L’embryon
Elle ne voulait pas de cet embryon qui ressemblait à une virgule, elle voulait le faire disparaître, le noyer dans la cuvette des WC en tirant la chasse d’eau. Le problème c’est qu’il s’accrochait comme une plante parasite. Elle avait tout fait pour le déloger, tout, mais sa résistance avait eu raison d’elle ! Maintenant, leur vie commençait à s’organiser. Il grossissait à vue d’œil, ça ne se voyait pas bien sûr - il n’avait que huit semaines - mais elle le sentait : la chose devenait un être vivant.
Parfois elle s’enfermait dans sa chambre, se mettait la tête sous l’oreiller, et elle hurlait – Tire-toi, dégage ! - de toute la force de ses poumons. Elle lui en voulait ; pourtant, jour après jour, vaille que vaille, elle s’habituait à lui. Mais après ? Quand son ventre ne lui suffirait plus, quand il se sentirait à l’étroit, quand il donnerait des coups de pieds contre la paroi, quand il voudrait sortir, comment elle ferait ?
Il était encore trop tôt pour y penser. Peut-être qu’elle le donnerait ou qu’elle l’abandonnerait ou peut-être qu’elle…
* photo vue sur ce site