Les certitudes
« J’aime les gens qui doutent », disait-il souvent en conseil des ministres, en conseil de défense sanitaire ou lors de ses nombreuses soirées confinées avec son épouse. Celle-ci souvent l’interrogeait.
- Et toi, tu doutes ?
Question à laquelle il répondait invariablement : Comment peut-ton identifier le doute avec certitude ?*
La dernière fois, il avait ajouté à cette interrogation rituelle.
- Oui, tu vois, j’ai des doutes sur la RGPP (Réduction Générale des Politiques Publiques). Je me demande s’il ne faudrait pas la transformer.
- En quoi ? demanda son épouse.
- En SGDP, c’est-à-dire une Suppression Générale des Dépenses Publiques.
- Mais tu es complètement fou, rétorqua-t-elle, si tu fais ça ce sera la fin, la fin de notre vie à l’Elysée, la fin de ta Présidence, la fin de tout !
A ce moment là, elle remarqua qu’il avait eu exactement ce sourire qui l’avait séduite au temps du théâtre de sa jeunesse. Mais aujourd’hui, enfermé dans son théâtre de certitudes, il ne séduisait plus personne à part lui-même.
Saus doute saurait-il – trop tard – que l’absence de doute et d’écoute est parfois mortelle. Et, d’ailleurs, quand il aurait disparu, qui dirait en pensant à lui : « Merci d’avoir vécu* » ?
*citation de Raymond Devos
* « j’aime les gens qui doutent » et « merci d’avoir vécu », deux citations extraites de cette belle chanson d’Ane Sylvestre.
PS : prochain texte, lundi.