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8 juillet 2011

Blonde

A 16 ans, elle voulut se teindre en blonde, sa mère refusa, elle s’entêta et le père dut s’interposer.
-    Mais enfin qu’est-ce que ça peut faire qu’elle se teigne en blonde ?
-    C’est vulgaire, répondit la mère, on n’a pas besoin d’une Marilyn Monroe à la maison.
La fille commença à rugir que sa mère voulait qu’elle reste moche et qu’elle ne trouve personne ; que les cheveux châtains c’était l’horreur et qu’on ne séduisait personne avec cette couleur ringarde !
-    Merci pour moi, lui dit sa mère.
-    Mais qu’est-ce que ça peut te faire ? reprit le père en direction de sa femme.
-    Tu veux aussi qu’elle mette des shorts au ras des fesses et qu’on la traite de pute ?
 La fille monta dans sa chambre en pleurant, la mère partit dans la cuisine en injuriant  sa fille et le père s’assit sur le canapé pour réfléchir : mais qu’est-ce qu’elles avaient toutes les deux ?

7 juillet 2011

Les spermatozoïdes

Lors du premier rendez-vous, au café de la Gare, elle lui a tout de suite dit que ça ne pouvait pas aller entre eux.
-    Mais pourquoi ? a-t-il riposté désolé. Quand vous aviez répondu à mon annonce vous aviez pourtant l’air intéressée
Elle l’a regardé un moment puis a fini par ajouter.
-    Oui, mais vous ne m’aviez pas dit que vous aviez grossi.
Il a eu l’air surpris. Certes il avait grossi de 10 kilos depuis qu’il lui avait envoyé sa photo, mais il n’était pas à ce point métamorphosé. C’est elle qui lui a fourni la clef.
-    Ecoutez, Selon le docteur Cohen « Le surpoids entraîne une modification des paramètres du sperme, du fait probablement de désordres hormonaux, avec des déficits en nombre, en mobilité et en vitalité, ce qui entraîne des pertes de possibilités de conception »*. Je n’ai pas envie de m’y reprendre à cinquante fois pour avoir un enfant, inutile de perdre mon temps !
Et elle l’a planté sans autre explication dans la salle bruyante du café de la Gare.

*explication lue dans l’article suivant paru dans le journal libération d’hier :  «  hommes trop gros, spermatozoïdes ramollos »

6 juillet 2011

Le cœur

coeurDans la baignoire vide, il avait formé un cœur. Mais en le voyant  si lisse, si brun, si doux sur ce blanc inaltéré, la marée l’a submergé et il a fait naufrage. La voisine l’a retrouvé échoué sur son paillasson. Craintive, elle l’a secoué -  au cas où -  et il a murmuré des mots étranges, des mots que les embruns semblaient avoir  creusés de leur ancre marine. Précieusement, elle les a recueillis sur la voile d’un papier blanc qu’elle a glissée dans sa main droite. Elle s’est dit que s’il les lisait un jour, il pourrait peut-être  continuer son voyage…

PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par Patrick Cassagnes.

5 juillet 2011

La digestion

Quand ils allaient à la mer, il y avait toujours l’inévitable digestion.
-    Pas de baignade avant quatre heures, décrétait sa mère, il faut  trois heures pour la digestion !
Mais à quatre heures, lassée du soleil, du vent et du sable, elle commençait à remballer les affaires pour rentrer à la maison. Et quand il  essayait de protester, elle assénait.
-    On reviendra demain et après-demain, tu auras bien le temps de te baigner !
Et la famille partait à la queue leu leu, le père devant, avec les parasols et la glacière, elle derrière son mari, avec son siège pliant et les serviettes, et lui fermait la marche avec son sceau et sa pelle.
De toute son enfance, il n’avait jamais réussi à se baigner une seule fois.

4 juillet 2011

Le prix de Diane

Son chapeau allait faire fureur,  elle en était sûre. Qui avait déjà osé porter un chapeau pareil ? Même si son « pedigree » n’était pas  à la hauteur de celui des autres « pouliches », elle aurait sûrement le premier prix, créativité oblige.  Ses parents pouvaient être fiers d’elle. Une De la Marinière entrait dans le gotha du gotha, leurs efforts seraient payants.
C’était son premier prix de Diane et elle était un peu tendue. Elle n’avait fait qu’effleurer le gazon de ses escarpins violets et avait souri à quelques visages connus. Si elle se sentait un peu impressionnée par cette foule qui déclinait tout ce que le Capital comptait de plus brillant,  elle n’en était pas moins persuadée que son charme opérerait et que les pics à plumes de son affolant chapeau mauve pourraient accrocher quelques candidats au mariage. N’était-elle pas une princesse ?

PS : texte écrit après avoir lu l' article « Un dimanche à Chantilly »,  sur le site de Mediapart. Pour voir la vidéo, c'est ici.


3 juillet 2011

La canne blanche

Depuis qu’elle sortait avec une canne blanche – achetée 2 euros à la foire à tout du quartier bel air – et des lunettes noires, elle avait fait deux rencontres émouvantes. La première avec un homme d’âge mur, bibliothécaire au centre Prévert. La deuxième avec un maître-nageur d’une trentaine d’années qui travaillait à la piscine des bleuets. A chacun, elle  avait glissé son numéro de téléphone accompagné d’un sourire. Seulement, une question la tourmentait : quand elle les reverrait, devrait-elle garder sa canne blanche et ses lunettes ?

2 juillet 2011

Le sourire

Il avait  souri pendant 40 ans, 40 ans de bons et loyaux services dans les bureaux du Crédit Agricole, jusqu’au jour où il a pris sa retraite et s’est aperçu que derrière son sourire, il n’y avait peut-être que du vide.

1 juillet 2011

Le labyrinthe

Portugal avril 2011 071« Je suis un labyrinthe », c’est ainsi qu’il coupait court à toutes ses conversations avec elle. Elle se contentait de répondre.
-    Les labyrinthes ne parlent pas.
Ils vivaient ensemble depuis un an et il avait toujours un peu honte d’elle. Quand il dînait chez ses confrères médecins, c’était seul et quand il allait chez ses parents, il l’emmenait une fois sur deux afin d’éviter les remarques désobligeantes de sa mère qui la trouvait trop belle et un peu vulgaire.
Lors de la dernière conversation qu’il eut avec sa femme, ce fut elle qui conclut à sa place.
-    Je sais, tu vas me dire que tu es un labyrinthe. Tu penses sans doute que les dédales de ton âme me sont insondables ? Que je ne suis pas à la hauteur ? Que j’ai eu de la chance de sortir de mon milieu grâce à toi ? Moi, je pense surtout que tu devrais te délivrer du  minotaure qui te ronge, je veux dire : ta mère !
Il l’observa gravement. D’où lui venaient ces idées que jamais auparavant il n’avait entendues ? Et si elle avait un amant ?

PS : texte écrit à partir de cette photo de R. B. prise au Portugal en avril 2011

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