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7 décembre 2017

Le professeur et l'élève

Elle était au fond de la classe et bavardait avec sa voisine, sans prêter la moindre attention au cours. Le professeur s’est interrompu pour lui demander d’être attentive à l’exercice sur le livre. Elle a répondu.

-          J’ai pas de livre.

Patiemment, le professeur a rétorqué.

-          Très bien. Je le rétro projette et tu te mets au travail.

Une fois le livre rétro projeté, le professeur a remarqué qu’elle continuait ostensiblement à ne rien faire.

-          Tu te mets au travail maintenant ! lui a-t-il répété d’un ton sec.

-          Je peux pas voir, je suis hypermétrope.

Enervé, le professeur a répondu.

-          Toi, tu n’es pas hypermétrope, tu es simplement hyper casse-couilles.

A la fin du cours, l’élève s’est rendu chez le conseiller d’éducation et a demandé à faire un rapport sur le professeur. Une feuille lui a été donnée et elle a tranquillement rédigé son compte-rendu des faits…

6 avril 2017

Le taiseur (2)

A peine entrée en classe, elle crie qu’elle doit sortir pour téléphoner parce que " ça le fait pas là ", on salit sa réputation, « on la traite comme une moins que rien et c'est grave quoi ! ». L’impatience me gagne à mon tour. Je lui demande de sortir et d’arrêter de « gueuler ».  Parfois j'aimerais avoir un "taiseur" spécial prof. D'ailleurs, pourquoi je ne me lancerais pas dans la conception de la "chose". Je pourrais peut-être ensuite recevoir le premier prix de la "cellule d'appui à l'innovation et à l'experimentation du rectorat"...

29 mars 2017

Le présentoir

Il y a une semaine, une élève m’a demandé – discrètement, cela s’entend  – si je n’avais pas une serviette hygiénique. J’ai pris ça pour un compliment, vu mon âge …

Je crois que je vais finir par installer un présentoir au fond de la salle de classe avec mouchoirs – demande numéro 1 – comprimés pour lutter contre les maux de tête - demande numéro 2 – gâteaux – demande numéro 3 – et serviettes hygiéniques – demande numéro 4 – ; le tout gratuit, il va sans dire !

 

22 janvier 2017

Le conte

Son professeur lui avait demandé d’écrire un conte en espagnol mais ni l’inspiration, ni le niveau de langue – pourtant elle en était à sa cinquième année d’espagnol -  n’étaient au rendez-vous. Elle a opté pour le copier-coller et, comme Cendrillon était son héroïne, elle a  tapé « Cenicienta* conte » dans google. Une série de réponses lui ont été données. Elle ne s’est pas donné la peine de faire le tri et la première a fait l’affaire.

Une semaine plus tard, lors du rendu des copies, le professeur l’a assassinée.

-          Des copies très inégales mais une a retenu mon attention, celle dont l’auteur s’essaie au conte pornographique.

Rires  au fond de la classe.

-          Eh oui, le copier-coller c’est sympa mais il faut peut-être essayer de comprendre avant de recopier. N’est-ce pas Leila ?

Leila, abasourdie dans un premier temps,  n’a eu pour seule défense que de répéter en boucle qu’elle n’avait pas copié.

-          Ah bon, pas copié ? Mais quand même, ne me dis pas que c’est toi qui as choisi de dire en espagnol que le prince a « baisé » la princesse et que la princesse « a joui » ?

Rire général dans la classe et Leila est devenue écarlate.

-          Tu auras zéro Leila, ce n’est pas google que je veux noter mais toi.  Et il y aura  peut-être même une colle. A moins que je ne te fasse traduire le conte en respectant le niveau de langue !

Quelques gloussements retentirent dans la classe, puis le cours a  suivi son cours habituel, entre ennui et bavardages plus ou moins discrets…

 *Cenicienta : Cendrillon en espagnol

 

13 octobre 2016

L’élève

Elle lui prend son portable ; depuis le temps qu’elle le voit envoyer des SMS alors qu'il devrait remplir sa fiche. Sans doute n’aurait-elle pas dû. Il se rebiffe immédiatement :  Vous avez pas le droit, ça va pas se passer comme ça ! 

Plutôt que de garder son calme, elle renchérit : ah bon, je n’ai pas le droit ? C’est ce qu’on va voir ! Elle s'est encore laissée prendre au jeu de la provocation, quand apprendra-t-elle à rester "zen" - c'est le mot qu'utilise en permanence son adolescente de  fille -  comme la situation l'exigerait ?

