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professeur lycee syndicalisme
22 octobre 2023

En- saigner !


Il était devenu enseignant par vocation, mais la vocation ce n’était pas le sacrifice et, lors de l’heure syndicale de 12 h à 13 h. il avait dit à ses collègues.

-          Ouais, dans l’éducation nationale, maintenant, le seul moment où on est remercié, c’est quand on est mort. Espérons que ça ne m’arrivera pas. Je n’ai pas envie de mourir dans le lycée.

Tout le monde s’était tu.

-          Vous n’en avez pas marre de cette absence de reconnaissance ? avait-il insisté.

Il s’en était suivi une conversation où personne n’écoutait personne. Sa collègue qui s’occupait en général de la mise en place des heures syndicales avait conclu en disant.

-          Bon, le truc habituel quoi, on ne s’écoute pas et on répond à côté. Comme tout le monde le sait, je suis syndiquée, militante, et je suis au conseil d’administration, mais à partir d’aujourd’hui, je ne m’occuperai plus du tout des réunions syndicales. Et ce, pour une raison très simple, nous sommes trois pelés trois tondus alors que l’éducation nationale est dans le pétrin depuis Macron et bien avant d’ailleurs, et que nous en sommes au deuxième collègue assassiné dans un établissement depuis trois ans.  A vous de jouer, maintenant. Pour moi qui ai 63 ans, c’est retraite l’année prochaine ! Pour tout vous dire, votre étroitesse d’esprit m’emmerde. Ici, pas de solidarité, c’est sûr, ou si peu. Quant aux grèves des deux dernières années, je préfère ne pas en parler. En tout cas, si l’une ou l'un d’entre vous, syndiqué bien sûr - sinon impossible de faire une demande d’heure syndicale au proviseur - veut me remplacer, je suis prête à lui donner toutes les informations nécessaires car n’oubliez pas que sans syndicats présents dans l’établissement, et sans réunion d’information syndicale  où au  moins 50 % des collègues sont présents,  on se fera marcher sur les pieds par l’administration !

Le collègue qui avait entamé les hostilités rougit imperceptiblement et dit.

-          Myriam je t’apprécie beaucoup, tu le sais, et si tu restes en retrait cette année, je sais que tout va aller à vau l’eau ici. En tout cas, merci pour tout ce que tu as fait et avis aux amateurs. D'ailleurs, je vais  me syndiquer moi-même la semaine prochaine, car c'est vrai que je gueule, je gueule, mais qu'est-ce que je fais d'autre ?

Myriam lui sourit, se leva et partit dans son CDI afin d’ouvrir les portes à 14 heures et d’accueillir les élèves.   

 

PS : prochain texte, jeudi.

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