Le sommeil
Elle lui avait dit qu’elle ne dormait jamais – ou tout au moins le pensait-elle – car elle avait peur de ses rêves. Son cœur sentinelle attendait l’heure à laquelle la vérité allait se dire. Et, souvent elle ajoutait, en le regardant droit dans les yeux.
- Moi je suis hostile aux leurres de vérité.
Un jour, il lui avait répondu en souriant.
- Le divin et le divan sont les deux horizons de l’humain. Moi je préfère le divan. D’autres préfèrent les actes de contrition.
Il avait pensé que cette petite phrase pouvait être un chemin léger dans l’univers austère de cette jeune femme aussi blanche qu’une neige éternelle. Ce fut un échec car elle répondit, l’air sérieux.
- Je n’aime pas le divan, je risquerais d’y dormir. Quant au divin, je n’en dirai rien.
C’est au bout de trente jours qu’il avait arrêté de la voir, et pour une raison très simple : depuis qu’ils sortaient ensemble, il perdait le sommeil.
Le mot FIN fut d’une efficacité redoutable. Jamais plus il ne pensa à elle et ses nuits redevinrent aussi belles que ses jours.
PS : prochain texte, mardi.