Il la fixe d’un œil noir et ne fournit aucun travail. Elle l'ignore. A la fin du cours, il  s'attarde dans la salle – ce qu’il ne fait jamais d’habitude - et alors qu'elle pensait qu'il allait sortir, il fait volte face et pousse brutalement la porte. Ils sont seuls. Il lui  intime de lui rendre son portable en barrant la porte de son  mètre quatre-vingt-dix. Que faire ?

-          Mon portable, répète-t-il menaçant, vous sortirez pas si j’ai pas mon portable !

Et s’il devenait violent ? Elle a peur mais reste ferme.

-          Vous connaissez le règlement. Le portable doit être éteint en cours.

Il attend en la regardant avec colère puis finit par lâcher méchamment en s'approchant d'elle.

-          Je le nique ton réglement putain de ta mère !

Il part et claque la porte derrière lui. Toute la tension qu’elle avait accumulée se relâche et elle s’effondre sur sa chaise en tremblant.

Quelques minutes plus tard, elle fouille dans son cartable et en sort un « rapport d’incident » qu'elle remplit, lasse. Elle pense à son quotidien, au bruit,  à l’absence de respect, à ce rapport de force constant qui la mine de l’intérieur et elle se demande combien de temps elle pourra tenir, combien de temps…

31 mai 2013

La caissière

A chaque fois qu’elle payait par chèque, la caissière d’Intermarché lui demandait sa carte d’identité. En regardant son lieu de naissance, elle disait toujours : Niamey, c’est où ? Et elle, lui  répondait imperturbablement : En Afrique, au Niger.

La mémoire de la  caissière ressemblait à s’y méprendre à celle de ses élèves : une étendue de sable où la mer effaçait systématiquement toutes  traces qui menaçaient de s’installer.

Mais elle y pensait : et si la caissière était une ancienne élève ?



2 mai 2013

Le quadrupède

Sur son devoir de Mathématiques, l’élève X  avait parlé du « quadrupède » à quatre côtés  ABCD. Le professeur avait préféré en sourire. Il s’était contenté d’inscrire en rouge, sous la figure  en question : est-ce que ce quadrupède ABCD court vite ?

22 avril 2013

Le motif

Comme elle demandait à un élève de seconde son justificatif d’absence pour le cours précédent, celui-ci ouvrit son carnet de correspondance et montra un billet avec juste une signature, sans motif.

- Pas de motif ? s'enquit-elle.

- Ma mère l'a laissé en blanc pour que je le remplisse.

Et l'élève de prendre un stylo et d’écrire : panne de réveil.

31 janvier 2013

La fatigue

Avachie sur la table, la tête dans les mains, elle montrait ostensiblement qu’elle ne voulait rien faire. Fatiguée, disait-elle. Pas malade, non, fatiguée ! Pourtant on était lundi. Visiblement le week-end avait été épuisant. Pour comble de malchance, elle a aussi consulté son portable. C’en était trop. La colle est tombée, impossible de  réfréner cette pulsion.
- Si on a même plus le droit d’être fatiguée, a-t-elle commenté énervée.
Encore une pauvre agnelle qui se plaindra de ne pas être aimée du professeur…


22 janvier 2013

La neige

Les trois quarts ne sont pas venus à cause de la neige sur les trottoirs. Les pauvres choux, c’est vrai, c’est dur de marcher une demi-heure sur des trottoirs mal dégagés, et tout ça  pour quoi ? Pour avoir un cours inintéressant qui les fait bâiller aux corneilles  alors qu’ils peuvent rester dans leur lit douillet, sous leur couette, et consulter leur portable en envoyant des SMS – T où ?  -  sans être embêté par un prof qui ose leur demander de travailler et d’éteindre leur portable. Les parents ont bien raison de bichonner leurs chéris et de les garder dans le cocon de la maison.

Le problème c’est que, quel que soit le temps, l’envie de travailler est rarement au rendez-vous chez un certain nombre de ces charmants adolescents. Le travail –  dont l’étymologie n’est plus à rappeler -  est un mot que l’on devrait proscrire à l’école. Pourquoi ne pas le remplacer par « activité » ou « exercice » ou « jeu », afin d’éviter que les élèves – ceux que l’on doit élever, donc, mais dont l’élévation demande parfois l’intervention d’un chariot élévateur vu le poids de leur inertie – ne voient plus le professeur comme un impitoyable toréador, prêt à fondre sur eux armé de son stylo-banderille, à chaque relâchement dans leurs apprentissages.  

Non, vraiment, l'école ce n’est pas une vie, c’est un système carcéral qui broie ces jeunes pousses et ne leur donne qu’une envie : sécher les cours à la première occasion !



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