Le peintre

Plus il regardait son tableau, plus il le trouvait laid. Ces sapins rachitiques et cette neige trop blanche lui devenaient odieux. Peut-être que si la forêt avait été plus touffue, les troncs plus gros et les feuillages moins verts... peut-être que si la neige avait été moins blanche…  Mais ne l’avait-il pas déjà touché et retouché mille fois ? L’épaisse couche de peinture était là pour en témoigner. Non, ce tableau le déprimait, il ne pourrait plus rien en tirer ; il ne voulait plus le voir. Après le repas, il le descendrait à la cave, comme les autres.
Et si désormais il peignait dans le noir ? N’était-ce pas son regard qui l’empêchait de peindre ?

Comments

[gballand]

Le plus difficile sans doute. Il faut aussi savoir se détacher de ce que l'on a vu chez d' autres peintres pour se recentrer sur soi.

[Gicerilla]

L'idée paraît cynique, cynique mais bonne. Comment oublier ce que l'on voit ou croit voir au profit de ce que l'on sent ?

[gballand]

Oui, en allant de temps en temps sur votre blog, j'ai remarqué ce que vous faisiez de vos toiles... je me demandais d'ailleurs pourquoi... Jamais venu à Rouen, d'ailleurs ?

[choule[bnkr]]

si j'étais moins matérialiste, je brûlerais toutes mes peintures. Mais j'ai trouvé un palliatif : je les jette.

[gballand]

Je vois... en ce qui le concerne donc, soit faire une pause, soit peindre la nuit, soit les deux