L’heure exquise
Texte écrit en écoutant « l’heure exquise » de Reynaldo Hahn, chantée par Nicole Lemieux.
« Vous avez un joli cou », avait-il murmuré. Pourquoi avait-elle décidé de le suivre alors qu’elle ne le connaissait pas ? Sa beauté, certes, mais aussi cette mélancolie qui noyait ses yeux. Il effleura son cou d’une main absente :
- C’est l’heure exquise où ma main emprisonnera votre souvenir gracieux, c’est l’heure où la lumière disparaîtra dans l’ombre gantée de l’hiver. Il l’inquiétait un peu. Elle avait l’impression de le voir attacher à son cou un collier de perles endeuillées mais il était le premier à lui chuchoter la beauté de la mort. - C’est l’heure exquise répéta-t-il en enfilant ses gants blancs avec une extrême lenteur. La lune disparut derrière un nuage qui l’étouffa et une grande paix régna sur la terrasse où ils s’étaient réfugiés. - C’est l’heure exquise, chuchota-t-il. Il l’étrangla et la nuit se fit.