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patrick cassagnes
20 mai 2015

Hommage anthume

 

 

Imitation

En passant devant le mur, elle avait freiné et s’était dit : je vais faire du Patrick Cassagnes. Le résultat ne serait sans doute pas à la hauteur de ses espérances, mais ce petit clin d’œil au « maître en décrépitudes » l’amusait.

Devant le mur aux teintes douces, elle avait contemplé les lettres qui s’effaçaient peu à peu. Oui, les branches donnaient l’exacte sensation d’une nature qui reprend ses droits, reléguant  le désir d’emprise  dans la catégorie : « Vanité tout est vanité ».

Elle avait enfermé la photo dans la « boîte magique » et s’était remise en selle sur son fier destrier. Si le résultat n’était pas satisfaisant, elle pourrait toujours revenir sur les lieux du « crime » le lendemain matin, lumière oblige.

 

 

 

29 juin 2013

Maternité

21-08-10 (6)Elle était restée de longues minutes devant le tableau et il l’avait observée, de loin. Lui, les vierges à l’enfant lui donnaient le cafard, et dès qu’il en voyait une, il avait une furieuse envie de lui découper son auréole avec un cutter. Il essaya d’imaginer les sentiments qui animaient cette femme, en vain. Il finit par prendre une photo. L’histoire de celui qui regarde celle qui regarde qui elle-même regarde… ; les mises  en abyme le fascinaient toujours.  

Il allait partir quand il la vit fouiller dans son sac. Oh surprise, elle en exhuma un cutter. Non, elle n’allait tout de même pas… mais si, elle avait vraiment l’intention de…  et le gardien arriva juste à temps. Quant à lui, il prit une photo de ce corps à corps, puis il fila rapidement vers la sortie...

PS : photo prêtée par Patrick Cassagnes

23 juin 2013

Le cheval et l’enfant

Pour le duo suivant, le collage de Patrick a inspiré mon  texte. Ces duos sont tous sur le blog jedouble.

       

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chevalEnfant, il avait eu un cheval. Non, pas un vrai cheval, un cheval imaginaire qui vivait dans sa chambre nuit et jour mais personne ne le savait. C’était leur secret. Dès le matin, le cheval  tendait sa tête vers l’oreiller, l’enfant lui caressait le chanfrein et l’animal manifestait sa joie par un hennissement sonore.


Les parents ne prêtaient que peu d’intérêt  aux histoires de l’enfant; ils n’avaient pas le temps, c’est tout au moins ce qu’ils disaient. Quand les gens demandaient des nouvelles de leur fils, le couple le décrivait comme rêveur et introverti. Le fils ne se plaignait pas de ses parents. Leur inattention lui permettait de vivre de grands voyages avec son compagnon. La nuit ils galopaient ensemble dans des contrées chimériques et le jour, l’enfant se contentait de  flatter l’encolure du cheval couché à ses côtés, près de son lit.


L’enfant avait voulu placarder sur les murs de sa chambre des posters de chevaux. Au départ les parents avaient refusé – il ne fallait pas salir les papiers - mais, lassés devant l’insistance de leur fils, ils avaient fini par accepter. Et l’enfant passait ses mercredis à contempler les chevaux des plaines de Mongolie, des parcs naturels du Wyoming et des prairies de Normandie où il jurait que son cheval avait été élevé. A l’école, il disait à qui voulait l’entendre que son cheval venait du haras du Pin, que c’était un pur-sang et qu’il s’appelait Roméo. Il ajoutait que lui seul pouvait le monter et que tout autre cavalier était mis à terre aussitôt qu’il essayait de se mettre en selle.


Chez Roméo, ce qui lui plaisait, c’était la douceur de son regard sous ses paupières dont les cils paressaient caresser la vie. Roméo avait  toutes les qualités : fier, courageux et rapide ; sans parler de son galop, à nul autre pareil.


Le jour où l’enfant enfourcha Roméo et lui demanda de passer par-dessus le balcon de sa chambre située au deuxième étage de la maison, Roméo ne put s’empêcher de l’en dissuader par des hennissements réprobateurs. L’enfant ne voulut rien entendre.


- Vas-y Roméo, vas-y, criait-t-il de plus en plus fort en enfonçant ses talons dans les flancs de l’animal.


Le cheval hésitait et se cabrait, mais l’enfant refusa de céder et l’animal dut obéir. Quand les parents entendirent les cris ils sortirent affolés de la maison. Leur fils gisait sur le sol. Son corps ressemblait à une marionnette abandonnée et un petit filet de sang s’échappait de sa bouche. Avant de partir pour son dernier voyage, l’enfant murmura comme pour lui-même « Vas-y Roméo ! », puis il ferma les yeux.

PS : petite pause. Prochain texte le mercredi 26 juin, à 7 heures. Bon début de semaine à vous...

