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couple
8 septembre 2023

Enigme

A 60 ans, après deux divorces, il avait épousé une femme de vingt ans de moins que lui qui avait toujours vécu seule. « Cela ne va pas durer longtemps ! » avait dit certains mauvais esprits. Pourtant si ! Et à 90 ans, avec ses cheveux teints, il en faisait vingt de moins ; quant à elle, avec ses cheveux blancs, elle en faisait vingt de plus.  La couleur des cheveux était-elle la seule explication de ce  rajeunissement  et de ce vieillissement chez l'un et chez l'autre ?

PS : prochain texte, mardi.

 

28 août 2023

Acteur ?

Sa meilleure amie, Sophie, lui avait fait, la veille, une confession qui l’avait bouleversée.  

-          Tu sais que mon mari est passé d’acteur amateur à « acteur mateur ».

-          Qu’est-ce que tu veux dire ?

-          Eh bien tu te souviens que mon mari adorait le théâtre.

-          Oui.

-          Eh bien il a arrêté ses cours et maintenant il joue dans les salons d’essayage pour dame ?

-          Comment ça ?

-          Eh bien, il agit en deux étapes, Pendant la première, il est voyeur et après il passe à la deuxième étape où il est acteur.

-          Tu veux dire que… enfin… il observe et ensuite il passe sur scène ?

-          Exactement. Tu imagines les petits applaudis-cris aigus du public.

-          Mais comment tu l’as su ?

-          Eh bien, ma mère l’a vu dans sa cabine d’essayage et elle n’en est toujours pas remise.

-          Non !

-          Si.

-          Là, je viens de le foutre à la porte et je lui ai dit que la cabine dont il avait besoin, c’était celle d’un psychiatre !

-          Eh bien… je ne sais pas quoi te dire sinon que j’aurais fait la même chose que toi. C’est quand même dingue !

-          Oui, c’est dingue et il est dingue ! Le mot d’ailleurs est faible. Dix ans de mariage pour en arriver à ça !

-          L’autre est parfois une énigme, tu sais.

-          Je me demande si je ne vais pas faire une retraite. Un petit tête-à-tête avec Dieu me fera le plus grand bien.

-          Tu penses ? mais tu n’as jamais cru en Dieu.

-          Justement, ça va peut-être venir, vu l’état dans lequel je suis. Tu connais le proverbe juif « l’homme pense, Dieu rit. » ?

-          Non.

-          Eh bien si Dieu est capable de rire, c’est qu’il a le sens de l’humour, non ?

-          Euh… peut-être qu’il se moque de nous quand il rit, Dieu, non ?

-          Qui sait ? D’ailleurs il n’aurait pas tort de se foutre de nous. Quand on voit où mon connard de mari en est arrivé.

-          La situation n’est pas simple, je te l’accorde.

-           Bon, je te laisse, j’ai pris un rendez-vous chez un psychologue. L’homme déraille, sa femme consulte. Etonnant, non ?

Et elle vit Sophie partir pour sa première consultation. Elle se dit qu’elle lui demanderait ce qu’elle pensait du psychologue, n’en avait -elle pas besoin elle-même ? L’orage grondait au-dessus de leur couple et des éclairs apparaissaient de temps à autre. Elle espérait juste que son mari ne passerait pas par la casse "acteur-mateur", car lui aussi avait fait du théâtre amateur avec le mari de Sophie.

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

13 décembre 2022

Le couple

Son mari parlait très fort et à l’âge qui était le sien – quatre-vingts ans – sa voix tenait plus de l’aboiement. Pourquoi cette colère gagnait-elle du terrain avec l’âge ? Que s’était-il passé ? Un jour, n’en pouvant plus, elle lui avait dit.

-          Ecoute, c’est insupportable de t’entendre ainsi crier. Je crois qu’il va falloir que je t’achète un collier anti-aboiements. D’abord, à qui parles-tu ? Il n’y a que nous deux ici ?

-          Eh bien, c’est à toi que je parle, mais tu es sourde comme un pot.

