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Presquevoix...
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19 juillet 2009

La feuille (gballand)

murQuand il  vit la feuille, il ne put s’empêcher de s’arrêter au risque de se faire bousculer par les passants. Il n’entendit  même pas le type qui  marmonna, énervé  « Rien de mieux à foutre que de rester planté au milieu du trottoir ! ».
Seule cette feuille minuscule existait. Elle vivait envers et contre tout dans un univers hostile. N’était-ce pas elle, cette fragile pousse tendre, qui avait creusé le mur de sa grâce persuasive ? La feuille lui donnait du courage, comme un petit remontant qu’on s’enfile à la hâte au comptoir d’un café obscur. Oui, dès aujourd’hui il écrirait cette lettre qu’il remettait toujours au lendemain. Il repousserait le mur de l’indifférence, il leur ferait savoir ce qu’il avait dans les tripes, ça oui, il le leur ferait savoir !
De retour chez lui il s’assit à son bureau, se saisit d’une feuille blanche, d’un stylo…  mais soudain,  toutes ses  bonnes résolutions s’évanouirent.
Il n’était plus qu’une feuille de papier vierge sur laquelle il laissa l’empreinte de son visage trempé de larmes…

PS : photo gentiment prêtée par P. Cassagnes. Pour voir son site : www.sucrebleu.com

18 juillet 2009

Les chiens (gballand)

Moi, je n’ai jamais rien eu contre les chiens. Si j’ai commencé à les détester, c’est à cause des hommes…

17 juillet 2009

Les mains (gballand)

Il avait des mains de brute ; des mains d’assassin. Pourquoi avait-il choisi de s’asseoir à côté d’elle, alors que le cinéma était presque vide ? Elle aurait dû se déplacer, mais elle n’avait pas osé.
Après le film, quand elle l’avait vu derrière elle, dans le miroir des toilettes, elle aurait dû crier, mais il était trop tard, il venait de lui plaquer une main sur la bouche, l’autre lui tordait le bras droit et il lui conseillait de faire ce qu’il lui demandait sans broncher, sinon…
Dix minutes plus tard, quand elle sortit des toilettes, le visage tuméfié, elle ne croisa personne. Elle marcha longtemps sur les trottoirs, hébétée. Un rideau de nuit était tombé devant ses yeux.

16 juillet 2009

La vache (gballand)

Sur le blog « Je-double », un texte de G. Balland – La vache - illustré par P. Cassagnes ( www.sucrebleu.com )

15 juillet 2009

L’échange (gballand)

Je suis coiffeur, c’est une chose qui peut arriver à tout le monde*. Elle, elle est hôtesse d’accueil dans un funérarium, c’est aussi une chose qui peut arriver à tout le monde. Samedi dernier, elle a voulu que je la coiffe pour un enterrement. Je ne l’ai pas fait payer, c’est une amie. Soucieuse de réciprocité, elle m’a  proposé des tarifs promotionnels sur une gamme de cercueils :
- Des modèles de qualité, m’a-t-elle assuré, nous n’avons jamais eu de plaintes.
- Merci, lui ai-je répondu poliment, tu ne m’en voudras pas si j’attends encore un peu...

* phrase extraite du livre de Max Aub : crimes exemplaires.

14 juillet 2009

Altruisme (gballand)

Agé de 74 ans et atteint d’un cancer avancé, il tue sa femme pour qu’elle ne souffre pas.

PS : Brève ré-écrite à partir d’un fait-divers lu dans Libération samedi dernier.

12 juillet 2009

Le fils du père (gballand)

- Je te dis qu’il m’a mordu ! c’est ce qu’elle répétait en boucle.
Je ne pouvais pas le croire. Lui si doux, si calme, comment était-ce possible ? Au comble de l’énervement, j’ai fini par crier.
- Mais bon sang, qu’est-ce que tu lui as dit pour qu’il te morde ?
- Rien, m’assura-t-elle, rien du tout.
Je savais que chez elle, "rien" voulait dire beaucoup. Elle avait cette habitude étrange de dire l’inverse de ce qu’elle voulait exprimer.
Il fallait que j’en aie le cœur net. Je l’appelai et il arriva aussitôt :
- Ta grand-mère m’a dit que tu l’avais mordue, c’est vrai ?
Il me regarda l’air penaud et baissa les yeux. Ses petites mains potelées  se crispaient sur la peluche qu’il serrait contre lui. C’était donc vrai.
- Mais pourquoi tu as mordu ta grand-mère ?
Il me fixa de ses yeux clairs et dit comme à regret :
- Elle m’a dit que j’étais bien comme mon père et que t’aurais jamais dû te marier avec lui.
Elle recommençait. Aucun homme, décidément, ne trouverait grâce à ses yeux.

11 juillet 2009

Lapsus révélateur (gballand)

Samedi dernier, avec mon mari, nous errions à Carrefour, au rayon DVD, quand il m’a dit l’air soucieux :
- J'ai besoin de m'acheter du détachement… euh du détachant !
J’ai ri à gorge déployée. Ce lapsus venait fort à propos.
-  Hélas, le K2R ne fait pas de miracles, lui ai-je rétorqué, s’il suffisait d’un simple « pschitt » pour prendre de la distance…

11 juillet 2009

La statue (gballand)

Sur le blog « Je-double », un nouveau photomontage de P. Cassagnes (www.sucrebleu.com), illustré par un texte de G. Balland : « la statue ».

10 juillet 2009

La bande dessinée (gballand)

Marie30Sa mère l’appelait pour la troisième fois.
- Marie !
Cette fois-ci elle répondit.
- Non !
- Comment ça, non ? renchérit sa mère d’une voix qui lui paraissait si lointaine.
La petite fille continuait de lire sa bande dessinée, sourde aux appels de sa mère, Tintin ne pouvait plus l’attendre, il allait bientôt connaître le secret du message codé, peut-être partirait-elle avec lui et avec le capitaine Haddock pour une  aventure sur la Licorne et…
- Marie, viens goûter, cria à nouveau la voix de l’intérieur de la cuisine.
Tintin décida aussitôt d’aller voir le capitaine Haddock, lui saurait ce que voulait dire ce message-là. Il sonna chez lui, rien, il sonna à nouveau, toujours rien, il alla chercher la concierge…
- Alors !  répéta la voix.
Tintin demanda l’aide d’un serrurier. Quand il eut ouvert la porte, le capitaine Haddock les attendait les armes à la main…
Sa mère sortit de la maison. Quand elle la vit allongée à plat ventre sur la chaise longue, son petit pied gauche chaussée de sa sandalette blanche replié sous son genou droit, elle n’eut pas le courage de la déranger plus avant. Dans le lointain pays de son enfance n’avait-elle pas, elle aussi, sillonné les mers sur des goélettes improbables ? N’avait-elle pas poursuivi pirates et forbans ? N’était-elle pas partie au Tibet accompagnée de l’infatigable Milou ?
Le goûter attendrait, elle savait qu’une aventurière n’interrompait jamais ses voyages pour manger de la tarte aux pommes.

PS : texte écrit à partir d’une photo gentiment prêtée par Mariesondêtre 

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