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12 novembre 2011

Les pensées des visiteurs

couvertureA chaque fois qu’un visiteur se présentait – elle les appelait toujours des visiteurs, elle préférait ce mot-ci  au mot  «  client » qui lui paraissait injurieux -  elle se demandait quelles étaient ses pensées. Il lui suffisait de voir une silhouette, un visage, des yeux, un front, des mains pour que son imagination vagabonde. Seulement, quand ce visiteur-là a poussé la porte des Pompes Funèbres Les Anges Bleus, il ne lui est rien venu à l’esprit. Elle s’en est d’abord étonnée, puis l’inquiétude l’a gagnée, à pas feutrés. 

Elle  a souri au visiteur, comme d’habitude, et lui a dit le traditionnel « Que puis-je pour vous ? ». La minute de silence qui a suivi lui a fait l’effet d’une jetée désertée de ses passants après la tempête. Elle lui a souri à nouveau, mais le visiteur est resté de marbre, les yeux rivés sur les cercueils. Son visage était aussi blanc qu’un linceul. Il a fini par dire.

-    Je viens parce qu’on croit que je suis mort.

Que pouvait-elle répondre ? Il a poursuivi.

-    Pourquoi continuer à vivre quand on vous croit mort ? J’ai besoin d’un cercueil simple.

-    Voyons voir, a-t-elle dit pour se donner une contenance, et elle a à arpenté la première rangée bordée de cercueils en bois clair et foncé.

Il lui a emboîté le pas.

-    Vous savez, j’ai de quoi payer, mais il me le faut aujourd’hui. C’est urgent.

Elle a esquissé un sourire gêné.

-    Vous voulez dire que c’est pour bientôt ?

Et il a eu cette réponse qu’elle n’avait jamais entendue auparavant.

-    Ma mort sera certainement plus belle que ma vie.

Une fois le cercueil choisi, il a tenu à l’essayer, pour savoir s’il lui allait.

-    On essaie bien les chaussures, a-t-il dit pour se justifier, alors pourquoi pas un cercueil, c’est autrement plus important !

Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, il a enlevé ses chaussures, son manteau, son écharpe blanche et il s’est allongé sur le velours rouge… quelques secondes plus tard son cœur s’arrêtait de battre.

PS : Texte écrit à partir de cette couverture obtenue par le Générateur suivant : http://www.omerpesquer.info/untitre/index.php?nom=&ed=a

12 octobre 2011

La rencontre

Quand ils avaient sonné chez elle, elle avait encore une larme qui coulait sur la joue, mais elle l’essuya bien vite avant d’ouvrir la porte. Ils étaient deux, en costume sombre, le visage glabre, la chemise blanche, la cravate soigneusement nouée, et ils lui souriaient. Tous deux arboraient un badge avec leur nom et leur prénom ; au moins, elle savait à qui elle s’adressait.  Elles les avaient fait entrer après qu’ils lui eurent avoué qu’une force mystérieuse les avait poussés à frapper à sa porte. Ils étaient restés deux heures chez elle. Ils lui offrirent une bible et l’invitèrent à entrer dans l’église du bonheur. Comment aurait-elle pu refuser ?

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