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13 novembre 2022

Les crottes de nez

Elle l’avait traité de L’aye-aye et il lui avait dit.

-          Je n’aime pas l’ail dans la cuisine.

-          Je ne parlais pas de l’ail culinaire, crétin, je parlais du lémurien qui vit à Madagascar et mange ses crottes de nez, comme toi.

Il n’avait rien répondu, avait sorti son téléphone, s’était connecté au grand Google, notre gourou quotidien et, au bout de dix minutes, il lui avait dit.

-          L’absorption de mucus peut empêcher des dépôts de bactéries sur mes dents. Voilà pourquoi je mange mes crottes de nez.

Elle avait observé ce grand gaillard d’une trentaine d’années, supposé être son amoureux depuis huit mois, et elle avait conclu.

-          Je comprends, tu sauves tes dents des bactéries six fois par jour, mais tu dégoutes mon cerveau. Finis, j’en ai marre. Je vais essayer de trouver un non-lémurien, mais d’abord je vais faire une pause. Et tiens, voici une douzaine de mouchoirs en papier pour que tu apprennes à te moucher.

Avant qu’elle ne parte, il avait crié.

-          C’est ça, tire-toi, ça me fera des vacances parce que toi, il n’y a qu’une chose que tu sais faire. Mouchez le nez des mecs !

 

PS : prochain texte, jeudi.

26 octobre 2022

Le presque fou

Il hurlait debout sur le banc en face de l’hôtel de ville.

-  Il nous faut un psychanalyste du monde !

C’est à ce moment-là qu’une vieille dame est arrivée.

- Vous voulez un psychanalyste, me voici.

- Oui, mais un psychanalyste du monde !

Elle l’a regardé un instant puis a ajouté.

-          Impossible, le monde met trop de temps à être psychanalysé.

-          Pourquoi ?

-          Réfléchissez. Mais vous par contre, je peux. Allongez-vous.

-          Moi, m’allonger, a balbutié le type en relevant son pantalon tombé  à ses chevilles.

-          Oui, allez – y.

Ce qu’il a  fait et elle a placé derrière lui son mini siège qui l’accompagnait partout.

-          Je vous écoute.

-          Rien à dire.

-          J’ai le temps. Respirez lentement et détendez-vous.

Cette étrange séance a duré une heure et autour du banc un cercle de gens s’est formé, puis deux, trois, quatre…  et, à la fin de cette heure étonnante, la vieille dame a juste dit.

- On va s’arrêter là, mais vous qui êtes autour de nous, pouvez-vous, après le son que je vous donnerai, mettre en place une multitude de sons qui nous permettront de voyager un temps ensemble à l’intérieur de nous et, lorsque nous serons fatigués, nous laisserons peu à peu entrer le silence en nous, et  puis nous partirons lentement vers l’endroit où nous souhaitons aller. Merci à vous.

C’est ainsi que tous ont fait. Même le presque fou, qui est passé de la position allongée à la position assise, étonné de voir ce cercle d’humains autour du banc.

Et vous, lecteurs, savez-vous où il est allé ? Non ? Eh bien, dans son lit où il s’est endormi comme un bébé pour faire une longue sieste, la plus longue qu’il ait jamais faite. Et, ensuite, il a téléphoné à la dernière survivante de sa famille, sa sœur, et il lui a dit tout simplement : Dix ans ans que nous ne nous sommes pas vus, pourquoi ne pas nous revoir ?

 

PS : prochain texte, lundi.

 

23 octobre 2022

Les coups

Cette fois, elle avait fait fort et elle en était fière. D’habitude, elle donnait un petit coup ici ou là, pour se mettre en forme et pour faire sortir d’elle cette haine du monde. Oui, pourquoi tant de haine jour après jour alors qu'elle n'avait pas trente ans ? Elle se demandait si tout n'avait pas commencé dès l’école primaire. La première fois, quand l’institutrice lui avait demandé d’arrêter de chanter parce qu’elle faisait des fausses notes. Elle lui avait dit exactement.

-          Quand on chante comme toi, on se tait. Tu nous gâches la chanson. Alors lis et ça suffira !

