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Presquevoix...
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20 novembre 2009

Un compliment pour Joséphine (MBBS)

Joséphine se sent des ailes, vole sur son petit nuage en cette fin de matinée.

La raison d’une si belle humeur ?

Oh ! trois fois rien, juste une remarque faite par un inconnu alors qu’elle marchait le long d’une rue, perdue dans ses pensées. Les mains dans les poches, le pas alerte que ses ballerines plates lui permettaient de cadencer, le nez à la recherche de senteurs que cette fin d’automne faisait circuler par cette belle journée ensoleillée, elle n’a pas remarqué qu’elle était suivie…ou non plutôt que des pas masculins marchaient dans les siens. Ce n’est qu’à un arrêt provoqué par une voiture qui sortait de son garage donnant sur le trottoir qu’une ombre se mit à sa hauteur. Quand elle tourna la tête, elle croisa un regard doux et timide. L’homme murmura quelque chose qu’elle ne comprit pas.

- Pardon ? questionna-t-elle.

- Vous êtes très belle.

- Merci.

Puis après deux secondes d’hésitation, l’homme poursuivit, hésitant.

- Temps pour faire connaissance ?

Elle sourit

- Non désolée

- Alors bonne journée.

Et chacun prit une direction différente.

C’est banal, se dit Joséphine, c’est tout simple et pas compliqué mais quel bien ça fait de recevoir ces mots uniques et doux et de ne pas se faire harceler! Du coup, c’est comme si le soleil brillait deux fois plus, une fois pour les mots si tendres au cœur et au moral, une autre fois pour le compliment donné sans besoin de retour.

20 novembre 2009

Prenez vos agendas ! (gballand)

A chaque fois qu’elle demandait aux élèves de seconde de prendre leur agenda, toujours les mêmes soupirs, les mêmes lamentations et les mêmes cris d’orfraie :
- Ah non madame ! On a trop de travail, on peut pas !
Elle ressentait invariablement la même envie impérieuse de leur hurler :
- Putain de merde, je vais vous  arracher vos  poils dans la main, moi, et les uns après les autres !
Au lieu de cela, elle continuait d’humeur égale :
- J’attends que tout le monde ait son agenda sur la table… notez pour…

19 novembre 2009

Le nez rouge (gballand)

Tous les mardi, il  se mettait un nez rouge, juste pour le plaisir, et il  partait faire ses courses au supermarché. Le nez rouge, c’était un rêve d’enfant qu’il avait abandonné sur le bord de la route, comme tant d’autres. Depuis vingt ans, il était inspecteur des impôts et les bouffonneries étaient mal tolérées au bureau.
Il profitait de son nez rouge pour aborder les femmes. Elles riaient  volontiers de ses pitreries, sauf la sienne qui lui disait invariablement, d’un ton agacé : « Et tu te trouves drôle Jean Jacques ? » !
C’était un bonimenteur de génie et toutes les femmes avaient droit à ses compliments servis à la louche : les vieilles, les jeunes, les moches, les belles, les  maigres, les  grosses, les coincées, les pas coincées… il avait une blague pour chacune d’entre elles.
La veille, à la caisse d’Intermarché, il était tombé sur une rabat-joie qui lui avait fait penser à sa femme. Il avait bien essayé de la dérider, comme les autres, mais elle l’avait renvoyé dans les cordes en lui demandant s’il n’avait rien de mieux à faire le mardi à 18 heures. Il avait accusé le coup mais il n’avait pas pu s’empêcher de lui dire :
- Vous, vous devez être prof, ça se voit comme le nez au milieu de la figure !
Elle n’avait rien répondu, mais après avoir tapé son code de carte bleue, elle lui répondit :
- Et vous inspecteur des impôts !
C’est là qu’il la reconnut : une collègue de lycée de sa femme qui avait dû venir dîner une ou deux fois chez eux. Quand la caissière lui adressa la parole il sursauta, distrait ; il imaginait déjà la scène que sa femme lui ferait…


18 novembre 2009

le temps qu'il reste à vivre… (gballand)

Elle était condamnée à vivre au moins 10 ans, elle l’avait vu en faisant le test de la mort sur internet, trois semaines plus tôt. Pour tromper l’ennui, chaque dimanche elle s’offrait une « sucrerie ». Il y a quinze jours elle avait acheté un framboisier dévoré goulûment avec sa voisine ; la semaine dernière elle s’était fait envoyer par Interflora un bouquet printanier   avec cette carte jointe « A vous que je vois passer tous les jours sans oser vous parler » ; et ce dimanche elle téléphonerait à Michel ; elle ne l’avait pas vu depuis 25 ans. Maintenant que son mari était mort pourquoi ne renouerait-elle pas avec celui qui n’était resté que son amant de cœur ? Il était peut-être encore temps…

17 novembre 2009

L’enveloppe (gballand)

Sur le blog je-double, un texte de gballand – « l’enveloppe » -  illustré par un photomontage de Patrick Cassagnes.

