S’écrire
Avant-hier je me suis envoyée une lettre. Je l’ai reçue ce matin. J’ai presque été surprise en la lisant, je ne reconnaissais pas mon écriture. Je vous en livre la teneur :
Chère Christine,
J’ai attendu longtemps avant de me décider à t’écrire, mais je crois que le moment est venu.
Tu sais que je t’ai toujours trouvée très sévère avec toi-même. Que s’est-il passé de si grave qui ne puisse être réparé ? Pourquoi cette constance dans l’échec ? Pourquoi t’acharner à détruire tout ce que tu as patiemment édifié ?
Tu ne réponds plus quand je t’appelle ! Je sais que tu veux perdre la mémoire du bonheur, mais le bonheur est patient Christine ; il a semé ses cailloux pour que tu retrouves son chemin. Je suis ce premier caillou, Christine. Je t’écris pour que tu reviennes vers le rivage et que tu y jettes à nouveau ton ancre.
Ton amie qui t’aime.
Christine
C’est étrange, mais depuis que j’ai lu la lettre que je me suis envoyée, je vais mieux. J’ai même jeté les deux boîtes de médicaments que je voulais avaler jeudi ; et puis j’ai tiré la chasse d’eau sans regret. Oui, quelque chose a changé. Je crois que je ne veux plus mourir demain.