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Presquevoix...
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15 novembre 2008

La panne ( gballand )

- Ca vous déçoit ?

Allongée sur le lit à moitié défait d’une chambre d’hôtel tristement banale, elle restait silencieuse alors qu’il attendait une réponse de sa part. Pourquoi  persistait-il à la vouvoyer ? Elle en ressentait une certaine irritation. Sans doute souhaitait-il qu’elle le rassure, qu’elle lui dise que ce n’était pas grave, que tout vient à point à qui sait attendre, que demain serait un nouveau jour, qu’il n’y avait quand même pas que « ça » dans la vie… mais elle n’y arriva pas et articula d’une voix agacée.

- Bien sûr que ça me déçoit, je ne suis ni Mère Térésa, ni Sœur Emmanuelle !

14 novembre 2008

Egalité (MBBS)

« Parmi les enseignements de Bahà’u’llàh, il y a l’égalité de l’homme et de la femme. L’humanité a deux ailes, la masculine et la féminine. Un oiseau ne peut voler que si ses deux ailes sont également développées. Si une aile reste affaiblie, le vol serait impossible. La réussite et la prospérité ne seront atteintes que lorsque l’univers de la femme égalera celui de l’homme ».

 

Extrait des écrits de la religion baha’ie, dont les enseignements ont été promulgués dans la Perse du XIXème siècle, extrait transmis par un ami.

14 novembre 2008

Les lunettes ( gballand )

Ils étaient chez Alain Aflelou, « Deux lunettes de plus pour un euro de plus. » ! Son mari devait se choisir une nouvelle monture. Elle, elle était venue parce qu’il avait eu un argument convaincant.

- C’est quand même toi qui me verras le plus avec mes  lunettes !

Son mari choisit  trois montures. La vendeuse le félicita du choix, mais n’était-elle pas prête à lui dire que tout lui irait même ce qui ne lui irait pas juste pour accélérer la vente ? Soudain, faisant preuve d’initiative alors qu’on ne lui demandait rien, elle lui tendit des lunettes à la monture marron, classique, hideuse, qu’il  chaussa sans hésiter.

- Ah non, pas celles-là, s’écria sa femme, j’ai l’impression de voir mon grand-père, il avait les mêmes !

13 novembre 2008

Un coup de vieux! (MBBS)

Le téléphone sonne, elle décroche.

- Bonjour Madame, nous sommes mandatés par une radio pour une enquête sur les goûts musicaux des personnes, nous recherchons des femmes entre 17 et 29 ans.

« Ouf, se dit-elle, ce n’est pas pour moi » et soulagée de ne pas être obligée de trouver plein d’arguments pour refuser, elle répond toute contente.

- Dommage pour vous car j’ai 50 ans.

Le jeune homme à l’autre bout du fil insiste et demande s’il n’y a pas dans la famille une jeune femme répondant à ce critère. Elle ne se sent pas de mentir alors elle avoue que ses deux filles sont dans cette tranche d’âge. Il insiste gentiment pour leur parler mais elle rétorque qu’elles ne sont pas là. Quand peut-il rappeler alors ? Ils conviennent d’un rendez-vous pour un autre jour. Curieuse comme à son habitude, elle demande d’où il appelle et alors qu’elle se trouve à Lausanne, le téléphoniste se trouve en Allemagne. Elle pense alors à la globalisation et se demande le pourquoi d’avoir un téléphoniste allemand maitrisant le français pour un sondage en suisse romande ? Alors qu’elle surfe sur cette question, le jeune homme allemand pose la question qui tue.

- Et vous, vous êtes la grand-mère ?

- Ahhhhh !

Elle préfère éclater de rire et rétorque qu’elle est la mère. Il reste imperturbable, il la remercie et lui dit au revoir. En reposant le combiné elle se dit qu’elle vient d’attraper un sacré « coup de vieux ».

13 novembre 2008

Le plagiaire ( gballand )

Depuis 15 jours ses idées étaient aspirées par un vide vertigineux et son fichier attendait toujours les brassées de mots qui auraient dû peupler l’écran vierge. Face à l’ampleur du désastre, il se résolut à « emprunter », comme il le disait pudiquement. Il n’en était pas à ses premiers « emprunts », mais il préférait oublier ses larcins passés ; il aimait à se penser fécond alors que sa plume était sèche.

