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15 octobre 2009

Les couches (gballand)

Hier, en faisant mes courses au supermarché, j’ai vu des couches pour chien. Depuis le temps que j’attendais ça ! J’en ai acheté un paquet. Il faut dire que je ne supporte plus de ramasser les crottes de Robert  dans ma main gantée de plastique.
Les couches étaient en promotion : 30 euros les 30. Pour une promotion, c’est un peu cher, mais  le pire ce n’est pas le prix, c’est qu’elles ne sont pas ergonomiques. Non seulement j’ai eu du mal à aider Robert à enfiler sa première couche mais je m’en suis tirée avec une morsure. Robert m’a entendue ! Je lui ai dit tout le mal que je pensais de lui et je l’ai enfermé dans sa niche pour l’après-midi. Il méritait bien une sanction.  Quand je l’ai libéré, à 18 heures, il avait l’air heureux de me voir, alors je lui ai mis sa laisse pour faire une petite promenade. L’air était doux et fleurait bon le début d’automne mais la promenade s’est rapidement transformée en cauchemar. Robert n’a pas supporté le regard que les gens portaient sur sa couche et il a tellement tiré que j’ai dû rentrer à la maison au pas de course.
Il y a des jours où je me demande si Robert ne serait pas un peu paranoïaque…

12 octobre 2009

Le cadavre (gballand)

02_10_09__2_On a tous un cadavre qui nous hante. Au début le mien ne pesait pas lourd mais il a grossi avec les mois. Oui, même les cadavres grossissent.
Depuis le mois d’avril, le cimetière est devenu l’annexe de mon appartement. Le matin, je passe un long moment à contempler sa tombe ; après je déjeune le long du fleuve sous un arbre paisible.
Aujourd’hui, je suis resté au cimetière plus longtemps qu’à l’habitude ; une de ces crises de mélancolie dont je suis coutumier. J’avais acheté du pain pour les oiseaux et je les regardais voleter de tombe en tombe pour saisir les miettes que j’essaimais. Ces miettes, c’est ma vie qui s’envole.
Il y a une semaine, je lui ai écrit une lettre que j’ai placée sous le pot de chrysanthèmes jaunes qui orne sa tombe. Toujours pas de réponse. La lettre a pourtant bien disparu dès le lendemain. Je suis sûre qu’elle l’a lue. Si elle préfère le silence, c’est pour me torturer. Elle a toujours été sadique et la mort n’arrange rien. Dans cette lettre, je lui demandais si elle m’en voulait encore de l’avoir tuée…

PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Patrick Cassagnes

4 octobre 2009

La leçon (gballand)

Pagenasle_onÊtre propre et se tenir droit*, tout est là, ce n'est quand même pas difficile ! C'est ce qu'il se répétait encore à 50 ans passés, où qu'il fût et avec qui il fût. Il n'avait jamais  oublié les leçons de son enfance.

Ce jour-là, celui de l'enterrement de sa mère, il était très propre dans son costume sombre et il se tenait bien droit sur le banc de l'église. Il ne manifestait aucune douleur apparente. Il faut dire que cette mort il s'y attendait, et elle aussi : 90 ans, n'est-ce pas un bel âge pour mourir ? Peut-être avait-elle même un peu trop tardé à son gré, mais il n'osait  se l'avouer. A la fin de sa vie elle radotait et somnolait beaucoup ;  il avait dû espacer ses visites à la maison de retraite. Il ne passait  plus qu'une fois par jour et non deux comme au début.

A la sortie de l'église, il eut la surprise de la voir, elle, celle qu'il avait  aimé du temps de ses  20 ans. Elle vint lui présenter ses condoléances derrière Madame Brard, l'ancienne voisine de sa mère. Il eut  l'impression qu'elle  abandonnait sa main dans la sienne pour qu'il la lui pressât, ce qu'il fit, avec chaleur. Il en eut presque honte. Se comportait-on ainsi le jour de l'enterrement de sa mère ?

Il supporta les condoléances avec un stoïcisme bienveillant mais se rendit compte qu'il la guettait du coin de l'œil. Être propre et se tenir droit, se répétait-il pour éloigner de lui un désir qu'il sentait monter de loin... Pouvait-on désirer une femme le jour de l'enterrement de sa mère ? Il recomposa son visage et ne pensa plus qu'à sa mère, une femme de tête, une femme de cœur, une femme comme il n'en existait plus aujourd'hui. Elle lui avait sacrifié sa vie, et lui aussi. Être propre et se tenir droit, oui il avait toujours été honnête envers sa mère et  s'était  interdit des sentiments qu'elle aurait réprouvés. Seulement maintenant, elle était morte.