La deuxième fois, quand la même institutrice l’avait mise au piquet parce qu’elle avait coupé une mèche blonde de son amie Marie qui se moquait toujours d’elle. Une mèche, mais c’est quoi une mèche ? Un petit bout d’une touffe, rien de plus, et la touffe de Marie, c’était une très grosse touffe. Elle enviait ses cheveux longs, blonds et épais à l’opposé de ses baguettes de tambour à elle.

Depuis ce temps-là, elle avait détesté l’institutrice et peut-être aussi les femmes, surtout celles qui avaient de longs cheveux blonds.

La semaine dernière, elle avait décidé de s’acheter un fouet au magasin de farces et attrapes et, avec cet instrument, venu d’un autre temps, elle s’était entraînée à donner de petits coups. Elle avait d’abord choisi les murs, les chaises, les tables et, une fois que jambes et mains fonctionnaient bien, elle était sortie avec son fouet. Direction, les rues de la grande ville, et là, elle verrait bien ce qui lui passerait par la tête…

 

PS : prochain texte : mercredi.

18 octobre 2022

Le plan

Quand Marie a téléphoné à Séverine pour lui demander si elle pouvait passer pour bavarder, celle-ci lui a répondu.

-          Oui bien sûr, il est allé voir son plan cul.

Elles habitaient toutes deux dans la même rue, celle des hirondelles.

Marie lui a demandé.

-          Quand tu dis plan cul Séverine, tu veux dire que Mathieu a une maîtresse ?

-          Non, pas une, plusieurs.

-          Et toi ? Rien ?

-          Moi, je me repose. Tu comprends je préfère qu’il ait plusieurs plans cul plutôt que de le supporter tous les soirs. Il est fatigant, sexuellement parlant, et pas que.

Marie s’est étonnée de la réponse de son amie. Jamais elle n’aurait imaginé que Mathieu avait des plans cul. Lui toujours si classe dans son costume bleu avec sa chemise blanche. Mais oui, même les chefs du personnel pouvaient avoir de fréquents plans cul. Mathieu ne lui avait jamais rien proposé, à elle, et heureusement, car il n’est pas simple d’avoir pour amant de mari de sa meilleure amie. Et puis elle, les plans cul, elle les fuyait. Quand elle rentrait du travail – elle était professeur de management et s’occupait de formation pour adultes – elle s’affalait dans son canapé avec une bière et elle allumait la télé.

Une fin d’après-midi, alors qu’elles buvaient ensemble une petite bière, elle avait fini par dire à Séverine.

-          Tu as raison de te reposer. Mieux vaut une bonne bière qu’un plan cul.

-          N’est-ce pas ! avait répondu Séverine en prenant une deuxième bière.

Sauf, qu’un jour, Mathieu a sonné chez elle. Il l’a saluée, aimable comme à son habitude, et lui a demandé.

-          Excuse-moi de sonner chez toi Marie, mais Séverine m’inquiète.

-          Ah bon, pourquoi ?

-          Elle boit beaucoup de bières et…

Marie a souri et a conclu.

-          Tu préfères qu’elle boive de la bière ou qu’elle ait des plans cul ?

Mathieu l’a regardée, interloqué et a fini par dire.

-          Je ne comprends pas.

-          Eh bien parles-en à ta femme et elle t’expliquera. Moi, je ne peux pas, je suis célibataire et les couples, je n’y comprends rien.

-          Justement.

-          Justement quoi ?

-          Je peux rentrer ?

-          Euh, pour quoi faire ?

-          Pour qu’on parle de ce petit problème, lui a-t-il dit en lançant un regard qui lui a presque semblé lubrique.

Mathieu n’a pas insisté. Il l’a tout de même longuement regardé Séverine, puis a dit.

-          Bon, je ne veux pas t’embêter, mais quand même, ce cul qui revient en permanence, ça m’inquiète ; vous cultivez l’absurde toutes les deux, c’est ça ?

-          On cultive le jardin qu’on peut Mathieu. Certains préfèrent les cucurbitacées, d’autres le curcuma ou le curry ; je crois qu’il vaut mieux ne pas être trop curieux du goût des autres, si tu veux mon avis.

Mathieu lui a souhaité une bonne soirée et est reparti, dépité. Le lendemain, Séverine lui a téléphoné pour la remercier.

-          Bravo. Après être allé chez toi, Mathieu s’est couché et n’a même pas mangé. J’ai même pu suivre ma série « En thérapie » en silence. Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais bravo, vraiment. Après le management tu devrais te reconvertir dans le coaching, je t’assure, tu as un don. A demain, si tu veux, car il aura son plan cul.