-          Si j’étais sourde, je ne t’entendrais pas aboyer, a-t-elle répliqué.

Lui n’a rien répondu. Il évitait toute conversation qui pouvait le conduire sur une voie sans issue. Il s’est juste contenté de reprendre ses mots croisés afin de les achever avant le match de foot. Sa femme, elle, a terminé la conversation en disant.

-          Oui, les chiens aboient, et la caravane passe.

Et elle est repartie dans la cuisine.

 

PS : prochain texte, samedi.

25 mars 2022

La femme du président

Elle lui avait dit qu’à son âge – elle ne donnait jamais son âge exact à quiconque même si tout le monde le connaissait - le seul moment de joie de sa journée, c’était quand il ne lui parlait pas de campagne électorale. Oui, elle en avait marre de ses simagrées, marre de la « start up nation », marre de son obsession des réseaux sociaux où il n’excellait pas - bien au contraire - marre de son maquillage permanent pour conserver sa jeunesse au compteur, marre de son rictus perpétuel en guise de sourire – même dans la chambre à coucher – marre de cette « baraque » appelée l’Elysée où elle marchait pendant des kilomètres et des kilomètres afin de trouver un lieu où se sentir bien, marre de ses matinées chez la coiffeuse et l’esthéticienne – et il y  en avait du travail ! – afin d’avoir l’air présentable. Voilà, elle en avait marre de tout, mais surtout, elle en avait marre de ses cours de coaching avec lui. La veille, excédée par son inattention, elle lui avait dit.

-          Je me demande quelle motivation tu as lorsque tu montes sur scène ? Avec les années, on dirait qu’elle disparaît. Travaille tes enjeux, il faut que le public – les français donc – puissent entrer dans la pièce que tu leur présentes. Voilà le problème à vrai dire, tu n’as aucun propos intéressant et tu ne partages rien avec le public. Conclusion : tu devrais arrêter le théâtre présidentiel pour éviter cet échec qui pointe.

 

Il l’avait regardée étrangement et son rictus habituel s’était figé sur son visage blanc où des lignes de transpiration commençaient à apparaître. Elle lui avait tendu un mouchoir qu’il avait refusé, puis il avait dit d’une voix cérémoniale.

 

-          La guerre a commencé entre nous : celle du silence !

 

Elle ne répondit rien et s’éloigna dans les longs couloirs de solitude de l’Elysée…

 

 PS : prochain texte, mardi.

1 octobre 2016

Maladie ?

Depuis qu’elle était séparée de son mari, ses amies mariées s’ éloignaient d’elle, comme si la séparation était une maladie contagieuse…

13 septembre 2016

Le selfie

20160807_152336Ce couple était adepte  des selfies. Amusée par leur manège, elle a décidé de les suivre. Ils semblaient contents d’eux. Leurs bedons  indiquaient le coup de fourchette solide du couple bien installé.

Quelle que soit la pause, le plus petit avait toujours une main protectrice sur l’épaule du plus grand. Était-ce le mâle dominant ?

C’étaient des marcheurs de l’été, des voyageurs avides de miroirs et ils s’en donnaient à cœur joie. Elle se demandait tout de même – et elle  décela une pointe de méchanceté dans ses propos -  comment ils pouvaient continuer à se prendre en photo après avoir vu le résultat…

 PS : photo prise à Paris

 

8 août 2016

le couple

P1070175 NB

 

Tous les jours, ils faisaient leur numéro sur le "quai des grands vents". C’est ainsi que  Jimmy gagnait sa vie ; un accident  l’empêchait de repartir en mer.

Finalement, il n’y perdait pas grand-chose et le travail était bien moins dangereux. Billie, l’otarie qu’il avait recueillie et éduquée,  était une bonne fille. Il l’avait appelée Billie, en souvenir de Billie Holiday et de sa chanson « All of me » qu’il avait longtemps chantonnée quand son seul et unique amour l'avait abandonné. Au moins Billie, elle,  resterait ; elle avait trop besoin de lui.