Il  regarda à nouveau, furtivement, l'amour de ses 20 ans. Elle se tenait en retrait, derrière le petit mausolée de marbre rose que sa mère avait souhaité comme dernière demeure. Elle lui semblait  aussi belle, juste un peu plus ronde qu'alors mais ses rondeurs lui seyaient. Il se serait volontiers laisser envelopper dans la chaleur de sa chair. Quand il l'avait présentée à sa mère, trente ans plus tôt, celle-ci lui avait dit d'une voix qui n'admettait aucune réplique :
- Tu as vu comme elle se tient mal ?  Négligée à 20 ans, repoussante à 50 ! Être propre et se tenir droit, n'oublie jamais ça !

Ils ne s'étaient plus jamais revus.

* extrait de l’enfant, de Jules Vallès. Le texte est illustré par une photo de Patrick Cassagnes.

27 septembre 2009

L’événement (gballand)

Il fallait bien que ça arrive, cette espèce d’imbécile n’avait pas pu se taire. J’étais sûre qu’un jour elle me tirerait dans les pattes, j’en étais sûre. J’en étais là de mes réflexions quand le chef de service m’a téléphoné pour me dire qu’il m’attendait dans son bureau à 12 h 30. Ce type était un sadique, il allait me faire rater mon repas.
A 12 h 30 pile, l’estomac dans les talons, j’ai frappé à sa porte. Une fois à l’intérieur, je l’ai salué la tête haute. « Ne jamais se soumettre », telle est ma devise.
- Madame Durand, a-t-il commencé de sa voix grave, il me semble que nous avons un petit contentieux à régler.
Je dois reconnaître qu’il a un bel organe et qu’il sait en jouer.
- Ah ? Ai-je fait l’air étonnée,   mais ce « Ah » sonnait faux. Quand je pense que je fais du théâtre depuis quatre ans et que je  ne suis même pas capable de faire un « Ah » de circonstance !
- Il paraît que vous auriez dit en parlant de moi : « Grande gueule, petite queue ! »
- Non monsieur, ce n’est pas tout à fait exact, ai-je répondu agacée.
- Ces propos m’ont pourtant été rapportés par une personne de toute confiance.
Je n’ai pu m’empêcher de serrer les poings. Cette vermine de Catherine me le paierait.
- Eh bien pour rétablir l’exacte vérité, monsieur, sous l’effet de la colère j’ai dit : « Grande gueule, petite bite ! »
Il m’a regardé l’air ahuri et j’ai failli rougir. J’aurais mieux fait de me taire et de laisser ma manie du détail à la porte.
- Vous êtes certainement une fine psychologue madame Durand et j’imagine que vous m’avez longuement observé pour tirer ces conclusions, mais je m’étonne un peu de ce raccourci.
J’ai scruté le bout de mes chaussures, gênée, puis je l’ai regardé : « Ne jamais se soumettre », telle est ma devise ! Son visage ne laissait  paraître aucune colère et je n’ai absolument pas vu venir la catastrophe. Seulement une minute plus tard, il se ruait sur moi, me maîtrisait en deux secondes - l’abruti devait faire du sport de combat - et me ligotait sur la chaise avant que j’aie pu dire ouf ! Ensuite, il s’est placé juste devant moi et il a commencé à enlever son pantalon tout en hurlant :
- Et maintenant tu vas voir ce que tu vas voir espèce de connasse !

PS : texte écrit dans le cadres de l’atelier des « impromptus littéraires ».