Séverine lui a souhaité une bonne journée et s’est dit que oui, le coaching, pourquoi pas, parce que le management, elle n’en pouvait plus, vraiment plus ; mais elle s’est aussi dit que Séverine devait filer un mauvais coton et que ces histoires de cul lui montaient à la tête…

PS : pochain texte, dimanche.

14 octobre 2022

L’héritage

Elle avait décidé de léguer son héritage à son chien, le seul qui méritait son bien. Sauf que son notaire lui avait dit que ce n’était pas possible car son chien n’était pas une personne juridique.

-          Et alors ? avait-elle répondu d’un ton agressif.

-          Alors, il ne peut pas détenir de patrimoine financier ou mobilier.

Elle en aurait pleuré. En voyant le mur de silence qu’était devenue sa cliente, le notaire finit par lui dire.

-          Pourquoi ne pas faire un don à une association ?

-          Quelle association ?

-          Je ne sais pas, moi : les petits frères des pauvres, la lutte contre le cancer, SOS femmes battues, SOS amitié...

-          L’amitié, ne m’en parlez surtout pas. ZERO.

Le notaire commençait à en avoir assez de cette cliente qui occupait son espace, son temps et diminuait son chiffre d’affaire.

-          Ecoutez madame. Je suis notaire, pas psychologue. Donc, le mieux pour vous, je crois, c’est d’ouvrir les vannes.

-          Mais c’est quoi maintenant cette histoire de vannes ?

-          Je veux dire parler de tout ce qui vous préoccupe à quelqu’un dont c’est le métier.

Elle observa le notaire et remarqua que ce monsieur en costume avec des chaussures noires et pointues avait un je ne sais quoi de son chien. Peut-être les bajoues ? Ou le nez, un peu aplati, ou peut-être cette façon de regarder avec un œil de cocker. C’est sans doute pour cette raison qu’elle conclut.

-          Merci jeune homme. Je vais réfléchir à la chose et je vous recontacterai. Je trouve que vous avez du chien en vous, on ne vous l’a jamais dit ?

Le notaire ne répondit rien, mais il fit un rapide calcul et se dit que c’était la deuxième cinglée qu’il accueillait en ce jeudi d’octobre. Décidément, le monde allait mal, très mal !

 PS : prochain texte, mardi.

19 septembre 2022

Pourquoi ?

D’une voix douce, dans la chambre où ils se retrouvaient depuis un mois, elle avait dit à l’inconnu.

-          Je voudrais tuer les gens pour les protéger.

Calme et non dénoué d’humour, celui-ci lui avait conseillé  d’aller « rue du pourquoi-pas »

-          Pourquoi ? avait-elle dit.

-          Pourquoi pas ? avait-il répondu

Rue du pourquoi-pas, l’air était raréfié et elle sentit immédiatement des maux de ventre qui l’obligèrent à s’arrêter. Elle observa une suite de maisons toutes aussi sombres les unes que les autres pourtant, des fleurs rouges décoraient les balcons. Etaient-ce elles qui avalaient l’air et le gardaient dans leur pistil ?

Soudain un homme vêtu de noir s’approcha d’elle. Elle le salua poliment. Il lui adressa la parole.

-          Pourquoi avez-vous choisi cette rue ?

-          Désolé monsieur, Je ne peux pas vous répondre car je ne vous connais pas.

-          Vous ne me connaissez pas, mais moi je vous connais depuis longtemps.

-          D’où ?

-          Toutes les vérités ne peuvent être dites. Elles sont si nombreuses !

-          Que risque-t-on à dire une vérité ?

-          On risque de  perdre l’autre, répondit-il, et il plongea ses yeux dans les siens, comme s’il était à la recherche d’un paysage oublié.

-          Pourquoi m’observez-vous ?

-          Je suis de ceux qui observent et parlent peu. Dites-moi, jeune demoiselle, pourquoi ne pas vouloir vous tuer vous-même, plutôt que de tuer les autres ? Moi c’est ce que j’ai fait et voyez le résultat.

Elle le dévisagea attentivement. Ce type était-il fou ou était-ce elle ?

-          Dites-moi quelle vie serait la mienne si moi aussi je me tuais ?