Le clou du spectacle c’était quand Billie se dandinait alors qu’il chantait :

« All of me / Why not take all of me / Can't you see / I'm no good without you / Take my lips/ I want to lose them (…) »*

Sacrée Billie ! Certes, elle ne faisait rien sans rien et ça lui coûtait cher en poissons, mais il était sûr qu’entre elle et lui, il y avait autre chose que de l’intérêt. A chaque fois qu' elle clignait de l’œil en battant de ses longs cils elle était impayable. Billie le consolait de toutes ses misères.

Et, quand les touristes applaudissait leur petit duo, il était aussi fier que si Billie avait été sa fille…

 

* photo gentiment prêtée par Sylvie Farges.

 

*Billie Holiday - All of me

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6 septembre 2015

Le vieux couple

Ils s’asseyent l’un en face de l’autre. Elle, ratatinée, 1 m 55 maximum, un visage de  pomme ridée et une silhouette si fluette qu’on pourrait aisément la casser en deux ; lui, beaucoup plus jeune – sans doute son fils -  1 m 70, l’air d’un ours mal léché, le visage bouffi par l’alcool. Il veut commander un demi. Elle hésite un peu. Je vais peut-être commander un porto. Mais il est 11 h 30, c’est un peu tôt. « L’ours » répond : Dépêche-toi !. Et elle se hâte, en fourmi obéissante. Elle opte finalement pour une menthe à l’eau. Le porto ce sera pour plus tard.

 Ils parlent peu, pour quoi faire ? Ils se connaissent sur le bout des doigts ; cinquante ans de vie commune, ça laisse des traces. Elle essaie de lancer un sujet, mais il se lève pour commander quatre jeux -  un astro, un bingo, un solitaire, un cash.

Il revient s’asseoir en face d’elle et le grattage s’avère désastreux. Un putain, fait chier lui échappe à plusieurs reprises. Elle dit qu’il ferait mieux de s’arrêter vu ce que ça donne et il répond par un geste d’énervement.

La télé déverse ses catastrophes, elle sirote son jus, il enfile sa bière, et à midi tapantes, ils partent l’un derrière l’autre, comme un vieux couple qui ne peut plus se quitter.

27 avril 2013

Les yeux-parapluies

PT033091Elle lui avait dit.


- On dirait deux yeux aux corolles ouvertes.
- C’est la minute de poésie ? se contenta-t-il de répondre, d’un ton rogue.


Elle se demandait bien pourquoi il était de mauvaise humeur. Que lui avait-elle fait ? Et pourquoi se sentait-elle toujours responsable de son humeur ?


Elle lui sourit pourtant et ajouta.


- Aujourd’hui, personne ne m’empêchera d’être heureuse, même pas toi ! Et elle accéléra le pas afin de préserver sa fragile bulle de bonheur.


Le visage de son compagnon se crispa légèrement, mais il ne dit rien. Elle ne perdait rien pour attendre…

 

PS : photo prise par C. V. à Venise en novembre 2012.

13 juillet 2012

La publicité

A Carrefour, elle resta longtemps en arrêt devant les téléviseurs, fascinée par les énormes écrans plats. Sur toutes les télés s’affichaient des publicités en cascade avec leurs slogans stéréotypés. Soudain elle dit à son mari.
- Moi aussi je pourrais faire de la pub, non ?
Il eut un regard amusé et  répondit :
- Pour toi, je  vois que deux pubs possibles : la convention-obsèques ou les lessives.
Elle ne répondit rien, mais une fois à la maison elle lui dit.
- Et toi ? Tu sais dans quelle pub je te vois ?
- Non, répondit-il.
- Eh bien aucune, même pas la convention obsèques.
Il voulut lui asséner une remarque mais  se ravisa.
- Tu ne me demandes pas pourquoi ? poursuivit-elle.
- Ça ne m’intéresse pas, décréta-t-il.
Et elle en fut pour ses frais. Jamais il ne voulait connaître ses raisons.

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