues avaient une autre couleur, un léger rouge pâle. Pourquoi ?

-          Vous allez-voir avec cette urne, vos peurs vont se sentir à leur place. Voici aussi la ceintures aux dix trous, et puis, pour le modique prix de deux cents euros pour les deux objets, je vous offre un sac à mots, sac que vous pouvez fermer avec ce délicat petit cordon rouge.

-          Parfait. Et c’est votre dernier prix ?

-          Oui, vous savez, ma boutique est unique. Inutile d’aller chercher sur internet. Introuvable. D’ailleurs, vous avez remarqué que ma boutique s’appelle « l’incontournable » ?

-          Oui, oui, a-t-elle bafouillé.

-          Et en plus, faites-moi confiance, ici, c’est satisfait ou remboursé de moitié au bout de neuf mois, si problème il y a.

-          Très bien a-t-elle chuchoté.

Elle lui a fait un chèque, puis est partie immédiatement. Depuis qu’elle avait ces objets, son comportement avait changé, et à tel point, qu’on ne la reconnaissait plus. Elle était devenue maigre, très maigre et avait un visage pâle, si pâle que maintenant elle faisait peur à ses enfants…

 

PS : prochain texte, jeudi.

Commentaires
A
Ah ! Enfin ! Alan Edgar Poe au féminin !<br /> <br /> On attend la suite…
Répondre
D
Rue des caves obscures... il suffit d'éclairer sa propre lanterne et les peurs perpétuelles s'évanouissent... :-)
Répondre
W
Une ceinture-vampire et des cendres de Dracula sans doute... ;-)
Répondre
P
On dirait vraiment une histoire sortie d'un recueil de nouvelles fantastiques, j'adore...
Répondre
A
c'est bon pour le commerce du bonhomme, cette "contagion", je parie qu'il est Hollandais<br /> <br /> (désolée, je surfe sur cette vague-là, en ce moment ;-) )
Répondre
Presquevoix...
Newsletter
8 abonnés