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13 septembre 2022

La boulangerie

Son épreuve, chaque jour, c’était aller à la boulangerie. Une purge. Trancher le pain était devenu une mode, et ce jour-là, ce fut pire que les autres. D’habitude il se taisait mais là, impossible. Le type devant lui avait exigé plus que les autres.

-          Une baguette tranchée en dix millimètres s’il vous plaît.

Et la vendeuse s’était mise au travail. Dix millimètres, pourquoi pas cinq ? avait-il dit à voix haute. Le type lui avait répondu, en se retournant.

-          Vous êtes pressé, même à votre âge ?

-          Non, mais franchement, trancher ne suffit pas il faut du 10 millimètres maintenant ? Et vous, vous voudriez  qu’on  vous tranche à combien ?

Il y eut un moment d’effroi dans la boulangerie, mais le type l’ignora, paya et sortit.

Etait-il devenu invivable ? En tout cas, depuis ce jour-là, il n’alla plus à la boulangerie et se contenta de manger des biscottes ou du pain de mie acheté chez l’épicier du coin ou au supermarché.

PS : prochain texte, jeudi.

1 février 2022

La boulangerie

A chaque fois que son mari revenait de la boulangerie, le même mur de lamentations. Au début, elle avait ri aux éclats, elle était bon public, mais cette répétition insatiable des aventures boulangères lui donnait mal à l’estomac, comme un croissant mal maché. Elle lui avait même dit.

-          Si tu veux, j’irai à ta place.

Mais non, il n’avait pas cédé car c’était l’une des rares aventures de sa première année de retraité. En général, l’histoire commençait   par « yen a marre des vieux » et se terminait par « moi, mon fric je le cherche dans la queue ».

Voici la litanie des questions/réponses entre la boulangère, les clients, et les réponses imaginées par son mari :

La boulangère : « Vous la voulez sur plaque ou sur pavé votre baguette ? »

Le ou la cliente : sur plaque, ah non, sur pavé.

L’imagination créative de son mari : je m’en tape !

La boulangère : je vous tranche le pain ou pas ?

L’imagination créative de son mari : allez-y qu’on en finisse. !

Le client : je ne sais pas, mais bon, oui, tranchez-le !

L’imagination créative de son mari : et moi, si je pouvais te le trancher, connard, je le ferais tout de suite.

La cliente : ah, j’oubliais un croissant, enfin non, deux… et un pain au chocolat s’il vous plaît.

L’imagination créative de son mari : Tu sais que tu me fais chier avec ta bible incomplète des achats. Tu devrais être interdite de boulangerie à vie !

Vers la fin de l’histoire, en général, l’exaspération de son mari était à son comble, mais il y avait encore la dernière étape à raconter : le paiement. Hélas les vieux ne sortaient jamais leur porte-monnaie avant que ce ne soit leur tour. Trouver le porte-monnaie et les pièces – les bonnes – était pour eux d’une difficulté phénoménale, mais une obligation. Là, systématiquement, son mari disait.

-          Pourquoi ils ne prennent pas la somme exacte dans leurs mains, les cons, au lieu de faire la queue sans penser à rien et faire chier les autres au moment du paiement !

En général, elle finissait par dire à son mari.

-          « Adieu les cons ». On devrait revoir ce film, tu ne crois pas ? Ou si tu veux, je te l’achète pour ton anniversaire ?

 

PS : prochain texte, vendredi.

 

 

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