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Presquevoix...
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23 août 2008

Trop différentes ?

- Un verre d’eau au réveil, 15 minutes de gymnastique, puis une tasse de thé. Le soir, méditation et yoga pendant 30 minutes avec tisane juste avant le coucher, je t’assure, c’est l’élixir jeunesse qui me permettra de tenir le coup avec tout ce stress qui me tombe sans cesse dessus !
- Ouais, et puis l’alcool et la baise, tu mets ça où ?
- euh !
- Je vois, t’as une vie réglo comme une horloge, tu te la joues zen le matin et le soir, par contre, t’es complètement barjo le reste de la journée et tu aimerais que je devienne comme toi mais ça me fait pas envie, ben ça non !
Brigitte regarde ses ongles bien peints, bien carrés et parfaits, elle ne sait quoi répondre. Elle soupire et dans un geste théâtral et bien étudié devant son miroir jusqu’à la perfection, passe la main dans sa chevelure brune et soyeuse. Elle ne comprend pas son amie, mais si elle creuse un peu, elle se demande pourquoi elle continue à la voir ? Bon, elles sont amies d’enfance mais est-ce que le fait de se connaitre depuis la maternelle implique qu’il faut qu’elles continuent à s’aimer et s’apprécier ? Apprécier n’est pas le bon mot car enfin, il faut bien le reconnaître, elles sont devenues trop différentes. Elle lisse sa jupe, enlève une miette de pain qui n’avait rien à y faire, boit une gorgée d’eau et se demande si c’est le bon moment pour rompre une relation de 20 ans…Lisbeth la regarde par en dessous. Elle ne peut s’empêcher d’être vulgaire et provocante avec Brigitte, pourquoi ? Jalousie ? Envie ? Incompatibilité ? Ses ongles rongés, ses cheveux très courts lui donnent un air éternel de garçon manqué et son habillement en jeans et t-shirt sans aucune recherche abonde dans ce sens. Pourquoi sont-elles restées amies alors que tout les sépare ? Pourquoi continuer cette stupide coutume qu’elles avaient mis en place alors qu’elles étaient à la fac et qui les oblige à se voir tous les premiers lundis du mois à midi.
- Et ton boulot, ça va ? questionne Brigitte pour rompre le silence.
- Bof, si les clients étaient plus agréables, je pense que mon travail le serait aussi.
- Je ne comprends pas pourquoi tu persistes dans ce job, avec ton talent, tu pourrais viser plus haut, non ?
- Si viser plus haut c’est me retrouver dans les emmerdes et à lécher les bottes de connards en cravates sans compter que certaines fois, ils n’hésitent pas à te mettre la main aux fesses, je préfère pas !
- Tu le fais exprès d’être de plus en plus vulgaire ?
- Pourquoi ça te plait pas ?
- Non !
Elle l’a crié ce « non », presque hurlé. Les clients aux autres tables se sont retournés. Brigitte rougit.
Lisbeth ricane puis se calme. En fait, elle sait pourquoi elle continue à la voir ; faire sortir sa copine de sa réserve est le principal attrait de ces rencontres, une sorte de jeu malsain quoi. Et Brigitte, pourquoi continue-t-elle à venir ? Parce qu’elle est maso, qu’elle se plait à ce jeu ou simplement trop lâche pour interrompre une amitié qui n’en est plus une ? "Hm ! faudra que je creuse, pense Lisbeth…Bon c’est pas tout mais faut que j’me sauve"
Elle se lève d’un bond, jette son argent sur la table, fait une rapide bise à Brigitte qui n’a pas le temps de réagir et disparait juste avant de lancer "rendez-vous comme d’hab le mois prochain, salut ! "

 

23 août 2008

Miroir Humain

Ce collectif New-yorkais, " Improv everywhere ", met en place des scènes de « chaos » et de « joie »… Regardez sur leur site leur dernière mise en scène « human mirror ». Etonnant regard sur l’Autre, cet « inconnu », et de quoi délier les langues dans le métro…
De l’art  ? En tout cas une  belle façon de faire émerger l’inattendu au quotidien.

