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Presquevoix...
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3 juillet 2008

Jugement et stéréotype

Il fait une chaleur à crever dans ce bus bondé. Coincée comme souvent lors des heures de pointe, elle patiente et pousse un « ouf » de soulagement quand son arrêt la libère. Sur le trottoir, elle rajuste son sac sur l’épaule et suit le mouvement de la foule quand un objet lui passe devant le nez. Elle s’arrête et ses yeux tombent sur l’emballage en papier qu’un homme, marchant presque à ses côtés, a lancé dans la haie. Cette façon de polluer par des déchets alors que des poubelles sont à disposition l’agace prodigieusement, elle ne peut s’empêcher de râler. Elle lance à l’homme.
- La rue et la haie ne sont pas des poubelles, pouvez pas jeter vos déchets ailleurs, non ?
L’homme se retourne et la regarde.
- T’as dit quelque chose connasse ?
La moutarde lui monte au nez.
- C’est qui la connasse, c’est moi ?
Il ricane.
- T’en vois d’autres !
- Alors si je fais une remarque sur votre façon de polluer la ville avec vos déchets, je suis une connasse, c’est ça. Mais si tout le monde fait comme vous, vous voyez le bordel ?
Le mec vient vers elle. Il la toise de ses 20 cm de plus qu’elle. Crâne rasé, un gilet noir comme t-shirt, pantalon noir bouffant sur bottes noires à tige haute, il lui envoie son haleine en pleine face. Dans sa robe en lin couleur framboises écrasées, ses talons plats, elle se sent une toute petite chose. Son cœur se met à bondir dans tous les sens comme un animal affolé. Elle a la trouille qui lui serre le ventre.
- Tu vas pas m’emmerder avec tes histoires d’écolo à la con ? lui lance-t-il.
Elle ne sait ce qui lui a pris mais instinctivement, elle n’a pas réfléchi. Elle lui a balancé son genou dans ses parties génitales de toutes ses forces. Le mec s’est plié en deux. Les gens alentour sont restés pétrifiés. Elle a lancé.
- Je suis peut-être une connasse mais vous êtes un pauvre type et j’aime pas votre haleine !
Et aussi dignement que possible, elle a tourné les talons et s’en est allée. Elle n’a pas osé se retourner et s’attendait à tout instant à ce qu’une main la saisisse par l’épaule. Son cœur continuait à battre la chevauchée fantastique quand arrivée chez elle, elle s’est effondrée sur le divan. Elle a mis du temps à se remettre mais finalement, elle était assez fière même si sa croisade pour un papier sale ne valait pas forcément pareille aventure
.

3 juillet 2008

La petite pièce à écriture

blogamu« Avant tu me refusais ton corps, maintenant tu me refuses tes mots. Je ne peux même pas dire que je sois triste. J’entends le bruit des vagues qui se brisent sur la grève… »
- Tu écris ?
Elle lève la tête, surprise de le voir de si bon matin dans « sa pièce à écriture »  ; mais après tout, cette maison est la sienne, c’est lui qui l’a achetée. Elle ne supporte pas qu’il pénètre dans cette pièce dont la fenêtre s’ouvre sur l’océan. S’il reste, son inspiration la quittera, comme à chaque fois.
- Tu m’excuses mais il faut absolument que je termine ça. Une commande !
- Une commande ? Mais personne ne te commande plus rien depuis longtemps !
Elle ne répondra pas à sa provocation, il en sera pour ses frais. Il est vrai que son éditeur ne l’appelle plus depuis longtemps, mais elle a encore quelques petites commandes à droite et à gauche. Elle entend les cris des goélands qui se fondent dans ses mots ; pourquoi ne s’envole- t-elle pas, elle aussi, comme ces goélands qui tournoient au-delà des murets ? Elle devrait partir, mais comment se résoudre à quitter cette fenêtre qui s’ouvre sur l’océan ?
- Alors, elle est de qui cette commande ? Insiste-t-il.
- Un nouvel éditeur.
Elle espère bien qu’avec cette réponse-là, il la laissera tranquille. Elle  sent qu’à cause de lui, elle perd une fois de plus le fil de sa narration ; son écran restera aussi blanc que le sable découvert après que la mer s’est retirée. Pourquoi choisit-il toujours les moments où son monde s’ouvre à l’écriture pour lui parler ?
- Je veux faire l’amour avec toi.
- Hein ?
- Oui, tu m’as bien entendu. Je veux faire l’amour avec toi, maintenant !
Voilà tout ce qu’il a trouvé pour l’arracher à son inspiration. Elle le connaît, à chaque fois qu’elle est dans sa « pièce à écriture » il cherche des prétextes – même les plus improbables – pour qu’elle cesse d’écrire.
- Ecoute, pas maintenant, je n’ai pas envie.
- Tu n’as jamais envie.
- C’est faux. Je dirais plutôt que je n’ai pas envie quand toi, tu as envie.
Maintenant il va repartir l’air contrit, comme d’habitude, et de sa fenêtre elle le verra arpenter la plage pour sa promenade quotidienne vers l’océan. Peut-être qu’un jour il ne reviendra pas, peut-être. Tiens, ça c’est  une idée, elle le tient son nouveau texte, l’histoire d’un homme qui marchera vers l’océan et qui ne reviendra jamais…
- Je me demande pourquoi on vit ensemble, fait-il avant de disparaître.
Elle, elle ne se le demande pas. Ils sont encore ensemble grâce à «  la petite pièce à écriture » qui s’ouvre sur l’océan.