24 septembre 2009

L’entrepôt (gballand)

Ses doigts effilés aux ongles soignés caressaient distraitement sa tête. Elle aimait bien son poil court et ras. Lui, il ronronnait en regardant la télévision. Elle pensait que le lendemain c’était le jour des commandes et qu’elle se retrouverait seule avec Manuel dans l’entrepôt. Elle aimait bien penser à ça en lui caressant la tête.  Elle mettrait son pantalon noir moulant, son bustier rouge et elle soulignerait ses yeux de mascara ; finie l’indifférence feinte. Demain, elle pourrait enfin cueillir à pleines mains le fruit de son désir et presser sa jeune sève.
Patrick Sébastien cracha sa dernière fadaise sur la 2 et il fit mine de lever la tête de ses genoux. Elle lui donna une tape pour qu’il ne bouge plus. Il ne fallait pas qu’il change de position, c’était tellement agréable de penser à Manuel pendant qu’elle lui caressait la tête. Elle se demandait quel âge avait Manuel, 25 ans peut-être ? Ou plus ? Elle imaginait déjà son sexe affamé… ça la changerait de son ordinaire. Son mari essaya de  dégager sa tête de l’emprise de sa main, mais elle lui intima à nouveau de rester. Il grogna juste :
- Il faut que j’aille au lit, demain je dois être à l’atelier à cinq heures.
Elle le regarda d’une drôle de façon, comme si elle était étonnée qu’il puisse faire usage de la parole. Décidément, il gâchait toujours tout.

21 septembre 2009

L’inscription (gballand)

Avant hier, j’ai passé la nuit chez mon amant, mon mari  était en week-end chez sa mère. C’est moi qui l’ai  poussé à partir :
- Tu te rends compte que tu ne l’as pas vue depuis 6 mois ? Lui ai-je dit avec des trémolos dans la voix.
Il s’est laissé convaincre et je suis allée illico chez mon amant. Dès que je suis arrivée chez lui, il m’a déshabillée ; mon amant est un homme pressé. Le temps, c’est du sexe, se plaît-il à me répéter. Nous faisions l’amour dans sa position préférée – je préfère passer sous silence certains détails intimes – lorsque j’ai senti quelque chose qui me piquait la fesse droite. Je lui ai demandé ce que c’était et il m’a répondu en riant « rien du tout, ne t’en fais pas ! », et puis tout ça m’est sorti de la tête.
Hier, mon mari est rentré de chez sa mère avec une tête d’enterrement ; sa mère est une dépressive chronique qui s’angoisse de s’angoisser ; d’ailleurs il dit toujours « Elle finira par me mettre dans le trou ! »
Comme il m’a demandé ce que j’avais fait la veille, je lui ai dit naturellement :
- Du repassage en regardant la télévision.
Le soir, nous avons fait l’amour dans sa position préférée et au moment où il commençait à pousser de petits sons gutturaux, comme à son habitude, il s’est exclamé atterré :
- C’est quoi cette inscription sur ta fesse droite ?
- Hein ? ai-je répondu affolée, … ben rien, enfin je sais pas, une idée stupide.
M’est revenu tout à coup ce qui s’était passé la veille chez mon amant.
- Ça m’étonnerait que tu te sois marquée ça toute seule !
- Et pourquoi pas ? ai-je rétorqué agressive.
- Parce que c’est écrit « Au con qui le lira… »

PS : texte inspiré par une brève lue sur le site une vie de merde  Aujourd’hui, pendant mon sommeil, mon amant a écrit au marqueur un message pour mon mari sur ma fesse droite

16 septembre 2009

Une contrée imaginaire (gballand)

Quand le prince au turban bleu m’avait dit « Viens voir ma contrée imaginaire », j’étais à un âge où l’on croit encore que les princes ne veulent que le bien des princesses. Il faut toujours se méfier des princes qui avancent masqués.
La première fois que nous avons voyagé dans sa contrée imaginaire, les feuillages laissaient passer des trouées de lumière et les fleurs
toutes plus étranges les unes que les autres - contemplaient la surface d’eaux claires et profondes. La deuxième fois, nous nous sommes baignés nus dans les eaux limpides d’une rivière où le soleil faisait briller des myriades d’étoiles et j’ai vu le septième ciel, celui dont on m’avait tant parlé et que je ne connaissais pas.
Une fois devenue princesse, j’ai commencé à comprendre que sa contrée imaginaire ne serait jamais la mienne. Jour après jour le Prince grignotait le pistil de mon cœur et la corolle de mon âme se perdait  dans des vallées obscures.  Nous nous baignions encore nus dans les rivières, mais les eaux étaient devenues sombres et le feuillage des arbres ne laissait plus passer de lumière.
Quand j’ai voulu partir de son royaume, il était trop tard, son imaginaire avait  refermé sur moi sa prison de pétales.

