Le cabinet
Il lui demanda de s’asseoir sur le divan. Face à elle, sur un chevalet, le buste aux couleurs criardes d’une femme nue l’empêchait de se concentrer. Elle jeta un coup d’œil rapide sur les côtés : des masques africains, tous plus hideux les uns que les autres, semblaient la regarder sans compassion.
L’homme qui lui faisait face avait une voix grave, sûrement un timbre de basse, mais cette voix – plutôt agréable - ne correspondait pas à son physique. Quand il ferma les yeux – moins de 5 minutes après qu'elle eut pris la parole - elle se sentit piquée au vif, il se laissait bercer par la musique mais ne s'interessait pas au contenu. Il rouvrit les yeux quand le téléphone sonna et, le plus naturellement du monde, il répondit sans même s’excuser. A la fin de la séance - pour quelle raison ? - elle prit un nouveau rendez-vous, mais elle savait pertinemment qu’elle l’annulerait avant la fin de la semaine.
Elle se dit que si son écoute était aussi rustique que sa décoration intérieure…