22 août 2008

L’enfant

Aujourd'hui, j'ai encore oublié d'être malheureuse.*  Ça m'arrive de plus en plus souvent, est-ce que je dois m'en inquiéter ? Si le malheur est violent, le bonheur l'est d'autant plus, surtout lorsqu'on n'y est plus habitué.
Ce matin, au jardin public, une enfant est venue vers moi, c'est la première fois que je reviens dans un jardin public depuis que Juliette n’est plus là. La petite fille m'a souri et m'a parlé, jusqu'à ce que sa mère arrive, affolée
- Viens ici ! tout de suite ! A-t-elle crié sans même m'adresser un regard, je t'avais bien dit de ne pas t'éloigner.
Est-ce qu’elle croyait que j'allais lui enlever sa fille ? Mon dieu que les adultes sont abjects ! Voilà ce que j'ai pensé, mais je n'ai rien dit et j'ai fait un geste de la main à l'enfant qui partait, traîné par le bras agacé de sa mère. J'ai dû enfiler ma veste, je tremblais de froid, pourtant le soleil était déjà haut dans le ciel.
Je n’aurais jamais dû m'asseoir dans ce jardin, je n’étais pas encore prête. Je me suis souvenue des après-midi passées au parc avec Juliette.  Elle était si mignonne, tout le monde le disait. Dès que je poussais la petite porte à battants, elle s'échappait pour courir jusqu'au bac à sable où elle ne se lassait pas de remplir  ses seaux à l'aide de sa petite pelle.
Ce soir, je suis assise sur le fauteuil  près de la fenêtre  et je regarde la rue derrière les rideaux, comme toujours à la même heure. La nuit commence à tomber, il est 21 heures ; j'aime ces fins d'été où le jour arrive encore à lutter contre la nuit vorace. Est-ce qu'un jour Juliette me pardonnera ? Est-ce qu'elle comprendra que je ne pouvais plus faire face ?

* Cette phrase m’a été gentiment « prêtée » par

21 août 2008

Les mains moites

L’amour me tombe toujours des mains. Peut-être qu’il faudrait tenir l’amour avec des gants mais moi, je l’ai  toujours pris à mains nues et j’ai les mains moites. Enfin, c’est le dernier homme que j’ai aimé qui me l’a dit, parce qu’avant, je ne me rendais même pas compte qu’elles suaient, mes mains.
Lui, il m’avait chanté son amour sur tous les toits : il m’aimait, il m’aimait, il m’aimerait toujours. Et pourtant, maintenant, c’est fini. Il y en a qui disent que n’importe qui peut assassiner, que c’est une question de circonstances*, je veux bien les croire ! La mort ça doit se traiter comme l’amour, avec des gants. Ce n’est pas que j’aie de vilaines mains - elles sont même émouvantes mes mains - le seul problème c’est qu’elles suent, et ceux qui suent finissent par nous faire suer.
Oui, j’aurais dû mettre des gants pour lui parler, même pour le caresser ! Je sais, ça aurait paru bizarre que je le caresse avec des gants… Vous imaginez-vous enfiler des gants avant de faire l’amour avec un homme ? Nue sur lui avec des gants ? Pourtant j’aurais dû. Il ne supportait plus que mes mains suent sur son corps alors qu’on n’en était qu’aux préliminaires ! Je n’ai jamais compris pourquoi, mais à peine je posais mes mains sur lui, qu’elles se mettaient à suer… de fines gouttelettes au départ, mais au fur et à mesure que l’excitation montait c’était comme si j’avais enfilé un gant mouillé à chaque main. Au début, ma sueur l’enivrait, il voulait lécher mes mains, il se mettait même en colère si je lui refusais « cette gâterie », comme il  disait. Et plus il les léchait, plus je sentais son excitation monter. J’en étais même gênée, on aurait dit une bête.
Oui, avec lui, j’aurais  dû tout de suite  mettre des gants, c’est certain, et il serait encore là ! Peu à peu son regard sur mes mains a changé et je voyais parfois du dégoût passer dans ses yeux. Ça ne durait qu’un instant mais c’était là, entre moi et lui. Il a fallu que je me rende à l’évidence : non seulement il ne voulait plus me lécher les mains, mais en plus mes mains commençaient à l’écœurer. Je n’ai jamais pu accepter qu’il y ait un obstacle entre moi et l’homme que j’aime ; c’est pour ça que j’ai fini par acheter des gants. Oh, pas pour lui faire l’amour, non, mais pour mettre fin à son dégoût  ! Je ne sais plus comment j’ai fait ce jour là, mais j’ai bien failli ne pas y arriver, heureusement qu’il était malade, sinon il serait encore en vie…

