Les deux amies
Ce jour-là, je me souviens, Isabelle m’avait dit d'une voix coupante.
- Je t'interdis de lui faire remarquer que je me suis fait couper les cheveux !
Un peu étonnée, je lui en avais demandé la raison. Elle m’avait répondu, agacée, qu'il devrait le découvrir tout seul.
- Mais pourquoi ? avais-je insisté.
Elle avait rétorqué.
- Pour que je sache à quel point il ne me regarde pas !
- Et ça te fait plaisir de le remarquer ?
Enervée, elle m’avait répondu.
- Dis-moi, tu es l’amie de qui, Bernard ou moi ?
- De toi, Isabelle, de toi. Mais ne crois-tu pas que tu en fais trop ?
- Trop de quoi ?
J’avais respiré longuement avant de lui donner la phrase finale, celle qui, sans doute, provoquerait une rupture, la nôtre.
- Eh bien trop de scènes, comme si nous étions au théâtre.
Isabelle ne m’a jamais pardonné cette réponse. C’était il y a 5 ans. Et aujourd’hui encore, quand elle me croise dans une réunion, elle m’ignore. Peu m’importe, d’ailleurs, car je me suis rendue compte qu’Isabelle n’aime qu’une seule personne : elle-même.