« C’est à ne pas laisser en d’autres mains que les vôtres.Voilà ce que cette jeune femme m’a dit avant de s’enfuir à toutes jambes. C’était une parfaite inconnue et j’avais maintenant dans les mains cette enveloppe renflée... » la suite…)

16 novembre 2009

Des collants dissuasifs… (gballand)

Il y a quelques jours j’ai téléphoné à une vieille tante qui se morfond dans une maison de retraite. Au cours d’une  conversation décousue dont elle a le secret, elle m’a fait part  de problèmes qu’elle avait avec ses « collants à haute tension ». En essayant de garder mon sérieux, je lui ai signalé qu’elle voulait sans doute parler de ses collants de contention.
Je suis sûre que cette idée de « collants à haute tension » plairait au  « sémillant » Eric Raoult, député UMP… Voilà qui serait une façon efficace de dissuader les écrivains qui reçoivent des prix littéraires – comme le Goncourt - de  critiquer la France de M. Sarkozy de façon aussi virulente !

15 novembre 2009

Le logis des moines (gballand)

moinesElle lui avait dit « Je t’attendrai au logis des moines ». Il avait trouvé l’idée saugrenue pour une première rencontre mais il s’était plié à son désir. Quand il vit l’enseigne, il réprima un geste nerveux, les moines et leur tonsure lui rappelaient invariablement le petit séminaire qu'il n'avait que trop tardé à quitter. Elle l’attendait, souriante, dans un ensemble mauve qu’il ne lui avait jamais vu auparavant.
Dans la cage d’escalier aux couleurs fanées, il  sentit son cœur battre follement. Elle était là, pour lui et il allait enfin, pour la première fois depuis huit mois de cour assidue, goûter au fruit défendu. Sa tête commençait à tourner en suivant le mouvement de ses jambes dans l’escalier, elles étaient beaucoup trop belles pour lui, les méritait-il ?  Quand elle ouvrit la porte de la chambre, il chancela légèrement et lorsqu’elle se retourna pour l’embrasser, il s’évanouit.
C’est elle qui le ranima en lui donnant quelques gifles.
- Ça va mieux ? S’inquiéta-t-elle.
Il allait lui répondre mais le visage du père Jean se superposa au visage de la jeune femme. Il s’approchait très près de lui, si près qu’il sentait son odeur écoeurante  :
- Est-ce que tu as eu de mauvaises pensées Alexandre ?
Et lui s’empressait de répondre que oui ; il savait que le père Jean aimait l’entendre dire qu’il avait eu de mauvaises pensées… Soudain le visage de la jeune femme réapparut et il lui fit cette confession étrange qu’elle ne comprit pas :
- Je hais les curés.

* texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Pierrick.

14 novembre 2009

A fleur de mots (gballand)

Elle avait toujours été à fleur de mots ; la rumeur disait même qu’elle était folle. Quand son arc à palabres se déployait, ses victimes ne se relevaient pas. Elle dérangeait. On chuchotait que seul un puissant neuroleptique  pourrait la guérir de sa langue malade.  Bientôt, ses mots ne troubleraient plus l’ordre public : on la mettrait à l’isolement.

PS : texte écrit dans le cadre des « impromptus littéraires »

13 novembre 2009

Joséphine et le soufflé. (MBBS)

-Voyons, des œufs en neige, du fromage, du poivre, une pointe de muscade, de la farine…

Joséphine cuisine en ce samedi matin. Au menu, un soufflé au fromage, son premier essai et aussi un test de plus dans ses nouvelles résolutions. Quand elle aura réussi ce plat, qu’il sera resté beau à sa sortie du four, qu’elle en aura savouré l’onctuosité, elle passera à la suite de la liste des choses à tester.

Bien sûr, elle a déjà embrassé des garçons, elle est timide mais pas nouille et elle a déjà eu quelques aventures mais elle n’a jamais vraiment goûté à la beauté d’un baiser, trop occupée à faire juste, à laisser sa langue explorer la cavité buccale du garçon. Enfin elle essayait de bien respecter les consignes des copines ! Elle réalise qu’elle n’a jamais été naturelle, elle ne s’est jamais abandonnée, elle n’a jamais ressenti ce vertige que d’autres semblent vivre. Quand elle va au ciné et qu’elle assiste aux baisers langoureux et passionnels sur grand écran, elle se dit qu’elle aimerait bien vivre cela elle aussi.

Le problème, c’est trouver l’Homme, celui qui la fera vibrer, s’extasier et se pâmer…bon, elle doit se l’avouer, c’est un problème de taille !

-Beurrer un moule et y verser la préparation puis glisser dans le four chaud pendant quarante minutes. Important, ne pas ouvrir le four pendant la cuisson.

Au bout de 30 minutes, Joséphine admire son œuvre, elle salive déjà en regardant la croûte dorée qui craque tout autour du moule révélant le fondant à venir du soufflé.

-Mmh ! je sens que cela va être délicieux et cet arôme, j’ai faim !

Elle décide de se faire plaisir, il lui reste 10 minutes avant la fin de la cuisson, elle sort une jolie nappe brodée pour cacher sa table aux multiples entailles et taches, elle met le couvert, un verre à pieds en cristal, allume cinq bougies (son nombre fétiche), éteint le plafonnier, ouvre une bouteille de vin rouge de derrière les fagots et s’en sert un verre. Alors qu’elle goûte au nectar, la sonnerie de la minuterie la fait sursauter. C’est un moment de vérité, le soufflé va-t-il tenir sa promesse ou se dégonfler ?

13 novembre 2009

La météo en ligne (gballand)

Quand mon mari téléphone à sa mère, j’ai toujours l’impression qu’il lui fait la météo en ligne. Heureusement, il n’en est pas encore arrivé au point de lui parler des masses d’air et des anticyclones…

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