* phrase tirée d’un livre de Patricia Highsmith

20 août 2008

Caramel le lapin

Silvia reste assise à son bureau, le buste droit, les mains à plat sur le bois du meuble, réchauffé par les rayons de soleil qui passent par la fenêtre entrouverte. Elle ne bouge pas, elle regarde au loin perdue sans ses pensées. Devant elle, l’ordinateur qui a remplacé les cahiers qu’elle choisissait avec soin. L’écran est en veille, il fait beau, des papillons dansent d’un coin à l’autre du jardin qui s’offre par la baie vitrée, la radio diffuse de la musique agrémentée par la voix rauque d’une présentatrice.
Le chat saute sur le bureau et vient frotter son museau à son menton. Elle incline sa tête pour offrir sa joue à la petite langue râpeuse, elle touche le corps souple du petit félin et se décidant, prend l’animal dans ses bras pour enfouir son visage dans le pelage doux. Elle le serre dans un geste de possession et aimerait rester ainsi et tout oublier. Oublier les mots qui refusent de venir, oublier cette inspiration qui lui fait défaut, oublier que ses derniers textes ont été refusés, oublier qu’elle est obligée d’aligner des phrases si elle veut manger ! Elle avait cru ce job facile car elle aimait écrire. Elle écrivait tout le temps, sortait son carnet dans le bus, à la table d’une terrasse, en attendant son tour et c’était devenu une drogue. Ses petites histoires prenaient vie, tantôt drôles et touchantes, tantôt tristes ou même effrayantes. Elle aimait varier, surprendre, étonner. Quand le job lui avait été proposé, elle avait cru nager dans le rêve absolu mais avait déchanté rapidement. « Pas assez percutant, pas intéressant, trop spécial, pas assez littéraire, trop populaire, pas assez novateur, trop intellectuel, etc ». Elle avait tout entendu et son optimiste avait fondu comme neige au soleil. Maintenant son moral était à ras les chaussettes et elle doutait de tout, d’elle, de son talent si elle avait eu un, de son avenir, de ses envies, de sa vie, de tout quoi !
- Maman !
Elle tourne le regard vers sa fille qui s’avance, son doudou à la main, son pouce dans la bouche.
- Quoi mon trésor !
La petite veut se hisser sur les genoux de sa maman et sitôt installée pose sa tête sur la poitrine maternelle.
- Tu me racontes l’histoire de Caramel le lapin, celle où il aimait le chocolat ?
A cette demande, un frisson parcourt Sivia. Cette histoire, elle l’avait inventée quand sa puce avait été hospitalisée, quand elle avait si mal que les calmants ne faisaient aucun effet. Pour lui faire oublier la douleur, elle avait alors inventé toute une série d’histoires, les aventures de Caramel le lapin. Elles les avaient oubliées celles-là, mais elles étaient bien rangées dans un coin de sa mémoire. Et si Caramel allait lui sauver la mise, pourquoi ne pas essayer, ce qui avait plu à sa fille allait peut-être trouver grâce auprès de son rédacteur ?
Elle serre sa fille, la berce un instant et tout doucement commence à raconter pourquoi un lapin aimait le chocolat…