-          Vous auriez une vie sans rêve aucun et vous rentreriez au cœur de l’angoisse de ceux qui sont restés vivants. Certains acceptent qu’on les aide, mais ils sont rares.

-          Et comment les aide-t-on ?

-          En désenvoutant la maison aux volets clos où ils survivent.

-          Croyez-vous que moi aussi je vis dans ce lieu-là ?

-          Bien sûr.

-          Comment vivre ailleurs ?

-          Commencez à voir la plainte qui hante votre cœur et surtout, ne demandez jamais réparation, ce n’est pas possible. Vous devrez accepter ce qui a été et avancer, c’est à cette seule condition que vous pourrez  entrer au pays de vos rêves.

Avant de partir, l’homme lui avait dit en souriant.

-          Essayez, que risquez-vous ?

-          Pourquoi pas ?  fut sa seule réponse. 

Jamais il ne lui reparla mais de temps à autre il l’observait. Quand il comprit qu’elle ne vivait plus dans un écran de fumée et ouvrait ses yeux à la vie, il eut presque eu envie de pleurer, mais lui ne pouvait plus pleurer, il n’était plus vivant.

 

PS  : prochain texte, lundi 26.

 

 

 

 

15 septembre 2022

L’enterrement

Depuis combien d’années  n’était-elle pas allée à un enterrement à l’église ? La cérémonie commença en retard. Elle observa sur l’autel les trois curés – l’un jeune – puis entrèrent les hommes des pompes funèbres et, dans le cercueil, une ancienne collègue qu’elle connaissait assez bien, un peu plus jeune qu’elle.  Devant, des photos d’elle, jeune, moins jeune et encore moins jeune.

On pense à elle, aux autres, à soi, aux morts à venir, à ses enfants à elle - jeunes adultes qui auraient aimé qu’elle connaisse les enfants qui seront les leurs, un jour, peut être – et à son mari.  Pleurs, bien sûr, car même si l’on croit à  l’éternité, même si cela apaise, on préfère de loin la vie et son quotidien de peurs, de joie, d’histoires drôles et moins drôles.

Debout, assis, debout assis, debout, assis, ainsi va le rythme de l’enterrement sous les textes que les curés récitent. Le discours est souvent ennuyeux, même si – en raison d’une vie loin de la religion – on ne le connait pas.  Que de « le seigneur soit avec vous et avec votre esprit », que de « Amen » ou de « Louons le seigneur », des mots qui finiraient par vous endormir s’il n’y avait pas les signes de croix. Et puis le calice et le vin de messe - calice que le jeune curé, débutant, a failli renverser, pauvre garçon – et l’encensoir qui disperse dans l’église une odeur qui vous monte à la gorge jusqu’à croire que vous aussi allez disparaître car votre respiration semble étouffée par l’encens. Puis vous pensez à votre collègue et vous ressuscitez, il était temps.

Vous essayez de vous faire sourire – les pleurs épuisent  – en vous disant que, la seule raison pour laquelle vous souhaiteriez avoir un office catholique à l’heure de votre mort, c’est pour l’encensoir. Le seul moment où vous seriez encensée dans votre existence ! Ne faut-il pas en profiter ?

PS : prochain texte, lundi.

14 août 2022

Mari à louer

Non, elle ne s’était pas trompée, sur l’annonce il était bien écrit : « mari à louer, 50 euros la matinée ou  l’après-midi,  forfait possible pour la journée ou la nuit. ».  Suivait un numéro de téléphone. Après tout, pourquoi pas ? Elle téléphonerait dans l’après-midi.

Au bout du fil, elle entendit une voix de femme qui la prit au dépourvu.

-          C’est pour l’annonce, finit-elle pas dire.

-          Michel ! Michel ! C’est pour toi, s’époumona celle qui devait être sa femme.

Une minute plus tard, une belle voix de basse  dit  « Allô ». Elle  expliqua l’affaire rondement : il lui fallait un homme pour un repas entre collègues, on la croyait mariée,  elle ne pouvait pas les décevoir. La voix, pragmatique, répondit.

-          40 euros pour le déjeuner, 60 pour le dîner.  Pour les faux frais,  20 euros, et si vous avez besoin d’un extra  100 euros.

