Le vide grenier
Pour ce nième vide-grenier du quartier elle avait sorti tous ses rossignols, notamment un service à café abominablement laid que sa grand-mère avait acheté, 30 ans plus tôt, à l’un des nombreux marchands ambulants qui passaient dans le village.
Depuis son décès, elle l’avait précieusement gardé, comme une relique, mais il était temps de s’en débarrasser ; la période de deuil était passée.
Quand elle l’installa sur le stand, elle ne put s’empêcher de répéter à plusieurs reprises « Mon Dieu qu'il est moche ! ». Elle détestait au plus haut point le liseré vert olive souligné par une nervure dorée du plus mauvais effet. A 8 heures pile, le stand était prêt et la foire ouvrait ses portes. A 8 heures 05, sa première cliente arrivait sur son stand et elle se précipita sur le service à café.
- Combien ? lui dit-elle.
- 10 euros, répondit-elle un peu gênée, tout en se demandant si le prix n’était pas excessif.
Mais la cliente ne marchanda pas. Elle lui donna les 10 euros et arbora un sourire satisfait en se saisissant du paquet.