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Presquevoix...
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21 novembre 2008

Une révolution tranquille (MBBS)

Elle hésitait, elle en avait très envie mais une peur au fond d’elle, sournoise et déstabilisante, la maintenait dans un état de doute désagréable qui la paralysait.

Jusqu’à ces fameuses lectures, elle n’avait jamais réfléchi à ces petites choses, ces services obligés qu’on lui demandait, elle avait toujours cru ou on lui avait toujours dit que c’était normal, que cela faisait partie du statut féminin. Qui « on » au fait ? Elle creusait sa mémoire et revoyait sa mère, sa tante, ses cousines, son frère et son père, puis cela avait été les copines et les collègues. Si elle approfondissait, elle constatait que c’était plus un phénomène de société qu’autre chose alors que faire ? Elle seule pouvait-elle changer ce qui était établi depuis si longtemps ? Mais les autres femmes, le voudraient-elles aussi ces changements ? Pas sûr…avec ce qu’elle voyait autour d’elle, elle avait des doutes. Alors quoi ? « Pense à toi ma fille, rien qu’à toi et si tu réussis, peut-être feras-tu des émules qui voudront également suivre la même voie que toi ». Forte de cette pensée, elle se mit au travail et définit une stratégie. Elle commença en douceur et c’est son collègue masculin direct qui eut le privilège de ses premiers tests.

- Marie, en descendant chercher le courrier, tu me prends un café stp !

En souriant, elle lui répondit qu’elle était désolée mais qu’aujourd’hui, c’était son tour d’aller au courrier et de lui apporter le café. Il eut d’abord l’air étonné, puis il haussa les épaules et s’en fut. Il revint dix minutes plus tard, avec le courrier et deux cafés, un pour elle et un pour lui. Elle le remercia d’un sourire et jubila intérieurement, cela avait été si facile, pourquoi s’en être fait un tel stress, stupide qu’elle était. Elle décida de poursuivre son avantage et déclara que dorénavant ils descendraient chercher le courrier chacun leur tour. Il ne broncha pas et la question fut réglée.

La phase suivante fut pour sa famille. L’anniversaire de sa mère était pour le dimanche suivant. La coutume voulait que son père s’occupe du repas, ce qu’il faisait volontiers une fois par année alors qu’il était un excellent cuisinier. Le problème, c’est qu’il se contentait de cuisiner, les courses et les rangements c’était pour sa pomme à elle et son frère n’y participait pas. Cette fois, les choses allaient changer. Quand son père lui envoya la liste des courses par courriel, elle la lui renvoya en spécifiant que Lionel aura grand plaisir à s’en charger pour une fois. Le frère argumenta qu’il était trop occupé mais elle l’informa que dorénavant c’était chacun son tour et qu’il avait quelques tours à rattraper !

Le jour dit, elle offrit à sa mère un week-end wellness et le repas fut délicieux. Elle ne se leva pas pour débarrasser et retint sa mère. « Laisse maman, c’est ton anniversaire et les hommes de ta vie vont se faire un plaisir de tout mettre en ordre ». Lionel explosa.

- Dis donc, il t’arrive quoi ? D’abord tu refuses d’aller faire les courses et maintenant, il faut aussi que je me colle à la vaisselle, et toi, tu fous quoi ?

Elle le regarda froidement et répliqua.

- Je ne fous rien justement, exactement comme toi toutes ces années passées, il était temps que cela change, non ? J’ai 22 ans et cela doit faire 15 ans que j’aide maman, on ne peut pas en dire autant de toi, alors comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, tu vas t’y coller ces prochaines années.

- C’est aussi valable pour moi ? ironisa son père.

- C’est une affaire entre toi et ta femme. Ce qui est sûr c’est que moi, j’en ai marre de ces tâches soi-disant typiquement féminines que vous les hommes nous laissez depuis des siècles.

- Je vois, tu joues à la féministe ! attaqua Lionel.

- Je ne joue à rien, je veux simplement que certaines tâches soient partagées équitablement. Si cela est « être féministe », je le suis.

Les deux hommes se regardèrent, haussèrent les épaules et s’en furent à la cuisine. « Ca va lui passer » argumenta le frère. « Ouais, répondit le père, faudrait pas qu’elle mette ses nouvelles idées dans la tête de ta mère, je me vois mal passer l’aspirateur ou faire la lessive… » Il ne termina pas sa phrase, l’avenir lui sembla soudain moins limpide, comme rempli de chiffons à poussière, de vaisselle sale et de linge à repasser…

21 novembre 2008

Silence ! ( gballand )

- Tais-toi je pense* !

Pourquoi  s’évertuait-il toujours à parler quand elle pensait ? Pour la parasiter ? Pour qu’elle se perde et ne se retrouve plus ? Elle ne pouvait plus penser tranquille dans cette maison. A cause de la pensée des autres, elle ne s’atteignait plus, comme si le bras qu’elle se tendait, battait dans le vide tel un oiseau blessé.

