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10 juillet 2013

Alain

A chaque fois qu’elle rencontrait un homme, elle ne pouvait s’empêcher de l’appeler Alain.

Avec le dernier en date – qui s’appelait Tristan – L’aventure avait tourné court ; non parce qu'il ne voulait pas se faire appeler Alain, mais parce qu'il avait décidé de l’appeler « Mathilde » alors qu’elle s’appelait  Hélène.

9 juillet 2013

Le décès

Cela faisait longtemps qu’il ne la voyait plus. Et quand il a su - par le plus grand des hasards - qu’elle était morte six ans plus tôt, il lui en a  voulu. Comment avait-elle pu mourir sans le prévenir ?

Il s’est  soudain senti  abandonné dans ce vaste monde…

8 juillet 2013

La dent

Elle lui demanda de s’installer et mit  le fauteuil en position horizontale. Après un échange d’usage, il ouvrit la bouche. Elle lui plaça les instruments habituels et s’attaqua à sa molaire gauche sans qu’il ne puisse sortir un son.

Un quart d’heure trop tard, il recouvra la parole et put lui expliquer qu’elle s’était trompée de molaire. Elle regarda la radio et s’excusa brièvement.

-          Désolée, j’avais pris la radio à l’envers.

7 juillet 2013

Le gorille

Voici un texte illustré par Patrick Cassagnes. Ce texte est le fruit de notre collaboration sur « jedouble ».

Le gorille

 

gorilleC’est en voyant la photo dans l’encyclopédie animalière  feuilletée chaque soir avec son fils,  qu’elle se rendit à l’évidence : son patron était un gorille.

Elle avait déjà eu de sérieuses présomptions : quand elle l’entendait marmonner dans son bureau ou  quand elle le surprenait à la cantine en train d’éplucher une banane. Mais là, plus de doutes possibles, une mutation irréversible s’opérait chez lui et il était de son devoir d’ en avertir le personnel.


Ce lundi-là, lorsqu’ elle arriva au bureau avec une demi-heure d’avance pour éviter les embouteillages, elle espéra ne pas tomber sur  Josiane.  

Celle-ci arrivait toujours très tôt, à croire qu’elle espérait une promotion de la part du patron. Elle se demandait même si entre Josiane et lui... mais si Josiane avait envie d’atteindre le septième ciel avec le patron, ce n’était pas son problème. Elle était cependant étonnée qu’une fille aussi délicate que Josiane  supporte la proximité de ce gros corps velu, sans parler du reste… 


Dans le couloir, les lumières étaient éteintes et des grognements lointains lui parvinrent. Au fur et à mesure qu’elle avançait, les grognements redoublaient, à tel point qu’elle se crut dans la jungle. Tremblante, elle s’approcha à pas de loup du bureau du patron, regarda par le trou de la serrure, et étouffa un cri.

Son téléphone sonna à 8 h 30 précises, c’était le patron qui lui demandait de venir  avec le dossier Duranchon. Elle blêmit : le dossier Duranchon n’existait pas. En parcourant les 50 mètres qui  la séparaient de son bureau, un dossier vide sous le bras, elle essaya de réfléchir à la meilleure attitude à prendre.

Elle frappa et une voix rauque lui dit d’entrer. Dès qu’elle eut franchit le seuil de la porte, elle fut prise à la gorge par une  odeur forte, presque animale. Le patron lui tournait le dos et sa silhouette massive occupait tout l’encadrement de la fenêtre. Sans se retourner, il lui annonça.


- Je vais devoir me séparer de vous Madame Bouton. Votre contrat arrive à terme et vous êtes bien trop curieuse pour que je le renouvelle.


Elle ne répondit rien.  Soudain, il lui fit face et, tel un King Kong déchaîné, il se frappa le torse en s'avançant vers elle. Elle s’évanouit aussitôt.


A son réveil Josiane était à ses côtés, souriante,  un verre d’eau à la main, comme si de rien n'était. Avait-elle fait un cauchemar ? Ses doutes furent de courte durée car des grognements lointains se firent entendre. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Josiane  pousser une inquiétante série de petits cris perçants en fronçant le nez !

Deux jours plus tard, elle  se réveilla dans une chambre de l'hôpital psychiatrique des Oeillets, sans que personne ne pût lui expliquer qui l'y avait conduite, pas même son mari. le vendredi suivant, celui-ci  lui apportait une lettre de son employeur expliquant que son contrat ne serait pas renouvellé. Elle remarqua, étonnée, que dans la poche de costume de son mari il y avait deux bananes...

 

 

6 juillet 2013

Opéra

Avec son mètre 60 et son physique banal, jamais personne ne faisait attention à elle. Par contre lorsque, sur la ligne Austerlitz Boulogne,  sa voix de mezzo emplissait le wagon du métro, plus personne ne pouvait l’ignorer.

Ce jeudi -là, elle commença par un air de Carmen et  poursuivit avec «  Mon cœur s’ouvre à ta voix ». En général elle chantait trois airs d’Opéra - il fallait éviter de lasser le public -  puis elle passait dans les rangs avec sa sébile. Elle allait entamer le dernier morceau quand un spectateur, excédé, hurla.

-  Arrête ou je sors mon flingue !

Elle préféra terminer son tour de chant illico. Et s’il passait à l’acte ?

 

PS : clin d’œil à Patrick Cassagnes !

5 juillet 2013

L’excuse

C’était la sixième fois, ce mois-ci,  qu'il excusait une absence par : " prise de sang ". Elle ne put s’empêcher de lui glisser.

-          Avec tout le sang qu’on vous prend, ça ne m’étonne pas que vos résultats chutent !

Il ouvrit la bouche pour répondre quelque chose, mais il la referma aussitôt. Une fois installé au fond de la classe, il ne sortit pas ses affaires et s’intéressa ostensiblement à ce qui se passait dehors.

Elle fit comme si de rien n’était, comme d’habitude…



3 juillet 2013

question

Quand il fait sombre dans la vie, par où peut entrer la lumière ?

PS : prochain texte, le vendredi 5 juillet.

2 juillet 2013

La marelle

Elle jouait toute seule à la marelle sur le trottoir, juste devant le numéro 13. Elle allait lancer sa pierre plate quand un homme en uniforme de policier s’approcha d’elle.

-          Tu ne sais pas que c’est interdit d’écrire à la craie sur les trottoirs ?

La petite fille regarda le policier engoncé dans son uniforme bleu sombre et ne répondit rien. Il insista.

-          Tu sais que je pourrais t’emmener au poste pour ça ?

La petite fille se taisait toujours mais son visage pâlit.

-          Elle est là ta mère ? demanda le policier d’un ton brusque.

-          Non, elle est partie faire des courses.

Il observa la marelle d’un air pensif, puis il demanda à la petite fille.

-          Donne-moi ta pierre.

Elle la lui donna et le policier lança la pierre directement sur le ciel.

-          C’est de la triche ! S’écria-t-elle.

 Il la considéra amusé.

-          Tu ne vas quand même pas donner des leçons à quelqu’un qui représente la loi ! A mon âge, j’ai bien le droit de brûler les étapes et d’aller au ciel, conclut-il.

Soudain, elle vit le policier  s’élancer à cloche-pied sur la marelle. Elle était contente parce qu'elle savait  qu'une fois arrivé au ciel, il disparaîtrait. Sa mère lui avait toujours dit que c’était ce qui arrivait aux gens qui trichaient. Bien fait pour lui !

 

 

 

1 juillet 2013

Croyance

Elle ne croyait pas en Dieu, mais à l’hérédité. Il fallait bien croire à quelque chose…

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