Le mauvais choix
« Chacun a le droit de faire le mauvais choix qu’il veut ! » C’est à cause de cette phrase que les mots avaient fini par s’emballer, comme elle se le racontait, en boucle, à voix haute, tout en battant ses œufs en neige dans la cuisine. Elle n’avait trouvé que ce moyen pour ce calmer les nerfs. Une bonne chose de faite - ajouta-t-elle - cette pimbêche de même pas 17 ans, qui croit qu’elle sait tout de la vie alors qu’elle vient à peine de sortir du ventre de sa mère !
Elle avait envie de... Elle aurait voulu balayer d’un revers de la main cette imagerie imbécile de l’amour inconditionnel des parents pour les enfants. Non, dans ces moments là, l’amour n’existait pas et il lui paraissait aussi loin d’elle que la distance de la terre à la lune !
Comment sa fille pouvait-elle penser que l’homme dont elle s’était entichée allait la rendre heureuse, comment pouvait-elle imaginer qu’il lui fallait tout quitter pour lui, tout quitter, même le lycée, sans le bac, pour vivre avec un type de 10 ans plus âgé qui ne pensait qu’à une seule chose, une seule !
Il fallait qu’elle se calme, après tout elle s’en moquait et, comme elle le lui avait asséné « chacun a le droit de faire le mauvais choix qu’il veut après tout » ! Tu ne crois pas si bien dire, lui avait rétorqué sa fille, furieuse, en lui rappelant que 17 ans plus tôt, son père était parti sans regrets après avoir planté « sa petite graine » - et elle avait articulé méchamment ces mots-là – dans le ventre de sa mère.
Mais elle ne lui avait pas laissé le dernier mot, ça non, et elle lui avait hurlé « Tu n’es pas obligée de faire la même connerie que moi ! ». Puis sa fille était partie en claquant la porte d’entrée.
Il y avait des jours où elle avait vraiment envie de lui dire…merde ! MERDE ! MERDE !