« Tais-toi  je pense, tais-toi je pense, tais-toi je pense… » marmonnait-elle inlassablement pendant qu’il parlait ; mais il ne s’arrêtait pas. Elle sentait que bientôt la marée la couvrirait et qu’elle ne savait pas nager. Soudain, elle saisit une chaise et la lui fracassa sur la tête.

Enfin, il se tut.

* phrase lue sur le blog portugais  insonia : « cala-te estou a pensar. »

20 novembre 2008

la baffe (MBBS)

- Et...j’ai ramassé une baffe !

Le silence s’installe. Les regards s’évitent, des moues se dessinent et le tic-tac de la pendule égrène les secondes au même rythme que les battements de son cœur. Une baffe, c’est rien et c’est tout, c’est minime et c’est énorme, cela fait même pas mal ou cela brûle longtemps sur la joue rouge. Une baffe à 16 ans c’est le coup de souffle qui ravive la flamme de la révolte permettant au feu qui couve de reprendre vie et ardeur.

- Et tu as fait quoi ?

- Ben d’après toi ?

- J’sais pas !

Nouveau silence qui s’alourdit en attente de l’aveu.

- Rien, j’a rien fait !

20 novembre 2008

La moustache ( gballand )

Celui qui semblait être le chef ordonna de lui raser la moustache « Ah non, pas ça ! » hurla-t-il, « Pas ma moustache ! ». Le chef lui répondit en esquissant un geste d’humeur « Ce n’est pas parce que tu as une moustache que tu vas faire la loi ! ». Les deux autres acquiescèrent tout en fixant  sa moustache qui s’épanouissait au-dessus de sa lèvre supérieure comme une provocation à l’ordre établi.

- Mais qu’est-ce qu’elle vous a fait ma moustache ?  S’étrangla-t-il
- Rien, mais ce n’est pas prévu dans le règlement !
- Changez-le, alors !
- On ne change pas un règlement ; un règlement, on s’y plie ou  on part !

Mais quand il voulut partir, deux hommes lui barrèrent la porte et le troisième lui envoya une balle dans le ventre.

- La prochaine fois, quand on te dira de te raser ta moustache, tu la raseras, dit froidement le chef en regardant l’homme qui gisait dans une mare de sang.

Il n’y eut pas de prochaine fois.

19 novembre 2008

lettre de B à C (MBBS)

Tu vis à l’autre bout du monde

Tu viens parfois me visiter pour mieux me croquer

Me donnant ainsi l’illusion d’être une belle pomme ronde

Alors que j’aimerais être celle qui te fait craquer !

 

Il y a peu ou pas de solutions pour nous

Pour vivre une passion sans contraintes ni courroux

Alors que toi tu vis ici et moi je ne sais où.

 

Nous sommes tous deux amants virtuels

Evoluant dans un monde en mouvement perpétuel

Glanant ici là fantasmes et rêves pour échapper à la réalité

D’un monde qui nous empêche de vivre notre vérité.

 

Un jour peut-être, nos deux âmes

Sous d’autres cieux se retrouveront

Loin d’un monde infâme

Pour vivre enfin libres et sans chaperons.

19 novembre 2008

La glace ( gballand )

Il sortit de la salle de bain le visage soucieux.

- Je me suis regardé dans la glace ce matin et je me suis trouvé très vieux ! Lui dit-il d’une voix lasse.

Elle ne put s’empêcher de lui répondre.

- Ça faisait combien de temps que tu ne t’étais pas regardé  ?

Il ne répondit rien et s’assit devant son ordinateur, l’air sombre. Elle jugea qu’une nouvelle remarque malheureuse suffirait pour qu’il explose ! Elle préféra se taire.

18 novembre 2008

Le goujat de service! (fiction de MBBS)

L’heure passe, ils doivent se quitter, ils se lèvent après avoir réglé leurs consommations. A ce moment, un homme se dirige vers eux et s’adresse à Paul.

- Bonjour monsieur, comment allez-vous, permettez que je vous présente quelqu’un, vous êtes toujours dans la communication ?

Paul acquiesce en reconnaissant son interlocuteur et, un peu surpris par la soudaineté de la demande, se laisse entrainer par l’homme qui prend du temps pour se rendre compte que la politesse consisterait également à dire bonjour à la femme qui accompagne Paul. Celle-ci fait un peu la gueule, pas très contente d’être balayée de côté par ce goujat de service qui demande quand même à Paul, après s’être aperçu de sa présence, de la lui présenter.

- Marjolaine, une collègue.

- Enchanté, vous êtes aussi dans la communication ?

Et après quelques secondes d’observation, il ajoute.

- Mais vous devez être plus dure, cela se voit sur votre visage !

Etonnée d’abord puis estimant le jugement stupide, elle éclate de rire.

- Ah, mais cela change tout, vous avez un beau sourire. Et de conduire Paul et Marjolaine vers une femme qu’il interpelle.

- Baronne, laissez-moi vous présenter un ami qui pourrait vous aider.

