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7 février 2020

Les œuvres d’art

 

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Je me souviens, il y a longtemps de cela, j’avais décidé d’être heureuse.  Juste pour voir. Plusieurs fois par jour, devant ma glace, je me disais  " Je veux être heureuse ". Ensuite je suis passée aux exercices pratiques. J’ai commencé par des exercices simples. Par exemple, m’extasier devant un papillon, une fleur, un arbre, un ciel… avec des « Oh » et des « Ah ».

Puis, j’ai choisi le chemin de la contemplation esthétique. J’ai fréquenté assidûment les musées. Je m’installais devant une toile et j’essayais de ressentir quelque chose qui aurait pu ressembler à du bonheur.

Ensuite, des œuvres d’art, je suis passée au genre humain et là, j’ai eu peur ; et je suis repassée aux œuvres d’art…

 

PS : photo prise dans le hall du musée des Beaux Arts de Rouen

 

5 février 2020

L’homélie

Enervée, elle avait conclu en disant.

-          Ce que tu dis est « cadavrant ». On dirait la dernière homélie du Pape.

-          « Cadavrant », ah bon ?

-          Oui, réfléchis.

-          J’essaierai, promis. Et pour le Pape, normal, je m’appelle François.

Elle l'observa attentivement. Si ça se trouve, tout au fond de lui-même, il se prenait vraiment pour le Pape. Ce type était barjot, mais un barjot non farfelu. D’ailleurs son nom le prouvait, il s’appelait Barjou ; ça avait laissé des séquelles.

Elle le verrait de moins en moins. Inutile d’aller au cinéma avec un type « en boucle » qui, après le spectacle, lui assénerait des homélies.

"Je n'ai  pas de chance", se disait-elle souvent même si, inconsciemment, elle savait  que son désir de sauver le monde plutôt que se sauver elle-même, n'arrangeait pas les choses…

 

3 février 2020

Souvenir

S’il y a de la lumière, je sonne ! Et il avait sonné. Elle avait ouvert dans un déshabillé vert et lui avait souri.

-           Nous ne nous connaissons pas.

-           Je ne crois pas.

Il continua maladroit.

-           Il y avait de la lumière… alors je me suis dit…

-           Je sonne.

-           Oui, c’est ça.

Elle était comme il l’avait imaginée alors qu’il ne l’avait jamais vue. Le hasard.

-           Je peux entrer ?

-           Bien sûr.

Elle s’effaça et il fit quelques pas dans une pièce qu’il ne pourrait plus décrire. Il se souvenait juste de l’encens et d’un lit défait qui occupait toute la partie gauche. Elle murmura.

-           Je vous attendais.

-           Moi ?

-           Oui, on m’a dit que vous alliez venir.

Il se rappelait sa peau légèrement salée et le jus de ses lèvres citronnées ; mais en était-il si sûr ? Ce n’était que des souvenirs ou peut-être un fantasme  ?

Maintenant, il a 90 ans, et son passé est le seul – ou presque – a occupé le présent. Il flâne dans sa vie le jour et la nuit, sauf à l’heure des repas où il mange à la « table d’hôtes » - c’est ainsi qu’il l’appelle – de la maison de retraite. Là, quelques dialogues – si peu – et cette femme – le même âge que lui – qui ressemble tellement à celle de son souvenir…

 

1 février 2020

Ecrire

Le 2 janvier, je me suis envoyée une lettre. Je l’ai reçue le 4 janvier. J’ai presque été surprise en la lisant, je ne reconnaissais pas mon écriture. Voici ce que la lettre disait :

 

 Chère Hélène,

J’ai attendu longtemps avant de me décider à t’écrire, mais je crois que le moment est venu. J’ai peur pour toi.

Tu sais que je t’ai toujours trouvée très sévère avec toi-même. Que s’est-il passé de si grave qui ne puisse être réparé ? Pourquoi cette constance dans l’échec ? Pourquoi t’acharner à détruire tout ce que tu as patiemment édifié ?

Tu ne réponds plus quand je t’appelle, pourquoi ? Je sais que tu veux perdre la mémoire du bonheur, mais le bonheur est patient ; il a  semé ses cailloux pour que tu retrouves son chemin. Je suis ce premier caillou. Je t’écris pour que tu reviennes vers le rivage et que tu y jettes à nouveau ton ancre.

Ton amie qui t’aime.

 

C’est étrange, mais depuis que j’ai lu la lettre que je me suis envoyée, je vais mieux. J’ai même jeté mes anti-dépresseurs. D’ailleurs, vendredi soir, mon mari m'a demandé  : « Tu vas mieux ou je me trompe ? »

Oui, quelque chose a changé. Je crois que je ne veux plus être dans ce bâteau noir qui vogue sur le fleuve de la tristesse...

 

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