Ecriture
Afin de dépouiller son écriture de tout ornement, elle supprima les adverbes, les adjectifs, les verbes, les substantifs... jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Et le rien la rendit presque heureuse.
Afin de dépouiller son écriture de tout ornement, elle supprima les adverbes, les adjectifs, les verbes, les substantifs... jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Et le rien la rendit presque heureuse.
Elle se prenait pour une fée et disait à qui voulait l’entendre que ses mots étaient plus forts qu’une baguette magique. Souvent elle tournait sur elle-même, comme un derviche tourneur, et les mots formaient autour d’elle des farandoles de pensées que l’on pouvait saisir au vol. Moi je l'enviais, je n'avais jamais pu dominer les mots.
Aujourd’hui, d'où je suis, je la regarde encore tourner mais elle, elle ne me voit plus. Il faut dire que je suis partie loin, très loin, si loin qu’ aucun être humain ne pourra plus jamais me voir…
PS : photo prêtée par R. B.
Le nez collé à l’aquarium, elle observait son petit poisson rouge, comme tous les soirs. Il était comme elle, tout seul, mais lui paraissait perdu dans sa grande maison d’eau. Sa maman avait dit.
- Je vais lui mettre de l’eau chaude parce que l’hiver approche et que les petits poissons rouges aiment bien avoir chaud l’hiver.
Le lendemain, quand elle voulut voir son petit poisson rouge, elle constata que l’aquarium avait disparu. Bien plus tard, on lui apprit que le petit poisson rouge était mort, mais personne ne lui avait dit de quoi...
La nuit passée, elle avait rêvé qu’elle était enceinte. Enceinte ! À son âge ! Ses rêves ne se moquaient-ils pas d’elle ?
Je me demande comment j’ai pu coucher avec ce type, un moment d’égarement ; certainement un un effet des pilules euphorisantes que je prends depuis 15 jours.
La première fois que je l’ai vu, il était en costume et il présentait plutôt bien : grand, brun, les yeux bleus, et cet air d’effleurer la vie sans vraiment y toucher. Une semaine plus tard, nous nous retrouvions dans une chambre d’hôtel. Quand je suis arrivée, la réceptionniste m’a dit que monsieur était déjà dans la chambre. J’ai frappé à la porte en chuchotant mon prénom et il a ouvert.
En le voyant déguisé en petit chaperon rouge, j’ai failli tourner les talons. Je lui ai juste demandé s’il fallait venir costumée. Il m’a répondu que de toute façon, j’étais déjà déguisée.
Je vous épargne les détails de notre après-midi ; la fête s’est illico transformée en fiasco.
Une heure plus tard, il partait furieux en claquant la porte de la chambre, son costume de petit chaperon rouge sous le bras. Quant à moi, je suis restée allongée sur le lit, aussi inerte que la grand-mère du conte. Mais qu’est-ce qu’il aurait voulu, ce crétin ; que je me transforme en loup ?
Elle avait changé la décoration de son bar et en avait fait l’archétype de la route 66 ; sauf qu’il se situait sur la route départementale 6014 et que sa clientèle était essentiellement composée de poivrots qui ne se déplaçaient pas en Harley Davidson…