Le Retour, suivi de la Fin
Le jour de la pré-rentrée, elle y était, histoire de faire la « bonne élève » car sa retraite ne commençait que le premier octobre. Ah, quel plaisir d’écouter, ensemble, le discours de la hiérarchie reproduisant le discours du ministre et de la rectrice. Ah, quel plaisir de se dire : FIN.
Elle a pris quelques notes - elle pensait à l'écriture de son texte à venir - car bien évidemment, comme chaque année, le proviseur a servi les grands axes – et quels axes - de la nouvelle année scolaire. Le nouveau ministre, hélas, ressemble étrangement à l’ancien sauf que son nom est différent et que celui-ci est noir alors que l’autre était blanc.
Mêmes contenus, même vacuité. Cette année, sera celle d’un « nouvel élan », « nous construirons ensemble une école engagée » et, nous développerons « la créativité et la sensibilité » en luttant contre le harcèlement, la radicalisation et… l’obésité !
Sans oublier – une nouveauté qui n’en est pas une – « les grands débats localisés » qui finiront bien sûr comme les grands débats précédents mis en place par M. Macron où notre Président aurait pu conclure par : « je fais semblant de vous écouter mais je préfère n’écouter que moi-même et choisir mes idées ! »
Une folle envie de rire s’est emparée d’elle, mais elle a fait l’effort – un reste de " bonne éducation " - de la réprimer. Elle a tenté un petit trait d’humour à l’oreille de sa voisine mais aucun sourire n’a illuminé son visage. Elle s’est donc dit que, soit elle n’avait aucun humour, soit sa voisine était au bord de la dépression - pourtant la rentrée des élèves n’était que le lendemain – soit celle-ci venait de sortir d’une légère somnolence due à l’ennui profond qui émanait de ce discours de rentrée.
Trois rangées derrière elle, les conversations des enseignants de lettre allaient bon train. Sans doute mettaient-ils déjà en place – et avec quelle fougue - cette créativité que le proviseur avait évoquée quelques minutes plus tôt…
PS : Prochain texte, lundi.