PS : Texte écrit à partir d’une consigne des « impromptus littéraires »

15 septembre 2009

Le genou (gballand)

P8210065Ce que je préférais chez lui, c’était son genou gauche. Vous me direz certainement qu’il n’a rien d’exceptionnel et je vous répondrai que c’est pour ça que je l’aimais. Pourquoi devrait-on forcément aimer des genoux d’exception ?
La première fois que j’ai vu son genou, c’était en 2000, à la terrasse d’un café. Mes yeux s’étaient attardés sur lui, par ennui, et ils n’avaient pu s’en détacher. Il faut dire qu’à l’époque, j’allais mal, si mal que je pouvais fixer les choses et les gens pendant de longues minutes sans m’en rendre compte. Le propriétaire du genou était venu me voir à ma table, gêné par mon regard :
- Qu’est-ce qui ne va pas ? M’avait-il demandé.
Je l’avais regardé surprise et il avait continué.
- Oui, vous fixez mon genou depuis tout à l’heure.
- Ah, ça ? Avais-je dit machinalement. Mon regard vous gêne ?
Il m’avait répondu que non, bien au contraire, mais qu’il n’avait pas l’habitude. Il avait fini par s’asseoir à ma table et nous avions parlé de tout et de rien. Dix minutes plus tard je lui mettais la main sur son genou gauche et l’après-midi même nous étions à l’hôtel de la gare, ses genoux cherchant les miens dans un ballet fougueux. Nous sommes restés un an ensemble. Une longue année à regarder son genou, et puis je me suis lassée, on se lasse de tout.
Depuis lors, j’ai cherché en vain un genou comme le sien mais je n’en ai jamais retrouvé.

PS : texte écrit à partir de cette photo de C. V.

13 septembre 2009

Le cadeau (gballand)

Ma journée avait été infernale, deux rendez-vous non prévus, trois prévus, un entretien avec le Directeur- produit, un rapport à rendre le lendemain et j’en passe. C’est une fois dans la voiture, à 19 h, que je me suis rendu compte que c’était l’anniversaire de ma femme et qu’il me fallait un cadeau de toute urgence. Je me suis arrêté au premier drugstore venu, mais il n’y avait  rien, j’en étais pour mes frais, elle allait me regarder en chien de faïence toute la soirée et elle conclurait par sa tirade habituelle : j'ai  toujours été la cinquième roue du carrosse.
Dès que j’ai eu passé le seuil de la maison, j’ai joué mon va-tout et je lui ai dit :
- Pour ton anniversaire, j’ai choisi de t’emmener au restaurant, tu sais celui très chic, sur les quais.
Elle m’a  répondu tranquillement que si c’était à cause du cadeau, ce n’était pas grave, qu’elle se l’était acheté elle-même car elle prévoyait le coup.
- Ah bon,  lui ai-je demandé étonné,  et c’est quoi ?
- Surprise, m’a-t-elle répondu. Il faut juste que tu ailles chez Boucheron pour payer la facture et prendre la bague.

Résultat : 1690 euros à payer en une fois. Bon anniversaire ma chérie.

11 septembre 2009

Le coup de téléphone (gballand)

Aujourd’hui, j’ai appelé un ami à son bureau. Cela faisait un an que je devais lui téléphoner et que je remettais toujours au lendemain.
- Pourriez-vous me passer Arthur D. s’il vous plaît ? ai-je demandé au standard.
La fille  a hésité un instant puis a fini par dire :
- Il est mort.
Elle m’aurait planté un poignard en plein cœur que ce n’aurait pas été pire.
- Mort, ai-je répété comme un idiot, mais ce n’est pas possible !
- Oui, mort et on l’a même incinéré il y a une semaine, a-t-elle cru bon d’ajouter.
J’ai bêtement répondu « merci » et puis j’ai raccroché. Ensuite je me suis morigéné intérieurement, mais pourquoi avais-je attendu si longtemps pour  appeler Arthur ? J’ai passé ma journée à me morfondre et puis avant de m’endormir, je me suis souvenu de la raison de mon silence : non seulement il avait flirté avec ma femme lors de notre dernier repas chez lui, mais il m’avait traité d’enculé.
Oui, dans la vie, tout se paie ! Et je me suis endormi paisiblement.

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