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Presquevoix...
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22 mai 2011

bulle de vie

trace_112_1_Il lui avait offert ce tableau et elle l’avait placé en face de son lit, pour méditer. Elle était intimement persuadée que chaque cadeau avait un sens profond et s’il lui avait offert ce tableau-là, un mois avant leur mariage, n’était-ce pas un signe ?
Le peintre aurait certainement ri de son interprétation, mais l’art n’est-il pas offert à chacun pour éclairer l’obscurité de nos vies ? L’artiste, en donnant à voir son œuvre, n’autorise-t-il pas le public à se l’approprier ?
L’escalade de cette petite bulle bicolore le long d’une paroi noire la perturba au point que ses rêves prirent les couleurs de la toile. D’immenses nappes grises et blanches barrées de petites bandes bleues la submergeaient nuit après nuit. Le soir du 24 juin, la  petite bulle bleue et noire disparut. Elle fut remplacée par le son lancinant  d’un berimbau qui l’effraya au point qu’au réveil, elle eut des palpitations.
Le lendemain, elle décida de ne pas aller au travail. Impossible pour elle d’accueillir des clients dans l’état de nerfs où elle se trouvait. Elle ouvrit la fenêtre qui donnait sur le jardin, s’assit face au tableau et attendit ; quelque chose ne pourrait manquer de se produire, un signe, une trace, un chemin…
Le soir du 25 juin, quand il lui téléphona, il tomba sur le répondeur. Le message avait changé et une voix neutre déclinait.
« Désormais, le répondeur sera mon seul lien entre vous et moi. Je suis en apnée entre terre et ciel. Tant que je n’aurai pas trouvé le chemin qui mène vers ce que je ne sais nommer, je ne pourrai vous répondre. »
Quand il se rendit chez elle, il était trop tard. Il vit bien une petite bulle bleue et noire monter vers le ciel mais elle était déjà trop loin…
 

PS : photo gentiment prêtée par Sounya. Ne vous privez pas de feuilleter les pages de son blogs pour découvrir ses toiles à la pureté énigmatique.

Commentaires
G
Un commentaire qui me donne à méditer, peut-être devant le tableau de Sounya. Merci de votre lecture.
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J
L'artiste s'offre "l'inutile mais nécessaire" (Baudelaire) déjà pour éclairer sa vie, si cela éclaire la vie des autres .....c'est un dégât collatéral. <br /> <br /> Intéressant le parallèle entre la fenêtre sur le jardin et la contemplation du tableau, l'un et l'autre participe de la même peur : il est nécessaire de nommer (découper un signe dans l'infini foisonnement du réel et l'associer à un mot) pour que les "choses" puissent s'ordonner et prendre du sens.
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G
Pagenas: j'avais acheté son livre d'ailleurs, pour regarder une toile par jour.<br /> <br /> lautreje:merci de ton cmmentaire.<br /> <br /> caro : le graffophone n'a rien à envier au berimbau;.)
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C
Le berimbau, s'il envahit vos rêves, je comprends mieux la tournure des événements. Et en plus, bien que ce ne soit pas très up littérature, il atout du gaffophone http://www.youtube.com/watch?v=Ms-vHso8t5g
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L
pureté de cet envol ! belle harmonie toile et mots !<br /> je vais découvrir l'univers de Sounya, merci !
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