En chasseur de mots éprouvé - plus de trois ans d’expérience et déjà un livre publié – il investit son champ d’action : la toile mondiale. Les mots des autres le fascinaient et il savait choisir les meilleurs, ceux qui habillent les textes de soies légères.

Il n’avait jamais eu aucun remords à prendre les mots des autres ; les textes publiés par d’anonymes écrivants n’étaient-ils pas la propriété de tous ? Et puis, qui aurait pu savoir à quels cambriolages il se livrait devant l’écran de son ordinateur ?

Il ingérait tout ce qu’il pensait pouvoir digérer. Quand un texte l’inspirait au point de le vouloir voler, il opérait sur lui une opération chirurgicale décisive. Depuis qu’il était passé maître en l’art de la transformation, sa conscience s’allégeait. Ne faisait-il pas que s’inspirer ? N’était-ce pas ce que les écrivains avaient fait de tout temps ? Tout texte n’était-il pas que réminiscences digérées d’autres textes ?

Parfois un doute l’étreignait - ne serait-il pas devenu faussaire ? – mais il le dissipait très vite. Son deuxième manuscrit allait bientôt  prendre forme…

PS : pour comprendre ce qu’est plagier, consulter ce site en langue anglaise : http://www.plagiarism.org/

12 novembre 2008

Se refaire une laideur ( MBBS)

Clara Magouille observait son visage et ce que le miroir lui retournait ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout ! Ses rides disparaissaient, les verrues qu’elle avait sur les joues et le front rapetissaient, la bosse sur son nez s’aplatissait et comble de malheur, ses cheveux hirsutes à souhait prenaient une couleur miel tout en ondulant, l’horreur totale !

« Il faut que je réagisse, les autres sorcières vont se moquer de moi et je vais être la risée du bal de la Saint Pétulon » Elle se leva d’un bond et chercha dans sa bibliothèque un grimoire qui pourrait lui donner la recette pour retrouver sa laideur. Elle trouva les « 37 façons pour ternir un teint de pêche en teint terreux », « Nez crochus, becs d’aigle : 99 idées » ainsi que « Cheveux de paille ou huileux, que choisir ? ».

- Parfait, j’ai deux jours pour me refaire une laideur, au travail !

Elle enfourcha son balai et se rendit au marché des Crèves-grenouilles pour trouver tout ce qu’il lui fallait pour ses potions. Sa beauté étant trop évidente, elle mit des lunettes noires à monture de crapaud, un fichu troué sur la tête et des gants en peau de limaces pour camoufler ses mains toutes dodues et roses en se disant que si tôt le matin, le risque de se faire reconnaître serait minime, les autres sorcières fuyant le soleil et les journées éclatantes. Elle avait bien calculé car le marché était quasi désert et ses emplettes furent faites en un temps record. Une horrible robe en fils d’araignées agrémentée de cafards bruns et noirs lui fit de l’œil et elle hésita avant de craquer et de se l’offrir. De retour dans sa grotte, elle se mit tout de suite à l’ouvrage, les onguents et autres crèmes devant être utilisés le plus rapidement possible pour un effet optimal. La colle qu’elle mit sur ses cheveux eut un pouvoir fantastique et fit disparaître les ondulations. Quant à la couleur miel, elle fut remplacée par du gris sale qui allait parfaitement avec les tons de sa robe neuve.

Les verrues se multiplièrent et se disséminèrent sur tout son corps. « Parfait se dit-elle, cela m’évitera de poser un châle sur mes épaules, mes bras et mon décolleté seront hideux à souhait. » Ses rides par contre, refusèrent de se creuser davantage ! Folle de rage, elle passa toute la nuit et toute la journée du lendemain à chercher et essayer les 37 potions de son livre, sans succès. Son visage présentait une surface lisse que les verrues ne parvenaient pas à camoufler et son teint, du rose avait viré au blanc pâle, ce qui accentuait encore plus l’effet de jeunesse qu’elle ne voulait pas. Elle dû donc tricher et à l’aide d’un crayon gris, marqua autour des yeux, au coin de son rictus et sur son front des traits profonds qui de loin pouvait passer pour une peau fripée. « Finalement, ce n’est pas si mal ! » se dit-elle en enfonçant son chapeau noir suffisamment fort jusqu’aux yeux, plaquant ainsi ses cheveux de telle façon que le visage disparaissait derrière eux.

