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25 juillet 2009

Une demande inattendue (MBBS)

Eduard reposa le combiné, songeur. Cela faisait au moins vingt ans qu’il n’avait pas eu de nouvelles d’Emilie, sa petite amie de l’époque et ce soir, elle l’appelle. Elle avait glissé dans la conversation qu’elle était divorcée depuis une année et qu’elle avait eu envie de reprendre contact, que les souvenirs partagés étaient si tendres et qu’elle avait gardé une si bonne image de lui qu’elle avait fait les recherches pour le trouver et désirait le rencontrer. Il avait hésité car lui, n’avait pas oublié la façon dont ils s’étaient séparés et ses souvenirs à lui étaient un peu moins positifs que les siens mais histoire d’en avoir le cœur net, il avait accepté de la rencontrer le mardi suivant vers les 19h30, au restaurant « la Cambuse » au bord du lac.

Ce mardi, jour de leur rendez-vous, il était un peu nerveux. Vingt ans, cela marque son homme, ses cheveux étaient plus rares, son ventre un peu plus rebondi qu’autrefois et même s’il n’avait aucune envie de reprendre leur histoire là où elle s’était terminée, il ne pouvait s’empêcher d’avoir des petites palpitations à l’idée de la revoir. A 19h30 précise, il parqua sa voiture dans l’arrière-cour du restaurant et se dirigea vers la terrasse. Ce début de soirée était agréable, une légère brise apportait un peu de fraîcheur à l’air ambiant, sa journée avait été positive et les affaires marchaient bien. Il se sentait bien. On le conduisit à sa table, visiblement, Emilie n’était pas encore là mais il se souvenait qu’elle avait toujours un quart d’heure de retard, c’était systématique et il avait à l’époque, renoncé à la faire changer. Il se commanda un verre de blanc et attendit, admirant le paysage qui s’offrait à lui. Il aimait ce restaurant, il emmenait souvent ses clients déjeuner là car la cuisine était simple et délicieuse, le patron presque un ami et les serveurs discrets et efficaces. Quand une main se posa sur son épaule il sursauta. Elle était là, elle avait peu changé si ce n’est quelques ridules au coin des yeux mais ses yeux démentaient le sourire qu’elle voulait joyeux. Elle portait un ensemble pantalon qui lui allait à ravir et qui mettait en valeur sa taille fine, ses cheveux bruns étaient coupés courts et elle était à peine maquillée, elle était très belle. Il se leva, ils s’embrassèrent comme deux amis contents de se revoir, elle s’assit, commanda également un verre de vin blanc et un silence s’installa. Il observait ses mains, qu’elle serrait et desserrait nerveusement et comme elle ne disait rien il prit les devants.

- Cela fait longtemps…

Elle rit en répondant que oui, cela faisait exactement 19 ans et 7 mois. Un peu surpris par cette précision, il lui demanda ce qu’elle avait fait durant toutes ces années.

- Je suis partie m’installer à Sainte-Croix, je sais c’est un peu paumé comme ville mais l’industrie horlogère cherchait de la main-d’œuvre, ils offraient des bonnes conditions de travail et des facilités de logement. J’y suis restée dix ans puis mon entreprise m’a offert la possibilité d’une formation de responsable, j’ai été mutée à Neuchâtel à la maison mère, j’ai gravi les échelons petit à petit et j’ai un bon poste.

- Tu m’as dit être divorcée, tu as été mariée longtemps ?

- Dix ans, je me suis mariée tard, j’étais trop occupée à gérer ma carrière pour songer à fonder une famille mais l’horloge biologique interne des femmes étant ce qu’elle est, si je voulais avoir des enfants, il fallait que je trouve le père. Jean était un mari gentil mais après cinq ans de vie commune, nous avons été consulter pour comprendre pourquoi je n’arrivais pas à être enceinte. Mon mari était tout simplement stérile.

Le serveur vint prendre la commande. Cela leur laissa un instant de répit et l’occasion de changer de sujet, sujet qui, Eduard le sentait, semblait être douloureux.

- J’ai suivi ta carrière de loin, tu sais. Ton nom apparaît parfois dans les journaux. Et toi, es-tu marié ? Des enfants ?

- Oui aux deux questions. Deux filles, Jade qui a 15 ans et Coralie qui en a 13.

La terrasse se remplit progressivement, l’air était doux et Eduard se demandait toujours pourquoi elle avait demandé à le rencontrer. Finalement il se décida.

- Je vais être direct, je me demande pourquoi tu as cherché à me revoir ? Après si longtemps et surtout après la façon dont nous nous sommes quittés, si tu te souviens…

Emilie baissa les yeux sur son assiette, soudain très nerveuse.

- J’ai une demande particulière, j’ai eu 40 ans en avril, si je veux avoir des enfants c’est le dernier moment, je ne peux plus attendre…

Elle redressa la tête et le regarda dans les yeux.

- J’aimerais que tu me fasses un enfant !

Le moment de stupeur passé, il réagit.

- Mais tu es folle, un enfant ? Comment peux-tu imaginer que je puisse être d’accord. Et je suis marié je te rappelle et je ne vais pas foutre en l’air ma famille pour cette idée complètement…dingue.

-Ne t’énerve pas, je sais que ma demande est perturbante, je pourrais baiser le premier mec venu mais je me disais qu’un enfant de toi serait merveilleux.

- Oublie, tu entends, oublie ! Tu es belle, cherche-toi un autre compagnon mais ne compte pas sur moi.

- Mais…

- Non, oublie.

- Dommage, nous aurions pu être heureux !

- Dans tes rêves, Emilie, dans tes rêves.

Commentaires
L
J ai repensé a ton histoire pendant la nuit: Edward aurait du dire a Emilie qu il souffrait d une maladie héréditaire(le rendu Osler comme moi par exemple)et qu il s en était appercu récement. Cette malformation Génétique était transmissible ou non a sa descendance.Alors a quoi bon courir un risque pareil.<br /> Bonne journée Latil
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P
Oui, volontairement le male (mal entendu) semble être(toujours) actuel pour la dame repentante...mais maladroite.<br /> <br /> Elle aurait pu s'y prendre autrement. Mais les relations humaines sont souvent complexes.
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