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21 décembre 2015

Noël

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Depuis 10 jours, tout le monde lui demandait ce qu'elle ferait à Noël. Mais qu'est-ce que ça pouvait  bien leur faire à tous ? Pourquoi lui demandaient-ils ça alors qu'ils s'en fichaient complètement, que la seule chose dont ils se souciaient, c'était d'eux ?

A la quinzième question identique - avait-elle choisi inconsciemment sa victime ? -  elle répondit énervée.

- Ecoute, à Noël, comme tous les ans, je vais rester chez moi. Pas de  famille, pas d'amis, pas de sortie, télé et au lit. Tu vois,  si c’est ça que tu voulais savoir, tu auras un Noël beaucoup plus heureux que le mien ! Tu veux aussi savoir comment je vais passer le nouvel an ?

Son collègue resta pétrifié. Elle sourit intérieurement, satisfaite de l’effet produit. Elle allait  partir quand il articula péniblement, comme sous l’effet d’anxiolytiques.

-          Eh bien justement, je voulais te demander si tu voulais passer Noël avec moi ?  Ne te crois pas obligée de me répondre tout de suite

-          Quoi, dit-elle médusée, tu veux que je vienne dans ta famille ?

-          Je n’ai pas de famille.

Elle aurait pu répondre oui, tout de suite, mais sa misanthropie profonde la privait de toute spontanéité. Elle l’observa à la dérobée. Certes, elle le trouvait plutôt agréable dans l'ensemble, mais toute une soirée avec lui, ne serait-ce pas insoutenable ? Et de quoi parleraient-ils ? Parce que ce ne serait pas comme au bureau où elle se contentait d’échanges stéréotypés. Et n’exigerait-il pas d’elle des choses qu’elle ne pourrait donner ?

-          Je te préviens, je suis un peu misanthrope, asséna-t-elle.

-          Moi aussi, répondit-il.

-          Et puis je déteste cuisiner.

-          Pas de problème.

-          Et surtout, je n’éprouve aucun sentiment particulier pour toi, crut-elle bon d’ajouter.

-          Pas grave.

-          Tu es sûr ?

-          Mais oui. D’abord, tu n’es pas mon genre, si cela peut te rassurer.

Elle accusa le coup et répondit.

-          Bon, très bien.

Il lui donna son adresse et l’heure d’arrivée, puis ajouta.

-          Tu peux apporter une bouteille de vin, à moins que tu ne sois hostile à toute consommation d’alcool.

Elle sourit.

-          Sans vin, je risque d’être limite hostile, il vaut mieux que j’apporte une bouteille, voire deux.

Et elle partit rapidement, de peur de changer d’avis…

 

PS : Photo prise par GB. La place de la cathédrale, à Rouen, version fêtes de fin d'année. Le prochain texte sera mis en ligne le 26 décembre.

Commentaires
D
Réveillon(s)-les...<br /> <br /> L'alcool aidant, tout ça va se terminer de manière imprévisible...<br /> <br /> <br /> <br /> Bonnes fêtes non enrouées !
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E
Bon, ben, ça s'annonce bien cette affaire: deux misanthropes, deux bouteilles, rien à bouffer et de toute façon, on ne se plaît pas mutuellement pas, hein ? <br /> <br /> Je n'ose pas dire Joyeux Noël, et j'attends la suite de l'histoire, le 26 décembre donc.
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P
Chic, un début de conte de Noël. :)
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L
Parfois, il suffit de si peu pour que la routine d'une vie change...<br /> <br /> <br /> <br /> Extrait de "L'élégance du Hérisson" de Muriel Barberry<br /> <br /> ...<br /> <br /> "Poursuivre les étoiles<br /> <br /> Dans le bocal à poissons<br /> <br /> Rouges finir<br /> <br /> <br /> <br /> Apparemment, de temps en temps, les adultes prennent le<br /> <br /> temps de s’asseoir et de contempler le désastre qu’est leur vie.<br /> <br /> Alors ils se lamentent sans comprendre et, comme des mouches<br /> <br /> qui se cognent toujours à la même vitre, ils s’agitent, ils<br /> <br /> souffrent, ils dépérissent, ils dépriment et ils s’interrogent sur<br /> <br /> l’engrenage qui les a conduits là où ils ne voulaient pas aller. Les<br /> <br /> plus intelligents en font même une religion : ah, la méprisable<br /> <br /> vacuité de l’existence bourgeoise ! Il y a des cyniques dans ce<br /> <br /> genre qui dînent à la table de papa : « Que sont nos rêves de<br /> <br /> jeunesse devenus ? » demandent-ils d’un air désabusé et<br /> <br /> satisfait. « Ils se sont envolés et la vie est une chienne. » Je<br /> <br /> déteste cette fausse lucidité de la maturité. La vérité, c’est qu’ils<br /> <br /> sont comme les autres, des gamins qui ne comprennent pas ce<br /> <br /> qui leur est arrivé et qui jouent aux gros durs alors qu’ils ont<br /> <br /> envie de pleurer.<br /> <br /> C’est pourtant simple à comprendre. Ce qui ne va pas, c’est<br /> <br /> que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus<br /> <br /> adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. « La<br /> <br /> vie a un sens que les grandes personnes détiennent » est le<br /> <br /> mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire.<br /> <br /> Quand, à l’âge adulte, on comprend que c’est faux, il est trop<br /> <br /> tard. Le mystère reste intact mais toute l’énergie disponible a<br /> <br /> depuis longtemps été gaspillée en activités stupides. Il ne reste<br /> <br /> plus qu’à s’anesthésier comme on peut en tentant de se masquer<br /> <br /> le fait qu’on ne trouve aucun sens à sa vie et on trompe ses<br /> <br /> propres enfants pour tenter de mieux se convaincre soi-même."
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K
Noël, Noël, je lui fais rien à Noël et d'ailleurs c'est même pas son prénom !
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