* Photo gentiment prêtée par Mû du  blogamû.

2 juillet 2008

Ma petite chatte noire

Pourquoi suis-je « gaga » devant ma chatte noire ?

Elle vit sa vie, fait ce qu’elle veut, nous prend pour ses portiers car dès qu’elle est sortie elle veut entrer et vice-versa, miaule dès qu’elle a une réclamation à formuler, boude ses croquettes, laisse ses poils partout, se roule dans le gravier puis vient se coucher sur mon lit, me dérange le nuit en s’étendant sur mes pieds, gratte la porte à minuit pour sortir dans la fraîcheur du soir, bref, me prend pour sa boniche !

Et moi ? Moi je continue à l’aimer et à lui passer tous ses caprices ou presque…

J’aime quand elle s’étire à mes pieds quémandant un câlin, j’aime quand elle vient se mettre entre mon clavier et moi, créant parfois des confusions sur l’écran, tout cela pour frotter son petit museau contre ma joue. Le matin, elle attend sagement derrière la fenêtre et me salue dès que je la fait entrer, zigzaguant entre mes jambes en ronronnant. Parfois, elle vient sur mes genoux et les pétrit le tout accompagné d’un miaulement rauque et de yeux langoureux qui me font craquer.

Je l’observe dans le jardin, elle se poste à des endroits stratégiques et réagit différemment selon qui entre. Pourquoi laisse-t-elle pénétrer tel chat et pas tel autre, mystère ? Ou a-t-elle tout simplement ses « têtes » comme moi j’ai les miennes ? On dit souvent qu’il y a un mimétisme entre les animaux et leurs maîtres…je dois avouer que si on me comparait à ma chatte, j’en serais honorée, elle est féline, souple, fine, belle, soyeuse, yeux verts en amande, espiègle, mystérieuse, indépendante, féroce, câline, tendre…bon, faut pas rêver, j’ai encore du chemin à parcourir avant d’y arriver !

2 juillet 2008

Maria Bethânia, « la » voix du Brésil…

Maria Bethânia est l’une des plus grandes voix brésiliennes. Quand elle était petite, à l’école, on lui disait de se taire, parce que sa voix était trop grave… Elle a maintenant plus de 40 ans de carrière et une voix dont le timbre ne s’oublie pas… Ecoutez-là interpréter « Jeito estúpido de te amar » ( cette façon stupide de t’aimer), et même si vous ne comprenez pas le portugais, vous serez surpris par sa façon d’incarner chaque phrase du texte, même la plus anodine. Gilberto Gil  dit de sa voix que c’est « la friction entre le tout et le rien ». Sans doute connaissez-vous le frère de Maria Bethânia, Caetano Veloso, qui interprétait la chanson « Cucurucucu paloma » dans le film « Parle avec elle » de Pedro Almodovar. Sur cette autre vidéo, trouvée sur Youtube, Maria Bethânia interprète deux chansons : la première « Você e eu » ( « toi et moi ») du compositeur brésilien António Carlos Jobim et la deuxième, « Como dizia o poeta » ( « comme le disait le poète »), du poète et chanteur brésilien Vinicius de Morães.

