L’enfant dominé
Elle avait deux enfants, adorables, comme il se doit, une fille et un garçon. Une fille habillée en rose, et un garçon en bleu. Ils s’appelaient Sybille et Antoine : 5 ans et 7 ans. Ces enfants étaient les héros du « conte » Instagram de leur mère suivie par 15 000 personnes.
Cette « influenceuse » était une mère merveilleuse, bien sûr ; souriante, aimante, aimée, dévouée – et amoureuse du corps de ses enfants, pensait l’Ange dont la mission était de surveiller Instagram en France, et notamment le compte de cette mère.
Son attention se portait particulièrement sur la place que prenaient – via leur mère - les enfants de ces « contes » factices, et les dérives possibles. Certes, la loi dit que les parents ne disposent pas d’un droit absolu sur l’image des enfants, se disait l’Ange, mais ces pauvres petits, que peuvent-ils faire, confrontés au désir de leurs mères influenceuses et frustrées ? L’Ange ajoutait même parfois, « influenceuses de mes deux », car il était – contrairement à la majorité des anges – extrêmement grossier. L’enfant subit – avait-il coutume de dire - le parent dispose, mais jusqu’où ?
Un soir, alors qu’il observait la mère prendre des photos de ses enfants pour la cent-millièmefois, il lui dit d’une voix grave : « La chosification des enfants et la négation de l’intégrité physique des enfants ne sont pas tolérables ! »
La mère entendit cette voix venue d’ailleurs et regarda autour d’elle. L’Ange eut juste le temps de s’éclipser tout en se demandant si l’être humain n’était pas sur le chemin de la déshumanité !
PS : prochain texte, dimanche.