9 juin 2013

Le petit chaperon rouge

Pour le duo suivant, le collage de Patrick a inspiré mon  texte. Ces duos sont tous sur le blog jedouble.

 

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patrickIl lui avait demandé.

-  Tu connais l’histoire du petit chaperon rouge qui se promenait dans la forêt argentée que Dieu a brûlée ?

C’était la deuxième fois qu’elle le rencontrait et elle le trouvait étrange, toujours traînant ses sacs en plastique accrochés au guidon d’un vélo rouillé. Elle aurait voulu ne pas s’arrêter, ne pas lui parler, mais la curiosité était plus forte. Il lui fit signe de s’asseoir sur le banc, posa son vélo contre le mur et prit place à côté d’elle.

-  Tu n’as pas peur de moi, hein ?

Elle ne répondit rien et attendit.

-  Tu n’es pas bavarde toi, se contenta-t-il de dire.

Et il commença l’histoire de la forêt argentée, une histoire où il fit intervenir le chaperon rouge et même le Petit Poucet. Elle n’en demandait pas tant, elle qui n’avait jamais connu les histoires que l’on raconte  à l’heure où la nuit dépose ses voiles de soie sur les yeux des enfants. Depuis qu’elle était née, elle avait seulement entendu des voix impatientes qui lui disaient  « Au lit, dépêche-toi ! » ou « Allez, on éteint ! » Mais pouvait-elle  en vouloir à ses parents ?

Cette forêt que l’homme lui racontait, n’était-ce pas la sienne, celle dans laquelle elle se promenait quand elle accompagnait le troupeau de ses rêves au cœur des vallées nocturnes ? Et le long flot des phrases qui racontaient l’incendie n’était-ce pas la brûlure de sa famille ?
Elle ne lui posa qu’une question.

      -   Et Dieu, est-ce qu’il la fera réapparaître la forêt argentée ?
      -   Tout dépend du petit chaperon rouge.

Elle le regarda surprise ; son visage émacié, mangé par une barbe grise, lui parut soudain très sévère et ses yeux  avaient pris la couleur froide des lacs de montagne.

      -  Je ne comprends pas, articula-t-elle.

Il continuait à la fixer comme un dieu exigeant. Soudain il s’empara de l’un de ses sacs en plastique, y plongea la main et en ressortit quelque chose qu’il dissimula immédiatement derrière son dos.

     -  Je vais te montrer quelque chose mais tu n’en parleras à personne, tu me le promets
     -  Promis.

Il lui tendit  l’objet qu’il tenait caché : c’était une perruque dont les cheveux brillaient au soleil.

     -  Voilà ce que doit mettre le petit chaperon rouge pour que la forêt ne disparaisse pas.
     -  C’est pour moi ?
     -  Oui. Mets-là.

Elle hésita un instant, puis enfonça la perruque sur ses cheveux bruns. Elle sentit que toute force l’abandonnait et elle devint comme ces algues marines que la mer ballotte dans ses eaux troubles.

On ne  revit jamais l’enfant, mais les parents firent-ils état de sa disparition ? L’homme, lui, est toujours là. Hier encore je l’ai vu devant le cinéma. Il avait déposé son vélo contre les grilles et il tenait fermement ses sacs en plastique à la main. Je me suis demandée ce qu’ils contenaient…

19 septembre 2011

L’hôtel

L’hôtel
Ils s'étaient arrêtés devant ce qui avait dû être un hôtel et il lui avait dit. - Tu te souviens, la première fois ? Elle avait un instant regardé la maison, le regard absent, puis un vague sourire était apparu sur ses lèvres. - Alors ? Avait-il insisté....
14 mai 2011

La porte

La porte
Cette porte, son mari n’avait jamais voulu l’arranger. « Elle est bien comme elle est » disait-il. Maintenant qu’il était mort, qui allait s’en occuper ? Certainement pas elle, ni sa fille qu’elle ne voyait plus depuis longtemps. Quand elle lui avait...
24 avril 2011

Le dragon

Avez-vous déjà voyagé sur le dos d’un dragon ? Moi oui, en rêve… Si vous voulez commencer le voyage, c’est ici. Le texte est de gballand et le montage de Patrick Cassagnes.
10 avril 2011

Bal masqué

Il y a des bals masqués où l'on préfèrerait ne pas être reconnue… Si vous voulez lire le texte, c’est ici. Le texte est de gballand et le montage de Patrick Cassagnes.
27 mars 2011

Derrière le miroir

Que se passe-t-il une fois qu'on est allé derrière le miroir ? Si vous voulez le savoir, c’est ici. Le texte est de gballand et le montage de Patrick Cassagnes.
20 mars 2011

Rien ne va plus

Quand rien ne va plus, que peut-on faire ? Si vous voulez le savoir, c’est ici. Le texte est de gballand et le montage de Patrick Cassagnes.
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