20 août 2008

La Favela, les yeux dans les yeux

J'ai lu, hier, dans le journal Libération qu'un artiste français a " habillé" l'extérieur de la favela de Providência à Rio de Janeiro avec des yeux. Voici le site de cet artiste : www.28millimetres.com
L'art change-t-il le regard des hommes ? Et surtout, peut-il  changer la société ?
Tous ces Yeux de la favela, braqués sur ceux qui la regarderont, sauront-ils faire en sorte que les favelas ne soient plus des zones de "non droit" où la police commet parfois des exactions aussi graves que celles des narcotrafiquants ?
Parce que si, dans les favelas, on vit, comme ailleurs,  on y meurt  beaucoup plus souvent qu'ailleurs

19 août 2008

Deux ou trois choses que je sais d'Elle...

porto

Il faut voir Porto de l’autre côté du fleuve, tout est toujours plus beau de l’autre côté… Il suffit de traverser le Douro, par le pont Don Luis I - construit en 1866 par la société Belge de Willebroeck suivant une technique analogue à celle d’ Eiffel - et de contempler la ville des quais de Gaia.

lello

A Porto, un passage par la Librairie Lello, construite en 1881, s'impose. L’escalier rouge qui mène à l’étage a l’élégance des femmes qui vont au bal. Du premier étage, vous aurez une vue vertigineuse sur la volée de marches  qui se déroule majestueusement vers le sol. Vous pourrez ensuite vous asseoir afin de feuilleter le livre de votre choix. Je me suis quant à moi absorbée dans un livre de citations où j’ai lu cette amusante réflexion  de Mario Silva Brito :

« Cada escritor tem os leitores que merece » ou, traduit en français « Chaque écrivain a les lecteurs qu’il mérite. »

douro
Porto, c’est aussi le cri ininterrompu des mouettes qui s’engouffrent dans la vallée du Douro – où l'on cultive la vigne dont les grappes dorées donneront le vin de Porto - quand le vent souffle les rumeurs de l’océan qui jamais ne se tait.

* toutes ces photos sont de C. V.

18 août 2008

Elles

Elles se voyaient depuis 20 ans, une fois par semaine, pour le thé ; l’une ronde, l’autre maigre, l’une taciturne, l’autre volubile.
- Je suis contre la résistance ! disait souvent l’une.
Quand elle avait dit ça, elle avait tout dit. Un autre dicton ponctuait aussi ses conversations
- Les chiens ne font pas des chats ! 
L’autre avait souvent envie de lui répondre
- Et les chats qu’est-ce qu’ils font  ? - mais elle se contentait de laisser glisser un silence qui ne durait jamais car sa partenaire, insatiable, continuait à enfiler les clichés comme des perles.
Leur conversation se terminait souvent dans la pénombre de ces fins d’après midi d’hiver où les thés fumaient dans les tasses et où le  temps ressasse la vie de ceux qui ne savent plus vivre.

17 août 2008

Il faut bien rentrer un jour…

P8130532En Bretagne - d’où je reviens après 6 jours de vélo – il fait beau plusieurs fois par jour et  le vent y est tel qu'on doit même pédaler dans les descentes pour éviter le sur place ! On comprend que la Bretagne ait eu de nombreux champions cyclistes…
C’est donc le teint halé – autant par le soleil que par le vin du repas du soir - les mollets et les cuisses raffermis, et enrichie d’une citation vue dans un bar breton que je reviens de ces six jours à vélo.
Voici donc cette citation qu’un cafetier de Douarnenez, sans doute un sage, a placé sur le mur derrière le comptoir :
« Si vous n’êtes pas responsable de la gueule que vous avez, vous êtes responsable de la gueule que vous faites. » A méditer pour la rentrée…

* Photos de C. V.

16 août 2008

Un pont, encore un!

divers_printemps__t__08_013

Ce pont n'est pas le pont du Gard, il ne fait pas partie des ponts sur "la route de Madisson" mais il peut tout aussi bien faire rêver.
Petit clin d'oeil à Balthazar...

Note: pont sur le Doubs, dans le Jura suisse

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