Le troll
Il était devenu troll parce qu’il était en rogne contre tout : le boulot, la famille, son poids – il avait grossi de 5 kilos en un mois et ne se supportait plus nu -, ses amis, enfin le peu qu’il lui restait. Cette somme de rognes l’avait fait basculer dans la catégorie des Zemouriens, une nouvelle ethnie politique.
Oui, la haine s’était installée en lui. Quand il se regardait dans le miroir, il se disait : « Je suis devenu le parasite de la rue massacre. Cette rue m’a foutu la poisse. » Quand sa sœur entendait ses « litanies », elle souriait et ajoutait.
- Ouais. Ta xénophobie, c’est la haine de toi, mon vieux. Tiens, quand je te vois toi, Zemourien parmi les Zémouriens, je me dis qu’on devrait obliger chaque candidat à avoir une série de dix séances chez un ou une psychologue. Il y en aurait un ou une en présentiel et trois autres derrière une vitre teinte. A quatre, ils pourraient faire un bilan de la santé mentale du ou de la candidate. Et les psychopathes, les bipolaires, les narcissiques seraient éliminés d’avance ! Tu vois à qui je pense ? Tout ça pour la santé du peuple Français.
Il ne disait rien. Il savait qu’avec son obsession de la psychologie – sa soeur était elle-même thérapeute – elle lui mettrait une migraine du diable qui le plongerait dans un « trollisme » de première grandeur