La Baronne se lève, est présentée à Paul et alors que Marjolaine se présente à son tour, la Baronne est déjà en train de parler avec ces deux messieurs. « Bon, la politesse n’est plus de mode dans l’aristocratie », constate Marjolaine.

Les cartes de visites distribuées, nouvelles poignées de mains échangées et Marjolaine trouve la sienne emprisonnée dans celle du goujat de service qui la garde, plongeant son regard dans le sien en susurrant qu’il faut absolument se revoir bientôt.

« Compte dessus, pauvre con », pense Marjolaine, qui à son tour ne se prive pas de jugement !

18 novembre 2008

L’Andante ( gballand )

Ils roulaient dans la campagne que le soleil de cette fin d’après-midi  éclairait d’une douce lumière ; elle avait toujours préféré la mélancolie qui enveloppait le monde lorsqu’on entendait au loin les chevaux de la nuit. Lui conduisait les deux mains sur le volant, et écoutait presque religieusement l’andante du concerto italien de Bach dont les notes semblaient arracher au paysage ses derniers voiles de lumières.

- Pour quoi tu mets toujours l’andante  ?
- Pour me souvenir.

Une ombre passa sur son visage.

- C’est pour être avec elle ?

Il regardait la route fixement comme s’il avait peur d’écraser un animal qui aurait pu s’égarer sur le bitume.

- C’est bien à elle que tu penses, non ?

L’andante lui avait toujours fait penser à Lise ; ce n’est pas lui qui le lui avait dit, mais elle. La dernière fois qu’elle était allée lui rendre visite dans sa chambre d’hôpital, Lise s’était accrochée à son bras, le visage tourmenté, et elle avait prononcé ces mots étranges.

- L’andante, c’est mon âme, tu comprends ? C’est mon âme qui veut s’échapper du purgatoire !

Elle n’était plus jamais retournée la voir, lui non plus.
Ils roulaient dans la campagne, la nuit tombait et le silence s’était installé. Il avait posé une main sur son genou gauche et elle avait renoncé à lui  poser une autre question ; de toutes façons il ne lui aurait pas répondu. Il ne parlait jamais lorsque la nuit tombait.

Au moment où le paysage fut entièrement drapé de noir, elle comprit que quelque chose en lui était perdue ; ils se séparèrent un mois plus tard.

PS :  texte écrit à partir d’une consigne des “impromptus littéraires”. Il s’agissait d’écrire sur l’andante du concerto italien BWV 971 de Johann Sebastian Bach. Pour l’écouter, au piano, c’est ici.

17 novembre 2008

Le désordre ( gballand )

- C'est pas parce que mon ordre n'est pas ton ordre que c'est du désordre ! Hurla-t-elle avant de claquer la porte de sa chambre. 
De quoi se mêlait-elle, celle-là, à lui imposer son ordre, et le reste ! Elle aurait voulu la voir disparaître, emportée par une vague de haine, mais  son père venait de se marier et il n'allait pas divorcer de si tôt. Elle s'allongea sur le lit, enfouit sa tête sous son oreiller et sanglota à corps perdu. Petit à petit, elle sentit que les battements de son cœur commençaient à s'apaiser et elle put respirer presque normalement.
N'y avait-il pas un pays où les belles-mères étaient interdites de séjour ?

16 novembre 2008

La gélule ( gballand )

Il était dans le train et se laissait bercer par la douceur du compartiment de première quand soudain il se rendit compte qu’il l'avait oubliée ! Le drame ! Sans elle, il ne pourrait pas la supporter 7 heures, impossible ! Comment faire ? Trop tard pour lui téléphoner et se décommander, trop tard pour inventer une excuse que, de toutes façons, elle ne croirait pas car elle avait toujours deviné quand il mentait ! Trop tard ! Il devrait boire ces 420 minutes, non-stop, en tête-à-tête avec elle, jusqu’à la lie !

Il était 10 h 30 et le train arrivait à 10 h 50, elle l’attendrait sûrement à la gare, comme d’habitude ; il avait donc vingt minutes pour se « préparer », vingt minutes pour se raisonner, vingt minutes pour se répéter que tout allait bien se passer avec sa mère, vingt minutes pour se remémorer tous les pièges qu'elle allait lui tendre et dans lesquels il ne devrait pas tomber. Mais merde, comment avait-il pu oublier cette fichue gélule sur la table du salon ! Depuis que son médecin lui avait conseillé ces gélules et qu'il en prenait une, une demi-heure avant chacune de ses rencontres avec sa mère, il avait pu augmenter la fréquence de ses visites : il était passé d’une visite semestrielle à une visite trimestrielle ! Cette gélule était littéralement ex-tra-or-di-naire ; elle lui permettait d'effacer tous les souvenirs qui le liaient à sa mère, et ce, pour une durée de 24 heures !

D'ailleurs, quand il la prenait, c'est tout juste s'il se rappelait que sa mère était sa mère ! Que pouvait-il rêver de mieux ?

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