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7 juin 2019

La thérapie

Ça faisait quatre mois que Manon allait mal. Elle n’arrêtait pas de me dire qu’elle avait envie de se foutre en l’air. Je n’en pouvais plus. Avec elle mes nuits étaient plus belles que mes jours, au moins elle dormait. Agacé, j’ai fini par prendre une décision : et si tu faisais une psychothérapie de soutien ; La femme de Jean en a fait une et au bout de 10 séances elle allait mieux. Je te l’offre, ce sera mon cadeau d’anniversaire.

Manon n’a pas dit non, elle n’est pas contrariante. Enfin, elle n’était pas contrariante, jusqu’à ce fameux jour qui sonna la fin de sa dixième séance.

- On dirait que ça va mieux - ai-je remarqué - tu vois, 10 séances c’est ce qu’il te fallait.

Elle m’a répondu l’air embarrassée : Oui mais…enfin… j’ai quelque chose à te dire.

J’étais un peu étonné de tant de mystères, surtout qu’entre elle et moi il n’y a jamais eu de secrets. Soudain elle s’est jetée à l’eau.

- Il faut que je te quitte. Toi et moi ça ne peut plus marcher, tu n'as pas fait de thérapie.

Je n’ai pas su quoi répondre. D’ailleurs je n’en ai pas eu le temps, elle est montée préparer sa valise puis elle est partie sur-le-champ.

Depuis deux semaines je suis seul avec la chatte - oui, elle m’a quand même laissé Louise – mais moi, je n’ai qu’une envie : me foutre en l’air.

5 juin 2019

Le rendez-vous

 

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Julien lui avait dit : « Rendez-vous à Memoranda à 10 h ».

A 10 h, il n’était pas là, ni à 11 h, ni à 12 h. Elle est sortie de la librairie avec Freud et Jung sous les bras. Les jours ont passé. Des rêves sont arrivés avec leurs revenants et leurs pays lointains. Elle a aussi rencontré un enfant perdu qui l’a terrifiée et puis elle a quitté la porte des livres pour retrouver le pays des hommes. C’est là qu’elle a revu Julien. Il ne se serait pas arrêté si elle ne l’avait pas appelé.

-          Alors ? a-t-elle dit.

-          Alors quoi ?

-          Notre rendez-vous à Memoranda il y a un mois ?

-          Ah oui, j’avais écrit le rendez-vous pour m’en souvenir, puis j’ai perdu la feuille.

-          Et le téléphone portable ?

-          Perdu aussi.

-          Je vois. Aurevoir et à jamais, sourit-elle, à moins que nous nous retrouvions au pays des rêves.

En descendant l’avenue de la liberté, elle s’est demandée comment elle avait pu aimer cette transparence qui habitait Julien des pieds à la tête. « Si loin de lui, si loin du monde », a-t-elle pensé.

Puis elle a aspiré l’air du large qui entrait en ville en passant par le port. Elle  devait partir, il était temps...

 

PS : photo prise à Caen

3 juin 2019

L’attente

-          Mais qu’est-ce qui vous prend ? Lui dit-t-elle énervée.

Il rougit et répondit.

-          Rien, je voulais juste voir.

Il y en avait eu tellement d’autres avant lui qui s’étaient aventurés pour voir : des blonds, des bruns, des laids, des beaux, des sans charme, des avec charme. Ils voulaient tous le voir ce tatouage qui plongeait jusqu’à la naissance de ses seins.  Elle se l’était fait faire chez un tatoueur de la rue St Augustin.

Deux heures à rester immobile, mais elle le ne le regrettait pas. Elle ne comptait plus les yeux qui avaient dévoré son décolleté. Elle adorait les rappeler à l’ordre en leur soulignant leur audace.

Un jour, peut-être trouverait-elle les yeux qu’elle attendait, un jour…

 

 

1 juin 2019

Les chiens

Lorsque j'étais enfant, je rêvais que je m'effaçais. Je me souviens du jour où je m’étais installée dans la niche du chien. Lui au moins, on lui fichait la paix. J’étais recroquevillée à l’intérieur depuis au moins un quart d’heure quand j’ai entendu ma mère qui m’appelait. J’ai aboyé furieusement, juste pour le plaisir, j’étais contente de jouer au chien.

J’ai continué de m’effacer à l’âge adulte, sauf hier. On m’a convoquée dans le bureau du patron pour une faute professionnelle.

-          Ce n’est pas moi, lui ai-je dit d’une voix ferme.

Mais le patron ne m’a pas cru et m’a sommé de dire la vérité.

-          Quelle vérité, la mienne ou la vôtre ? ai-je répondu

Comme il ne voulait pas m’écouter, j’ai aboyé et j’ai montré les dents. Le patron a fait pareil. J’ai continué et là, il s’est calmé.

Depuis, les choses vont mieux entre nous. J’ai donc décidé de ne pas lui garder un chien de ma chienne.

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