Elle ne demanda pas ce que recouvraient « les faux frais », quant à l’ « extra » elle n’osa pas y penser. Après avoir noté son adresse, le jour et l’heure du rendez-vous, l’homme ajouta.

-          Si vous optez pour  l’extra, vous ne serez pas déçue. Avant j’étais kiné et jusqu’à présent…

Elle le coupa sèchement en soulignant que sa prestation se limiterait au repas. Seulement, juste après avoir raccroché, elle vit les choses sous un autre angle. Après tout, quel mal y avait-il à ça ? Qui pourrait lui en vouloir ? Surtout que… Et d’ailleurs, que s’était-il passé jusqu’à présent ? Pas grand-chose… en tout cas, sa virginité n’en avait pas été affectée.

 

PS : prochain texte, jeudi.

20 juillet 2022

Pourquoi écrire ?

Pourquoi tu n’écris pas - lui avait-elle demandé – ça te ferait passer le temps et tu serais certainement moins morose.  Bon, évidemment, le risque ce serait que tu rendes aussi les autres moroses, voire, déprimés, mais on n’est pas obligé de te lire, hein ? Surtout si tu écris sur un carnet. Tu te liras toi-même. C’est déjà bien. Ecrire, c’est simple, même sans imagination. Tiens, par exemple, toi qui as peur de donner ton sang, écris sur le sang. Tu trouves une expression ou une citation avec le mot « sang » et top départ. Tiens, en voici deux par exemple :

Citation : « Quand on tue de grands rêves, il coule beaucoup de sang « Milan kundera

Expression :  glacer le sang

Tu préfères quoi ? La première ? Ah, c’est étonnant, je croyais que tu allais choisir la deuxième, mais tu as raison, je ne suis pas à l’intérieur de toi, hein, même si toi, parfois, tu crois que tu devines le fond de mes pensées. Tu dis que mes pensées n’ont pas de fond ? Tu es vraiment très drôle. Ta pseudo connaissance de l’intérieur de mon être me glace le sang. Eh oui, je reprends l’expression que je t’avais proposée. Ça m’aide à exprimer mes idées puisque j’en ai si peu. Et j’ajouterais même que mes grands rêves, avec toi, je les ai un peu tués et c’est pour ça que je préfère écrire. Tu ajoutes que je ne suis pas publiée ? Et alors ? sache que ma mémoire et mes mots sont des outils enrichissants, alors ne pas être publiée, mais je m’en fiche complètement. D’ailleurs, si tu veux, je te lirai moi, alors que toi, je suis sûre que tu ne m’as jamais lue. Ce que j’écris t’emmerde un peu ? Bon, merci c’est sympa de me le dire. Eh bien sache que moi je te lirai même si ce que tu écris m’emmerde, mais à une seule condition : que tu écrives court, très court !

 

PS : prochain texte, mardi.

13 juillet 2022

Le paso doble

scie

Avec cette scie pénétrante, il était entré dans le laboratoire de la désolation. Avec lui l’engin ne fonctionnait pas. Il aurait dû s’en douter. Déjà, il avait eu des difficultés pour la mettre à l’aplomb. Le type chez Brico dépôt lui avait conseillé.

-          Droiture de la scie, comme quand on vise un fusil !

Seulement, non seulement il n’avait jamais tenu de fusil en main, mais il avait un début de cataracte qui l’empêchait d’atteindre cette fameuse droiture indispensable à la mise en fonction de la scie. Conclusion : le corps  résistait.

Bien sûr, me direz-vous, un corps mort ne peut bouger, ce qui facilite les choses. Mais, dans ce cas précis, au moment où il avait saisi la scie, sa main tremblait et il avait regretté l’acte commis, avait pleuré, avait demandé pardon à sa mère, à son père, à ses frères et sœurs et à la terre entière.  

Hélas, impossible de revenir en arrière, impossible d’aller de l’avant et le paso doble entre lui et la scie avait échoué. La scie, taureau de combat imaginaire lui en voulait à mort, c’était certain. Et si cette scie  venait à le pénétrer gravement, comment survivrait-il ?  Il devait cesser de scier et enterrer le corps dans la forêt. Aussitôt dit, aussitôt fait, la pelle avait remplacé la scie et, une fois à l’ombre des arbres, le paso doble reprit sur un rythme presque parfait.

 

PS : prochain texte, mercredi.

 

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