1 juillet 2008

les monstres sous le lit

La petite fille hurle dans la nuit. Pas précipités, portes qui claquent, lumière et enfin des bras réconfortants l’enveloppent. Elle pleure par saccades.
- C’est bon, je suis là mon trésor, calme-toi, chut, tout doux…
L’enfant se calme peu à peu, ses hoquets s’estompent, sa respiration redevient régulière. Sa maman la regarde.
- C’était quoi, un vilain cauchemar ?
La petite acquiesce. La maman reprend.
- Tu veux bien me raconter, qu’on le fasse partir toutes les deux, loin de ta tête et de tes pensées ?
- Il y a un monstre sous mon lit !
- Un monstre ? Hm ! Et comment le sais-tu ?
- Il a voulu me prendre la main.
- Te prendre la main, comment ?
- Je sais pas mais je l’ai senti qui me tirait, j’ai eu si peur
- Ca t’a réveillée…je vois.
La maman se met à genoux, soulève le bas du drap, inspecte sous le lit mais ne voit rien. Elle se relève et reprend sa place sur le lit. Sa fille la regarde.
- Alors ?
- Alors rien ! Pas le moindre monstre à l’horizon.
- Je te jure maman…
- Oui, je sais, il va revenir. Pour l’empêcher de revenir, je ne vois qu’une solution.
- Laquelle ? demande la petite fille.
- Les monstres n’aiment pas les chocolats chauds odorants, cela les fait fuir. Je vais aller t’en préparer un et quand tu l’auras bu, tu seras protégée, c’est aussi simple que ça ! D’accord ?
- D’accord, sourit la petite fille.
- Je reviens, dit la maman avant de s’éclipser vers la cuisine.
Quand elle revient avec la tasse de chocolat chaud, la petite fille s’est endormie. La maman tire le drap, éteint la lumière et s’en retourne boire le breuvage à la cuisine en rêvant à ses cauchemars d’enfants.

 

 

1 juillet 2008

Le chien est l’avenir de l’homme

Plus je connais les humains, plus j'admire les chiens.* Les humains  je peux pas les encadrer, surtout ceux qui se réjouissent de la vie, avec leur bonne conscience poisseuse. Franchement, merde, donnez-moi une raison d’être heureux dans la vie, une seule ? Je bave sur ceux qui me gonflent avec leurs « Mais  ya pire que toi, quand même, regarde en Afrique ! » et j’emmerde ceux qui insistent avec leurs « Et puis toi, tu peux décemment pas te plaindre, t’as un travail ! » C’est vrai que j’ai un travail et qu’est-ce qu’il me rapporte mon travail ? S’ils savaient ce que ce que mon travail me tue. Le matin, quand mon réveil sonne, j’ai qu’une envie, c’est lui mettre un gros coup de poing dans sa gueule farcie de minutes  ! Et quand j’arrive au boulot, ça me démange de défoncer le portrait de mon chef de service qui nous rabâche toujours les mêmes slogans éculés : « Il ne suffit pas de répondre aux demandes des clients, il faut aller au-devant de leurs demandes etc ! » Je me fous de faire du chiffre. Je  vais quand même pas vendre aux gens ce dont ils se contrefoutent !
Le triple imbécile ! A croire qu’il a un compteur de ventes dans le ventre et que ça fait « DRING » à chaque fois qu’il écoule 100 enveloppes pré-affranchies. Je l’emmerde mon chef. Un jour je lui dirai ce que je pense… Mon problème c’est que j’y arrive pas ! Un jour je lui serrerai le cou jusqu’à ce qu’il puisse plus respirer, ce connard ! Et à ce moment-là il se rendra compte que la vie a plus d’importance que ses  putains d’enveloppes pré-affranchies ! S’il était plus là, le monde y gagnerait en humanité, je vous le dis !
Ouais,  j’admire les chiens. Comment ils font pour supporter les hommes, les chiens ? A chaque fois que je vois un chien avec son maître, j’ai envie de me mettre à chialer ! Pauvre chien, une vie  à se traîner un maître qui aboie en permanence. Tiens, au fait, est-ce que j’ai donné à manger à Néron, où il est ce con-là ?
- Néron ! Néron ! Viens voir ton maître, tout de suite !
Mais où il est cet abruti, où est-ce qu’il est parti se foutre ?
- Néron, tu viens  Nom de Dieu !!!
S’il arrive pas en moins de deux je vais lui foutre un de ces coups de pied au cul dont il se souviendra.
- Néron ! Putain de bordel, tu viens oui ou merde !
Il y a des fois où je maudis le jour où j’ai acheté ce chien à la con ! J’aurais mieux fait de me pendre !

* Cette phrase est extraite du Gentleman de velours de Richard Skinner

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