Rassurée sur son image, elle s’octroya un petit verre de Muscadet, car on a beau être sorcière, on peut être sensible à certains petits plaisirs plus communs…

12 novembre 2008

Les handicapés (gballand )

Désespérés, ils erraient dans les rues de cette ville de bord de mer depuis 10 minutes sans trouver aucune place pour se garer, quand soudain sa mère s’écria d’une voix impatiente.
- Non, mais regarde-moi ça, il y a plein de places handicapés et ils occupent même pas leur place, les handicapés  ! Tu n’as qu’à t’y mettre !

11 novembre 2008

Les lettres ( gballand )

Voilà un an qu' il s'envoyait des lettres, tous les jours, sans jamais indiquer l'expéditeur.  Sa femme s'étonnait de ce courrier massif, mais elle préférait se taire, elle ne voulait pas lui laisser penser qu'elle s'intéressait à lui. Quand il les parcourait, il prenait un air mystérieux. Parfois il souriait, mais la plupart du temps son visage n'exprimait rien.

Jamais elle n'avait ouvert son courrier, mais  l'envie la tenaillait de lire l'une de ces lettres, non qu'elle fût jalouse - elle ne l'aimait plus depuis  longtemps – mais curieuse.

Le jour où elle le retrouva pendu à la cave et où elle vit le sol jonché de lettres, elle comprit. Chaque lettre répétait le même texte, mot pour mot :

" Voilà une bonne chose de faite, je me suis suicidé ; j'ai cru que je n'y arriverai jamais, mais si, la méthode Coué fait des merveilles, n’est-ce pas ce que tu me disais ? Tu es devant moi, ma tête pend au bout d’une corde et je  suis enfin débarrassé de moi… et de toi.

Jean

PS : les enfants sont grands, tu inventeras le mensonge qui t'arrange, comme d'habitude, je te fais confiance."

10 novembre 2008

Au secours ! ( gballand )

Etrange, cette panique qui s'empare de nous lorsque les premières rides arrivent, sans parler de la détresse qui nous saisit quand deux poches impitoyables soulignent nos yeux presbytes et de l'angoisse qui s'installe quand nos joues, autrefois si fermes, se ramollissent irrémédiablement  !

Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux se faire opérer dès la naissance… pour avoir une tête de vieux !

9 novembre 2008

C’est par où… ? ( gballand )

Il n’a eu qu’un but dans sa vie : me contredire. Quand j’indiquais une route, il en prenait une autre ; si je montrais le Nord, il regardait le Sud et si je disais rouge, il me répondait vert. Notre vie était un contresens. Nous avions atteint ce que j’ appellerais « le seuil de l’angle mort ».

Au bout de 5 ans, nous ne nous parlions plus. Nous griffonnions sur des papiers les mots du quotidien : « Ferme le gaz !», « Donne à manger au chien ! » ou « Achète du pain ! »…

Un beau jour, j’ai cessé de lui écrire, je n’avais plus d’encre. C’est  à ce moment là qu’a germé en moi l’idée de le tuer, idée chassée très vite. Moi ? Le tuer ? Non, je respecte trop la vie, même la sienne !

Lui, par contre, il n’a pas hésité, et maintenant je coule des jours paisibles sur cette colline… Vous voulez savoir où j’habite ? Et bien c’est par là… vous suivez l’allée centrale, vous prenez la cinquième allée à gauche, et c’est tout au fond, juste sous l’érable. Vous verrez, elle est en marbre rose. Ah, ça, il m’a gâtée !

* texte écrit dans le cadre d'une consigne proposée par "les impromptus littéraires".

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