Le discours de rentrée
Un bourdonnement permanent couvre la voix du Proviseur, mais il est vrai qu’on connaît déjà la musique. Au programme, les résultats du bac, toujours meilleurs - forcément les évaluations sont de plus en plus bienveillantes - l’accompagnement personnalisé - qui n’est personnalisé que de nom puisque les élèves sont à 30 par classe – les consignes de rentrée du rectorat etc. L’ennui aidant, je me concentre sur les « éléments de langage », c’est tout de même plus drôle.
Ce nouveau Proviseur, avec son faux air d'employé des postes à l'ancienne - costume bleu et ventre proéminent - fait de son mieux pour mettre en application les mots clefs de la « novlangue ». Il « balaie le conducteur », avant d’« impacter » » et « d’élargir le périmètre » sur notre « mission d’éducateur », soudain surgit le « retour sur investissement », suivi des « cohortes d’élèves » qui me terrifient et m’évoquent les troupes d’invasion de Gengis Khan.
Au bout de 40 minutes, le bourdonnement s’accentue et certains professeurs, distraits, auront raté – tant pis pour eux - les plus belles envolées poétiques du discours, avec « les temps repérés de cette journée », " le retard que l'on avait peu à peu pris... pardon, le décalage temporel ". Emue, j’avais presque envie de me lever et d’applaudir.
Une année scolaire qui s’annonce plus mal que la précédente, mais ce n’est pas grave, l’essentiel c’est de participer, non ?