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4 novembre 2009

L’homme aux sacs en plastique (gballand)

Tous les jours il prenait le bus à la même heure. Elle l’avait repéré parce qu’il avait soit un sac en plastique vert, soit un sac en plastique bleu. Le type était bizarre, l’air hagard, le corps décharné, le visage cadavérique et des yeux bleus très brillants.
Une fois, elle s’était retrouvée assise à côté de lui et ses vêtements dégageaient une telle odeur de pourriture qu’elle serait partie s’il n’y avait eu ce sac ; que contenait-il ? Peine perdue, le type l’enserrait de ses deux bras.
Pendant quelques jours, elle ne le vit plus. Elle finit presque par s’en inquiéter ; elle s’était habituée à lui et  à son regard fiévreux. C’est en ouvrant Paris Normandie qu’elle eut la réponse, l’homme aux sacs en plastique avait sa photo à la une, accompagnée du titre suivant : « Il a coupé le corps de sa mère en morceaux. »

PS : texte inspiré par un article de journal portugais envoyé par « Satiry.Kom »

3 novembre 2009

Changer. (MBBS)

Joséphine n’a pas envie d’être gentille aujourd’hui, ni les autres jours à venir d’ailleurs. Elle en a marre d’être la bonne copine, la bonne amie, la collègue idéale, celle à qui on peut tout demander, à tout moment, à la dernière minute, celle sur qui on peut toujours compter, qui se mettra en quatre pour aider, bref, la bécasse de service ! Cela fait un moment que ces sentiments alors inconnus pour sa bonne âme lui trottent dans la tête mais elle les avait mis de côté trop occupée à penser aux autres, à épauler, secourir, dépanner.

Aujourd’hui elle sature, elle fatigue, elle est lasse, elle a une indigestion de bonté, elle veut changer et devenir égoïste, nombriliste, individualiste, ne plus penser qu’à elle et rien qu’à elle.

Cela demande tout un apprentissage, lui a dit sa collègue de bureau, il faut savoir résister à la tentation, faire fi de toutes ses valeurs longuement accumulées tout au long d’années de service pour la bonne cause. L’idéal serait de trouver le juste équilibre entre penser à elle et penser aux autres…oui mais elle sait d’avance que la balance ne sera jamais horizontale. Elle doit s’attaquer à cette entreprise avec les grands moyens et quand elle sera devenue l’antithèse de ce qu’elle est, peut-être trouvera-t-elle enfin l’harmonie ?

Pour débuter, elle décide de n’accorder qu’un service par jour, que ce soit demandé par ses voisins, ses collègues, ses amis, sa famille. Elle ne choisira pas, la première demande ne sera suivie d’aucune autre durant tout le reste de la journée, ce sera aussi simple que cela. Pas besoin de se prendre la tête. En fait c’est si simple, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?

3 novembre 2009

L'épilation (gballand)

Elle lui avait demandé d'épiler son menton où quelques poils blancs poussaient avec vigueur.
- Ah non, je ne suis pas esthéticienne, essaya-t-il de se justifier tout en sachant qu'elle ne lâcherait pas prise facilement.
- Dégonflé, lui rétorqua-t-elle, tu t'es toujours dégonflé pour tout !
Il préféra ne rien répondre. La pince à épiler attendait sagement sur la table de nuit, près du lit aux barreaux en fer. Il la prit et commença son office. Au premier poil, sa main trembla et il saisit un petit bout de peau qui rougit instantanément. Elle ne laissa échapper aucun cri.

2 novembre 2009

Le nain (gballand)

Quand il avait mis le nain doré dans son jardin, près de la petite fontaine où coulait une eau paisible, il ne s’était  pas douté qu’il déclencherait ce raz de marée. D’abord ce fut le coup de téléphone de sa voisine, ensuite celui du maire, puis des appels anonymes  qui ne s’interrompirent que lorsqu’il  retira le nain, la mort dans l’âme. Il ne comprenait pas pourquoi cette  statue de rien du tout avait pu provoquer cette vague de haine…

1 novembre 2009

Une question d'âge ? (MBBS)

Le train arrive en gare et s’arrête dans une symphonie stridente. Marion se bouche les oreilles puis monte dans un compartiment et cherche une place libre, côté lac, pour pourvoir admirer le paysage, vu le temps radieux de cet automne qui n’en finit pas de l’éblouir. Pour un train régional de début d’après-midi, il y a du monde et elle s’assied en face d’une jeune femme qui prend à elle toute seule trois places avec ses multiples sacs. Le train s’ébranle, Marion enlève son manteau et le pose bien plié sur sa droite, lisse sa jupe et croise les jambes. Elle sort son ipod de son sac et cherche l’émission qu’elle a enregistrée.

Quand elle relève la tête, son regard croise celui d’un jeune type, assis trois sièges plus loin qui sourit. L’homme étant un total inconnu, nettement plus jeune qu’elle de surcroit, elle n’imagine pas que ce sourire s’adresse à elle mais par trois fois, il se retourne pour croiser son regard. Il a un beau sourire mais cette marque d’attention la rend mal à l’aise, elle n’a pas l’habitude.

Le train arrive à l’arrêt suivant, sa voisine prend ses affaires et descend, Marion en profite pour changer de place et se mettre dans le sens du train. Le jeune homme longe le couloir, passe à côté d’elle et descend également. Sur le quai, il se retrouve à marcher dans sa direction. Il lui sourit à nouveau à travers la vitre et cette fois, elle répond. Elle ne risque plus rien à être aimable ! Mauvais calcul, l’homme fait demi-tour et remonte dans le train. Le cœur de Marion bondit dans sa poitrine. Pourvu qu’il ne vienne pas s’assoir en face d’elle ! Quelle conne d’avoir répondu à ce sourire mais ouf, l’homme s’assied un rang avant, à l’inverse du sens du train et de façon à pouvoir la regarder bien en face. Pendant tout le trajet, Marion se cache derrière ses lunettes de soleil, regardant ostensiblement le paysage et les écouteurs bien enfoncés dans ses oreilles dans une attitude de rejet de toute tentative d’approche mais les rares fois où elle tourne la tête, il la regarde…et lui sourit.

Ce n’est pas le fait d’être draguée qui la dérange, non, cela est plutôt agréable quand on a son âge, c’est même valorisant, voire plaisant et délicieux pour le moral et l’égo…mais que penser d’un homme qui pourrait être son fils ?

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